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435. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXV. Mort de Jésus. »

Il entendait autour de lui de sottes railleries et ses cris suprêmes de douleur tournés en odieux jeux de mots : « Ah ! […] » — Quelques-uns, vaguement au courant de ses idées apocalyptiques, crurent l’entendre appeler Élie, et dirent : « Voyons si Élie viendra le délivrer. » Il paraît que les deux voleurs crucifiés à ses côtés l’insultaient aussi 1186. […] Tout à coup, il poussa un cri terrible 1191, où les uns entendirent : « Ô Père, je remets mon esprit entre tes mains !  […] Dans ces cas d’ailleurs, chacun entend à sa guise.

436. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Xavier Eyma » pp. 351-366

L’anarchie d’un peuple qui ne s’entend pas lui-même parlerait-elle fatalement, comme une contagion funeste, dans l’esprit de ceux qui le contemplent ? […] L’historien que voilà, placé entre Tocqueville et Guizot, nous l’a racontée dans un pathos constitutionnel dont les échos lassés ne voudraient plus, s’ils s’entendaient, et un embarras qui l’honore, mais qu’il cherche à perdre dans un attendrissement excessivement travaillé. […] Mais ce n’est pas tout que de s’attendrir, il faut s’entendre ; il ne faut pas mettre des contradictions ou des confusions sous des larmes. […] … N’est-il pas digne d’un véritable historien de se demander si jusqu’ici la viabilité de ce grand corps des États-Unis qui se désunira un jour et dont on a déjà entendu craquer les jointures, n’a pas été une viabilité trompeuse ?

437. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Victor Cousin »

Jusqu’ici nous n’avions à juger que les écoliers de l’École, les Saisset et les Simon, les minces qui bégaient et zézaient, comme ils peuvent, dans le silence du maître, la philosophie qu’il a parlée, lui, avec cette grande voix de Fontanarose dont nos oreilles sourient encore… Eh bien, c’est cette voix qu’il nous fait entendre à nouveau, en réimprimant ses anciennes œuvres ! […] Parti de la philosophie, écossaise, cette pauvre doctrine aphone du sens commun, pour arriver plus tard aux raucités et aux embrouillements de ventriloques de gens comme Kant et Hegel, qu’on n’entendait guères alors que dans leur patrie, Cousin mit toujours une expression, peu sincère, mais éclatante, au service de divers systèmes qu’après tout il vulgarisa. […] Destiné à l’enseignement de la philosophie, vivant dès sa jeunesse dans l’accointance des philosophes et dans la préoccupation de leurs études et de leurs influences, il crut, parce qu’il entendait et sentait vivement leurs écrits, que lui aussi aurait le pouvoir d’éjaculer, comme eux, quelque système avec lequel la pensée humaine aurait à se colleter plus tard ; mais, pendant toute sa vie, il put apprendre à ses dépens que la faculté de jouer plus ou moins habilement avec des idées qui ne vous appartiennent pas n’est pas du tout la vraie fécondité philosophique, qui n’a, elle, que deux manières de produire : — par sa propre force, si l’on appartient à la grande race androgyne des génies originaux, — ou en s’accouplant à des systèmes qui ont assez de vie pour en donner à la pensée qui n’en a pas, si l’on n’appartient pas à cette robuste race des génies originaux et solitaires. […] Il parla de l’infini et du fini et de leur rapport, trois choses qu’on n’avait pas jusque-là beaucoup entendu nommer dans une chaire de philosophie française.

438. (1889) La littérature de Tout à l’heure pp. -383

Ainsi entendu, l’Art n’est pas que le révélateur de l’Infini : il est au Poëte un moyen même d’y pénétrer. […] Qu’on m’entende : je ne dis point que de Gœthe et de Chateaubriand ces deux pages seules furent connues. […] Il a l’oreille fine aussi et démêle assez bien le vrai du faux dans ce qu’il entend dire. […] Je crois entendre aussi vibrer une résignation généreuse dans la grandeur incomplète de son Œuvre. […] Il y a de la recherche dans presque tous les livres — j’entends les plus médiocres — qu’on publie depuis dix ans : et c’est triste !

439. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Quelques « billets du matin. » »

J’entends bien que nous devons aimer les hommes ; mais que faut-il croire ? […] j’entends catholique pratiquant (je ne saurais l’entendre d’une autre façon). […] Mais, comme ils n’y entendent rien, ils sont dupés par les marchands et raillés par leurs amis. […] Mais, en voici un que j’ai entendu de mes oreilles. […] Je me souviens de l’avoir entendue en 1872.

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