Madame Scarron prouve encore ici, ne fût-ce que par l’absence de toute expression de gratitude, qu’elle ne craint rien tant que le soupçon d’une secrète intelligence avec le roi. […] Le roi, ou pour apaiser la favorite, ou pour la tromper, ou parce qu’il se persuadait qu’en effet cette glorieuse s’enorgueillissait de sa faveur, peut-être aussi par un peu de disposition prendre de l’humeur contre une résistance obstinée à des avances Qu’aucune autre femme n’avait jusque-là rebutées, se laissait aller à une légère bouderie, à l’expression d’un léger mécontentement. […] Voici ses expressions : « Le roi étant entré chez son fils, la trouva seule (madame Scarron) avec le duc, qui avait la fièvre et qu’elle soutenait d’une main, mademoiselle de Nantes qu’elle berçait de l’autre, et le comte de Vexin qui dormait sur ses genoux.
Mais, la génération suivante s’en aperçut : au milieu de ces bibliothécaires qui bannissaient du vers souplesse et spontanéité, qui chassaient de la strophe tout ce qui est vie et poésie, qui s’imaginaient que l’expression nuit à la beauté et qui parlaient, sans même vouloir une alliance de mots hardie, de poésie savante ! […] Cette dissonance de forme est peut-être l’expression nécessaire d’une pensée étrangement subtile, ou de je ne sais quel sentiment bizarrement pervers, ou encore de quelque imagination funambulesque, de quelque fantaisie extraordinaire. […] Il affirme avec raison : « Je m’en tins à l’expression de mes sentiments intimes, de mes pensées, même des idées abstraites, ce qui a été, je l’avoue, mon écueil. » Qu’y a-t-il là de contraire aux tendances parnassiennes ?
Noter que l’expression française, avec ses trois mots, est plus courte que l’unique mot grec. […] Brissaud, Expressions populaires). […] Le Professeur Brissaud, Histoire des expressions populaires relatives à la médecine (1888), livre fort intéressant et qui m’a été des plus utiles pour ce chapitre sur le grec médical.
L’expression, la draperie, le caractère de tête et toute la manière de celle-là est du Poussin ; celle-ci est aussi fort belle. […] Quelle force d’expression ! […] La seule expression vraie qu’il puisse avoir est celle d’un homme qui sort d’un sommeil profond ou d’une longue défaillance.
Pour lui le premier mérite et le plus indispensable dans tout écrivain, est celui des pensées : la poésie ajoute à ce mérite celui de la difficulté vaincue dans l’expression ; mais ce second mérite, très estimable quand il se joint au premier, n’est plus qu’un effort puéril dès qu’il est prodigué en pure perte et sur des objets futiles. […] Il se contente presque dans celle-ci d’un style coulant et naturel, qui n’ait rien de bas ni de choquant ; il exige de plus dans les vers une expression noble et choisie sans être recherchée, une harmonie facile, et où la contrainte ne se fasse point sentir ; il veut enfin que le poète soit précis sans être décharné, naturel et aisé sans être froid et lâche, vif et serré sans être obscur. […] Dans Racine au contraire, toute négligence serait un défaut ; et cependant l’exactitude et l’élégance continue de ce grand poète, deviennent à la longue un peu fatigantes par l’uniformité ; il a, selon l’expression d’un homme de beaucoup d’esprit, la monotonie de la perfection.