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958. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

Il faisait de l’histoire naturelle, mais pas uniquement, comme il l’assurait, celle des esprits. […] M. Esprit a disparu de la note. […] c’est une mauvaise situation, quand les mœurs restent les mêmes, l’esprit étant autrement convaincu. […] Pour les y faire entrer, l’industrie et l’esprit ne lui manqueront pas, mais il lui faudra de l’esprit et de l’industrie. […] Le christianisme est aussi tradition, puisqu’il est esprit.

959. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Et que d’esprit ! […] Le mot d’étourderie, dans la langue actuelle, porte à notre esprit l’idée d’une extrême vivacité d’esprit, compliquée de beaucoup d’inattention. […] J’avoue que je n’ai pas l’esprit aussi détaché que vous. […] Tartuffe, qui est un homme d’esprit ne s’y frotterait pas. […] Mais il sauve tout, à force d’esprit et de grâce.

960. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — I. » pp. 431-451

D’Auguste à Trajan, Gibbon a trouvé la forme d’empire à laquelle sa raison et ses instincts d’esprit le rattachent le plus naturellement. […] Gibbon se pique de prouver que l’érudition bien comprise n’est pas une simple affaire de mémoire, et que toutes les facultés de l’esprit n’ont qu’à gagner à l’étude de l’ancienne littérature. […] En un mot, on trouve partout dans cet Essai l’avant-goût de cet esprit de critique qui sera tout l’opposé de la méthode roide et tranchante d’un Mably. […] D’esprit proprement dit, d’esprit avec trait et jet (wit), il n’en a aucun. […] Il y court après l’esprit ; il s’y guinde.

961. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Une Réception Académique en 1694, d’après Dangeau (tome V) » pp. 333-350

Pour nous, c’est son esprit fin et railleur qui nous touche et nous atteint uniquement61. […] Tertullien surtout avait faveur dans l’esprit du prélat, et au jugement des auditeurs, ce lui était une marque de plus de mauvais goût. […] Mettez-y les airs et les accents, et vous avez le morceau le plus nettement français ; tout y pétille d’esprit et d’impertinence. […] Le roi prit mal cette espièglerie d’un homme d’esprit dans un personnage public. […] répondit-il en souriant, j’espère que Votre Majesté m’y logera une autre fois, car pour celle-ci, je ne suis qu’aux faubourgs. » On voit que ce n’était pas précisément d’esprit ni de trait que manquait M. de Noyon ; mais son trait d’esprit partait encore de sa vanité, de sa plénitude.

962. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — I » pp. 249-267

Je suppose encore une fois que ces esprits, ces cerveaux, ne sont pas de ceux que tant d’étude surcharge et accable, mais de ceux qu’elle excite et qu’elle nourrit. […] Il faut avant tout respecter les formes de l’esprit chez les critiques comme chez les poètes. […] Si inventeur que soit un esprit, il n’invente guère ; ses idées sont celles de son temps, et ce que son génie original y change ou ajoute est peu de chose. […] Les formules générales n’attestent qu’une vue et un vœu de certains esprits ; il est mieux d’en être sobre et de ne les faire intervenir qu’à la dernière extrémité, car, trop fréquentes et présentées à tout moment, elles offusquent et elles écrasent. […] Taine a le bonheur d’être savant, et ce qui est mieux, d’avoir l’instrument, l’esprit scientifique joint au talent littéraire ; tout s’enchaîne dans son esprit, dans ses idées ; ses opinions se tiennent étroitement et se lient : on ne lui demande pas de supprimer la chaîne, mais de l’accuser moins, de n’en pas montrer trop à nu les anneaux, de ne pas trop les rapprocher, et, là où dans l’état actuel de l’étude il y a lacune, de ne pas les forger prématurément.

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