» Voyez enfin la scène du billet par lequel elle se donne à lui, corps et âme, et qui le foudroie de plus belle, qui le fait tomber sous ce pied qui le roule dans la fange et qui l’y maintient jusqu’au moment (car il faut bien que les romans finissent) où une autre femme, la sienne, et son enfant, l’arrachent à cette domination honteuse, si longtemps subie, pour le faire mourir de désespoir ! […] Après avoir été infidèle à sa femme pour cette fameuse Charlotte de Campvallon, — que les ingénus qui jugent les femmes à l’audace avec laquelle elles relèvent leurs jupes ne manqueront pas de prendre pour un caractère, — il redevient platement amoureux de sa femme, à lui, uniquement parce qu’elle l’a quitté et que c’est l’éternel jeu de ces enfants : « Tu ne veux plus, mais moi précisément je veux, parce que toi tu ne veux plus. » Enfin, dernier coup porté à cet invincible ! […] Il a du talent, mais ce talent se constate comme l’enfant se constate dans l’amnios.
Il ne souffrit pas de cet émondage précoce que nous fait subir la vie de collège, enfermée, commune à tous, identique pour des natures si profondément diversifiées, qu’on n’a jamais eu l’idée de semer dans une plate-bande autant d’espèces de tulipes, de lis, de navets, de résédas, de pavots, d’oignons, de pervenches, d’héliotropes qu’il y a de tempéraments groupés dans une classe d’enfants. […] Il parlera des allées d’un parc, en hiver, « imbibées d’air humide et pénétrées de silence » ; d’un ciel d’été « décoloré par l’éclat de midi » ; des enfants de Dominique, « dont la toilette de nuit se faisait, par indulgence, au salon, et que leur mère emportait, tout enveloppés de blanc, les bras morts de sommeil et les yeux clos » ; il aura de ces trouvailles : « dans l’air tranquille du soir, le son se déployait », et les larges tableaux de nature seront traités de la même manière, en vingt endroits du volume, avec des mots qui portent tous et dont aucun n’a l’air apprêté. […] S’il ne peut être heureux lui-même, et je crois, en effet, qu’il ne peut pas l’être, il a cette consolation de faire des heureux autour de lui, sa femme, ses enfants, des paysans, et d’être utile.
Le rire et l’émotion flottaient toujours sur ses lèvres. « Nous restons tous de grands enfants, disait-il. […] » Il se mit à rire comme un enfant pris en faute. « — Que voulez-vous ? […] Quand je lui demandais quelquefois comment il faisait pour tant travailler, il me répondait de sa petite voix aiguë et bon enfant : « C’est bien simple. […] Quant à Loti, son pessimisme ne l’empêchait pas d’être un grand enfant, très vivant et très gai. […] Coppée, sous son cabotinage verbal, cachait une nature royalement bonne, qu’on devinait derrière ses doux yeux d’enfant.
C’est le secret de l’avenir, cet “enfant qui dort sur les genoux des dieux”, disaient les anciens. […] Elle le trouva qui soupait avec ses enfants et des amis. […] Toutes les trois n’avaient offert à vos réflexions d’enfant, d’adolescent et de jeune homme, que des motifs d’estimer la vie. […] Tout enfant, il l’a vécue. […] Aussi l’enfant, sur les bancs du collège, rêve-t-il d’un métier qui suppose la paix.
Une paysanne bien née s’épanouit sans effort à la poésie des psaumes latins, même non chantés, et plus d’un enfant a goûté la première églogue avant de l’avoir comprise. […] D’autres font tous les jours des expériences plus ou moins semblables : les saints, les héros, les enfants, les simples, tous ceux qui n’ont pas étranglé leur âme. […] Des enfants, nous ? […] Les simples, les enfants. Les poètes, les artistes : de grands enfants.