Olivier, après de courtes études au collège de Navarre, et que le peu d’aisance de la famille le força d’interrompre, fut placé comme clerc chez un procureur des comptes ; il y demeurait lorsque l’empereur Charles Quint fit son entrée solennelle à Paris, en 1539, entre les deux enfants de François Ier. […] Ce furent des temps difficiles ; on mourait de faim dans Paris ; ce n’est pas une métaphore ; « M. d’Ormesson fut à la veille de voir ses enfants mourir de faim en sa présence. » sa femme mourut en effet de la peur et des souffrances qu’elle avait ressenties durant le siège, en 1590. […] Et ce qu’il a eu encore de plus admirable et comme particulier en lui, c’est d’avoir approché les rois sans médiateur, d’avoir amassé des richesses sans avarice, d’être parvenu aux grandes charges sans ambition, d’avoir bâti une bonne maison avec peu de matière, d’avoir eu beaucoup de prospérité sans orgueil, d’avoir, aimant la douceur et la tranquillité, vécu trente-cinq ans de suite dans la Cour, fait sa retraite vingt ans avant de mourir, sans aucune disgrâce précédente, d’avoir vécu soixante et seize ans d’une santé très parfaite, rarement troublée de maladies, d’avoir joui en repos des biens qu’il avait amassés, d’avoir reçu de l’honneur aux charges qu’il a exercées, d’avoir fait grande quantité d’amis et point d’ennemis, d’avoir habité les maisons qu’il avait bâties, s’être promené à l’ombre des bois qu’il avait plantés, d’avoir reçu de ses enfants le contentement qu’il en pouvait espérer. […] En matière de littérature, il en était resté à ses classes et se refaisait enfant en vieillissant.
Et d’abord ce philosophe, cet investigateur des grands problèmes vit seul, sans famille, sans enfants, dans une chambre ou deux, à un étage supérieur où les bruits de la rue n’arrivent pas ; il habite assez près des toits, comme le philosophe de La Bruyère. […] Aussi vous ai-je prévenu que mon savant vit seul ; il n’a pas d’enfants autour de lui qui l’interrogent et auxquels il faut faire une réponse à tout, une réponse quelconque, car ils en veulent une ; il n’a pas à parler non plus à ces hommes réunis qui sont plus ou moins comme des enfants ; il cause avec quelques amis, avec des chercheurs comme lui ; ils se communiquent leurs doutes, leurs espérances hardies, leurs ambitions droites et sobres, leurs joies austères : il n’y a jamais place pour le sourire. […] Il ne serait pas exact de penser, comme paraît l’avoir cru l’illustre écrivain, d’après une autre lettre de lui écrite à la même date et dont j’ai eu communication, que ce « philosophe critique, sans femme, sans enfants, sans affaires, spectateur curieux et douteur, ce soit moi-même », et que j’aie mis là mon portrait en regard du sien.
Marie-Thérèse, par malheur, n’était plus seule à gouverner ; elle s’était donné pour associé et coadjuteur dans la souveraineté son fils l’empereur Joseph II, et si elle, au bout de son rôle, fatiguée des luttes, attentive au bonheur des peuples, occupée de l’établissement de ses nombreux enfants, n’aspirait plus qu’à maintenir les alliances et à éviter les chocs, lui, le jeune césar était ambitieux, dévoré d’activité, avide d’entreprises et ne redoutant pas les aventures. […] Je ne vivrai plus, mais mes chers enfants et petits-enfants, notre sainte religion, nos bons peuples, ne s’en ressentiront que trop. […] Le sang nous lie si heureusement ; mon beau-fils et mon petit-fils en France66 sont ce que Léopold et ses enfants et ceux de Naples me sont. […] Elle se sentait mère de huit enfants, et le dernier, Maximilien, faible et débile, devait être aussitôt mis hors de combat par les fatigues de cette campagne de 1778.
Pour le fournir lui-même, Loss n’avait pas assez présents ses souvenirs ; il n’avait vu la princesse Josèphe qu’encore trop enfant. […] Comme il m’aime plus que ses enfants, je l’ai attaqué du côté de la religion, et lui ai fait sentir si ce mariage (espagnol) n’était pas heureux, on s’en prendrait à lui ; que Rome donnait des dispenses auxquelles bien des honnêtes gens, dans le royaume, ne donnaient pas leur approbation ; enfin je me suis retourné de tant de manières, que le roi m’écrit qu’il a pris son parti, et qu’après avoir vaincu ses ennemis, il faut bien que tout me cède (c’est une galanterie de sa part). » Ainsi le maréchal, qui sous ses airs de soldat a des finesses de négociateur, s’est fait casuiste un moment avec Noailles ; il a eu recours à un ordre d’arguments gallicans et presque jansénistes. Qui m’aime plus que ses enfants, c’est tout dire quand on connaît l’esprit de famille qui animait la dynastie des Noailles. — Il arrive à la politique : « Je ne sais ce que le marquis d’Argenson, qui est une bête, dira à M. le comte de Loss, et je crois bien faire de vous faire passer, Sire, en droiture, ce qui me vient de la personne du roi et de mon amie (Mme de Pompadour). […] Le roi beau-père est charmant ; il aime ses enfants, et, aux caresses qu’il faisait à Mme la Dauphine défunte, je juge de celles que notre princesse aura à souffrir.
La langue de l’enfant, en apparence plus simple, est en effet plus compréhensible et plus resserrée que celle où s’explique terme à terme la pensée plus analysée de l’âge mûr. Les plus profonds linguistes ont été étonnés de trouver, à l’origine et chez les peuples qu’on appelle enfants, des langues riches et compliquées. […] Alors il y aura de nouveau des Orphées et des Trismégiste, non plus pour chanter à des peuples enfants leurs rêves ingénieux, mais pour enseigner à l’humanité devenue sage les merveilles de la réalité. […] Michelet, n’est le génie qu’en ce qu’il est à la fois simple et analyste, à la fois enfant et mûr, homme et femme, barbare et civilisé 155. » La science, de même, ne sera parfaite que quand elle sera à la fois analytique et synthétique ; exclusivement analytique, elle est étroite, sèche, étriquée ; exclusivement synthétique, elle est chimérique et gratuite.