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330. (1856) Cours familier de littérature. II « Xe entretien » pp. 217-327

Assis pendant une journée entière sur le revers d’un fossé, entre Nyons et Coppet, en Suisse, pour la voir passer en voiture, je l’avais entrevue enfin entre la poussière de ses roues. […] J’étais fier d’entendre dans la confidence du coin du feu cette âme qui venait de remplir la tribune et l’Europe entière de sa voix. […] Vous voulez vous réserver pour quelque chose de plus entier et de plus grand que la substitution d’un oncle à un neveu, sur un trône sans base. […] Il détaillait pendant des heures entières, et jamais longues, la pensée, le bon sens, quelquefois le sophisme, sans jamais épuiser ni son auditoire d’intérêt, ni lui-même de ressources. […] La férocité brutale et sanguinaire du peuple romain, abrutie par le Cirque, y éclate tout entière.

331. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois par M. Camille Rousset. Victor-Amédée, duc de Savoie. (suite et fin.) »

Lorsque le jeune duc reparut dans sa capitale pour la première fois depuis cette terrible maladie, vraie ou feinte, depuis ce mariage impopulaire qui avait manqué, et le lendemain de la chute d’un ministre odieux, la population tout entière le salua avec transport. […] Louvois, sentant que la crise approchait, tenta un dernier effort pour avoir raison des résistances de Madame Royale et pour lui arracher une occupation militaire des principales places du Piémont par la France : à ce prix, elle était assurée de l’entière et absolue protection du roi contre tout ce que pourrait entreprendre son fils. […] Voici le portrait confidentiel que traçait de lui celle que Saint-Réal avait appelée la meilleure et la plus heureuse des mères : « Pour faire connaître à M. de Louvois, écrivait-elle, la confiance entière que j’ai en lui et en sa discrétion, je vais lui dépeindre l’humeur de Son Altesse Royale, dont il ne rendra compte qu’au roi comme mon protecteur, à qui je me confie très respectueusement, et auquel j’ouvre le plus secret de mon cœur, avec la liberté qu’il m’a permise. […] Singulière figure, aujourd’hui tout entière éclairée, que celle de ce prince de Savoie, opiniâtre et mobile, versatile et fixe d’idée, pliant et grandissant toujours !

332. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite et fin.) »

Don Quichotte, après avoir écouté tous les détails sur la vocation obstinée du jeune homme, dont le seul crime est de trop aimer Homère et Virgile, et de vouloir converser tout le jour avec Horace, Tibulle et autres Anciens, répond aux craintes du père par un discours d’une merveilleuse sagesse, et qui, pour la grâce comme pour la modération, pourrait être tout entier (sauf quelques mots) d’un de ces aimables vieillards de Térence : « Les enfants, lui dit-il, sont une portion des entrailles de leurs parents ; il faut donc les aimer, qu’ils soient bons ou mauvais, comme on aime les âmes qui nous donnent la vie. […] Il faut donner cette page entière, monument de sa philosophie et de sa gaieté. […] » Sur quoi un autre de ces gentilshommes répliqua : « Si c’est la nécessité qui l’oblige à écrire, Dieu veuille qu’il n’ait jamais l’abondance, afin que par ses œuvres, tout en restant pauvre, il enrichisse le monde entier ! » Ce gentilhomme si bel esprit, et qui en parlait si à son aise, raisonnait en cela comme Cervantes lui-même, lequel fait dire à l’un de ses personnages au moment où l’on apprend que Don Quichotte est sur la voie de la guérison : « Ô seigneur, Dieu vous pardonne le tort que vous avez fait au monde entier, en voulant rendre à la raison le fou le plus divertissant qui existe !

333. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat. »

Sa Majesté s’attend que vous satisferez au premier, en leur donnant vous-même, sans vous en rapporter à personne, les susdits cinq écus, et en interrogeant si bien ceux qui se diront déserteurs de Mons, que vous ne soyez pas pris pour dupe, et ne donniez pas d’argent à ceux qui n’en viendront pas… Je ne vous dis point que Sa Majesté ne confierait point son argent à un autre que vous, étant fort persuadée que vous l’administrerez de manière qu’elle aura tout sujet de s’en louer : je lui en répondrais bien, s’il en était besoin… » Ainsi sa sagesse, son égalité d’humeur et son ménagement des hommes (dans ses rapports avec M. de Quincy), sa probité et son intégrité dans le maniement et l’emploi rigoureux des fonds, étaient reconnus autant que ses talents militaires ; il avait l’entière confiance du ministre et du maître. […] Us se sont regardés comme des hommes perdus et déshonorés, s’ils paraissaient si promptement consentir à une entière dépouille de leur maître. […] Au reste l’intérêt de ces volumes est tout entier dans les pièces. […] Ces textes, que je prends dans les Mémoires de Catinat, auraient besoin de quelque vérification, ce me semble, pour une entière exactitude.

334. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre II. Les privilèges. »

L’abbé de Saint-Germain-des-Prés a possédé quatre cent trente mille hectares de terre, l’étendue d’un département presque entier. […] Le Velay presque entier appartient à l’évêque du Puy, à l’abbé de la Chaise-Dieu, au chapitre noble de Brioude et aux seigneurs de Polignac. […] S’il est titré, il est haut justicier, et il y a des provinces entières, par exemple le Maine et l’Anjou, où il n’y a pas de fief sans justice. […] À Saint-Claude, il acquiert ce droit sur quiconque a passé un an et un jour dans une maison de la seigneurie. — Quant à la propriété du sol, on voit plus nettement encore que jadis il l’avait tout entière.

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