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245. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Alexis Piron »

Piron, à qui tout sujet était bon, vécut d’abord là-dessus et broda le thème en cent et une façons qui pourront paraître des plus plaisantes en effet, pour peu que l’on se prête à la circonstance et que l’on consente à entrer dans le jeu. […] Un matin donc, Piron se présente chez l’abbé ; celui-ci, en le voyant entrer : « Quoi ! […] Il faut faire entrer dans notre être tous les modes imaginables, ouvrir toutes les portes de son âme à toutes les sciences et à tous les sentiments ; pourvu que tout cela n’entre pas pêle-mêle, il y a place pour tout le monde. […] Sa tête était trop remplie de ses propres saillies et de ses jeux de mots pour y laisser entrer autre chose. […] L’abbé de Voisenon disait à ce propos : « Si dans l’autre monde on se connaît en vers, cet ouvrage pourra l’empêcher d’entrer dans le Ciel, comme son Ode l’a empêché d’entrer à l’Académie. » Piron s’était moqué dans le temps de Gresset chantant la palinodie ; arrivé au même point, et à l’heure où le moral tourne, il la chanta de même.

246. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Ma biographie »

Je suivais avec la pension les classes du collège Charlemagne ; quoique ayant fait ma rhétorique en province, j’entrai en troisième sous M.  […] J’y entrai et y restai jusqu’en 1834, y ayant rendu quelques services qui ne furent pas toujours très bien reconnus. […] Revenu à Paris en septembre 1849, j’entrai presque aussitôt au Constitutionnel sur l’invitation de M.  […] Venu à Paris en septembre 1818, entré à l’institution de M.  […] Il entrait sous ce chaume, et son humble présence Mettait à chaque accent toute sa bienfaisance.

247. (1860) Cours familier de littérature. IX « XLIXe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier » pp. 6-80

VII Ce jour-là, j’entrai dans le salon de la duchesse de Devonshire sans avoir été annoncé : je la croyais seule ; une femme inconnue était debout à côté d’elle, le bras appuyé sur la tablette de la cheminée et chauffant ses petits pieds transis au brasier à demi éteint dans l’âtre. […] Madame Récamier ne négligea aucune de ses séductions cordiales et caressantes pour plaire à ma mère ; quant à ma mère, elle était la séduction personnifiée ; elle entrait naturellement comme une lumière dans les yeux, comme une musique dans l’oreille, comme une persuasion dans le cœur. […] Nous entrâmes ; un officieux ami de la maîtresse de maison fendit la foule de l’antichambre et aida ma mère et ma sœur émues à parvenir, au milieu d’un murmure flatteur, jusqu’aux siéges du second salon. […] Le lendemain, baignée de larmes, je venais de franchir la porte que je me souvenais à peine d’avoir vue s’ouvrir pour me laisser entrer ; je me trouvai dans une voiture avec ma tante, et nous partîmes pour Paris. — Je quitte à regret une époque si calme et si pure pour entrer dans celle des agitations ; elle me revient quelquefois comme dans un vague et doux rêve, avec ses nuages d’encens, ses cérémonies infinies, ses processions dans les jardins, ses chants et ses fleurs. […] M. de Calonne, qui protégeait la mère, fit sans doute placer la fille de manière à attirer les regards de la cour. — Le roi et la reine en furent, en effet, si ravis qu’ils firent entrer, après le dîner, l’enfant dans les appartements intérieurs pour l’admirer de plus près.

248. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1860 » pp. 303-358

Bouilhet était en train de veiller son ami, quand il voit la Sœur entrer, s’agenouiller au pied du lit, dire une prière qui dura un grand quart d’heure — et tout cela sans faire plus d’attention à lui, que s’il n’était pas là. […] Il y a une interruption d’audience, où tout le monde se rapproche ; l’huissier offre une prise au prévenu ; les témoins, le brigadier de gendarmerie, le public, le greffier entrent dans le prétoire et se mêlent au groupe. […] Moi je n’ai peur que de ce passage du moment, où mon moi entrera dans la nuit, où je perdrai la conscience d’avoir été… — Il y a cependant un grand horloger, balbutie timidement Claudin. — Ah ! […] La porte du fond parfois s’ouvre, et des femmes entrent, marchent avec des pas de revenants, et s’asseyent. […] Quand nous entrons dans la salle des femmes, devant cette table, sur laquelle sont posés un paquet de charpie, des pelotes de bandes, une montagne d’éponges, il se fait en nous un petit trouble qui nous met le cœur mal à l’aise.

249. (1857) Cours familier de littérature. III « XIIIe entretien. Racine. — Athalie » pp. 5-80

Trois de ses tantes, entraînées par la contagion de l’exemple, entrèrent dans leur ordre religieux, s’y distinguèrent par leur zèle et y persévérèrent jusqu’à la mort. […] Après de premières études classiques et sévères faites à la Ferté-Milon, sous la direction de son tuteur, le crédit de ses tantes religieuses au monastère de Port-Royal, près Paris, le fit entrer au nombre des disciples de cette savante et sainte maison. […] Cet oncle, chanoine et grand vicaire d’Uzès, possédait de riches bénéfices et se proposait d’en résigner un à son neveu aussitôt que ce neveu serait entré dans l’Église. […] La cour était à cette époque très lettrée ; et la plupart de ces jeunes personnes étant destinées, par leur naissance ou par leur mariage, à vivre à la cour, les lettres saintes et profanes, les arts d’agrément et principalement la déclamation théâtrale des plus beaux vers de la langue, entraient dans ce plan d’éducation. Mais il entrait de plus dans les vues personnelles de Mme de Maintenon d’attacher le roi à cet établissement royal par l’innocent plaisir que lui procureraient les exercices presque publics de ces jeunes et belles novices.

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