Son amour pour ses enfants planait sans cesse sur eux, mais elle l’exprimait plutôt par des actions que par des paroles. […] Sa mémoire le rendit religieux ; la mémoire des enfants n’est qu’image. […] Il ressemble à l’enfant qui a tant de paroles à dire qu’il ne sait par où commencer. […] « Dis à ma mère que je l’aime comme lorsque j’étais enfant. […] La Vieille Fille, l’Enfant maudit, Facino Cane, la Messe de l’Athée, l’Interdiction.
Enfants de sa bonne humeur, quelques traits d’observation juste, sinon profonde, les font par moments ressembler à des gens de connaissance. […] Le meilleur ouvrage de Destouches, le Glorieux, demande un parterre d’enfants, quoiqu’il n’y manque pas de traits justes et délicats, dont les parents peuvent faire leur profit. […] Joignez-y les parents à tous les degrés, les gens de tout état, célibataires, maris, veufs, orphelins, enfants naturels, « combien de détails importants ! […] J’ajoute que nul père n’a été plus occupé de l’avancement de ses enfants. […] Si ses enfants sont moins bien nés que ceux de Molière, ils n’en vivent pas moins de la même vie.
L’homme spontané voit la nature et l’histoire avec les yeux de l’enfance : l’enfant projette sur toutes choses le merveilleux qu’il trouve en son âme. […] Blasés par l’expérience, nous n’attendons rien de bien extraordinaire ; mais l’enfant ne sait ce qui va sortir. […] Le peuple et les enfants seuls ont le privilège de créer des mots et des tours sans antécédent, pour leur usage individuel. […] Que deviennent les idées naïves d’un enfant lourdement commentées par des pédants, fleurs délicates qui se flétrissent en passant de main en main. […] Quand les nourrices disent : Il y a un ange pour les petits enfants, elles expriment un fait vrai, savoir que les petits enfants ne se font aucun mal dans des circonstances où des grandes personnes se blesseraient ; mais, n’en voyant pas la cause, elles trouvent tout simple d’en appeler à un ange.
Je suppose un cas horrible, imprévoyable, et possible pourtant à des tigres-singes, comme vous a appelés M. de Voltaire ; on peut culbuter un roi, mais jamais le trône… Êtes-vous faits pour être des hommes, mes enfants, les plus jolis enfants du monde ? […] Un jour qu’il était allé à Schönbrunn où était le jeune roi de Rome, l’enfant, à qui le vieux maréchal (car le prince de Ligne avait ce titre) agréait beaucoup, se mit à jouer aux soldats devant lui ; le maréchal se prêta au jeu et commanda la manœuvre. En la voyant faire à cet enfant, il devait se rappeler qu’il y avait plus de vingt ans qu’il ne l’avait commandée au sérieux et devant l’ennemi. […] L’enfant mange quatre fois par jour, le héros souvent ne soupe point.
Le Petit Carême plus célèbre, et qu’il prêcha en 1718 devant Louis XV enfant, appartient déjà à une autre époque et un peu à une autre manière. […] Dans le Petit Carême, le royal enfant auquel il s’adresse, ce reste précieux de toute sa race, cet enfant miraculeux échappé à tant de débris et de ruines, rappelle à tout instant le Joas d’Athalie. […] Il n’est point de parfait bonheur sur la terre, parce que ce n’est pas ici le temps des consolations, mais le temps des peines : l’élévation a ses assujettissements et ses inquiétudes ; l’obscurité, ses humiliations et ses mépris ; le monde, ses soucis et ses caprices ; la retraite, ses tristesses et ses ennuis ; le mariage, ses antipathies et ses fureurs ; l’amitié, ses pertes ou ses perfidies ; la piété elle-même, ses répugnances et ses dégoûts : enfin, par une destinée inévitable aux enfants d’Adam, chacun trouve ses propres voies semées de ronces et d’épines. […] Mais surtout on raconte que Rollin, alors principal du collège de Beauvais, ayant conduit un jour ses pensionnaires entendre un sermon de Massillon sur la sainteté et la ferveur des premiers chrétiens, les enfants en sortirent si touchés, qu’ils se livrèrent les jours suivants dans leur innocence à des austérités et à des mortifications qu’il fallut modérer.