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356. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Première partie. Écoles et manifestes » pp. 13-41

Gaston Boissier, constate que « plus personne ne se contente de son métier et ne peut s’empêcher d’empiéter sur celui des autres » il ne fait que confirmer la réalisation des craintes soulevées, cinquante ans plus tôt, par l’auteur de l’Histoire de la Révolution. […] dans la poussière d’or, si tu sais méditer, t’enseignera des métaphysiques, etc. — »… Même ceux qui n’ont jamais mis les pieds hors de Paris, mais qui ont lu Mme de Sévigné (Lettre à M. de Coulanges. 1671, 22 juillet), n’ignorent pas que les faneuses sont des ouvrières qui tournent et retournent les foins fauchés pour en activer le dessèchement et empêcher la fermentation qui les aigrit et parfois les enflamme brusquement ; ce travail n’a rien de commun avec la moisson, qui est la récolte des blés et des orges et des seigles. […] Que l’inquiétude de la pensée ne nous empêche pas de nous réjouir si Mme de Noailles exprime mieux que d’autres la violence de sa sensation.

357. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Révolution française »

Seulement, l’écrire comme Cassagnac l’a écrite, c’est peut-être l’empêcher de se continuer. […] En effet, il y a mieux que de tuer un ennemi, c’est de le priver d’un mausolée, c’est d’empêcher que l’enthousiasme, l’admiration, qui produisent les imitateurs, ne ravivent la flamme des causes éteintes, ne se réchauffent au marbre tiède d’un sépulcre arrosé avec de nobles pleurs. […] Ils ont répété ce mot, inventé par les sots pour empêcher les gens spirituels d’être neufs et vrais.

358. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’art et la sexualité »

L’usage des plus simples actions lui cause une perpétuelle horreur, qui se manifeste tantôt par un trouble éperdu et sans cesse croissant, tantôt par de stupéfiantes maladresses, qui provoqueraient l’hilarité du plus petit portefaix dans la rue ; soit par des accidents bizarres que le manque d’audace de la victime empêche seul d’être funestes ; soit encore par un balbutiement qui appelle à son secours les plus précieuses et les plus subtiles finesses du dialogue esthétique, mais qui ne parvient pas à trouver les plus simples mots du langage de tous ; soit enfin par une ignorance, aristocratique mais absolue, des diverses et primaires méthodes par lesquelles un animal des premiers degrés de la création ose instinctivement jouir de la vie. […] Conrad : Miracle d’une nuit de printemps, que je ne puis m’empêcher de mettre sous les yeux de mes lecteurs :‌ Hier j’étais souffrant, épuisé, plein de morgue. […] Mais après cette modeste remarque, entrons dans la pensée plus intime de l’auteur. « … L’homme est né pour l’idéal, dit un de ses critiques24 en résumant le thème général du livre, il a mission de travailler à l’amélioration de son espèce, et il s’en trouve empêché par ses instincts sexuels, source infinie d’abrutissement et de dégradation. « Il est temps, s’écrie M. 

359. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — La rentrée dans l’ordre »

Cependant il n’a pas perdu l’espoir de persuader Léon XIII et d’empêcher la condamnation de son livre. […] Ceux-ci ont merveilleusement compris que tant qu’ils n’auraient pas annihilé cet organe, leur œuvre serait vaine, car celui qui possède encore un cerveau peut à tout moment se reprendre, se rejeter dans la vie ; et c’est ce qu’il faut à tout prix empêcher. […] Toutes les religions, toutes les morales, tous les systèmes basés sur le non-être, sont destinés à faire banqueroute, car la vie emporte chaque jour ce qui s’élève contre elle ; et quand bien même la terre se couvrirait de séminaires et de faux apôtres en robes de deuil, cette lèpre formidable n’empêcherait pas le globe d’accomplir sa révolution, ni le sang de parcourir les veines.

360. (1888) Études sur le XIXe siècle

Nous savons pourquoi Leopardi ne l’a pas écoutée, nous l’en plaignons peut-être ; mais en relisant les deux petits volumes où il s’est mis tout entier, nous ne pouvons nous empêcher de croire qu’il a eu raison. […] Le jeune artiste était sur le point de renoncer à cette carrière qu’il avait embrassée avec tant d’enthousiasme et de partir pour le Canada : « Non pas, dit-il, comme un homme disgracié du sort, mais comme un qui, pareil à bien d’autres meilleurs, n’a pas trouvé le monde prêt à subir son action. » Je ne puis m’empêcher de le laisser raconter lui-même comment la générosité de Millais l’empêcha d’exécuter sa résolution. […] Or, Victor Hugo, accoutumé à ne jamais voir les choses que d’un seul côté, s’est attaqué aux plus gros problèmes avec une légèreté qui l’a empêché de les éclairer de la moindre lumière. […] Qu’il fasse la guerre au roi de Naples, on ne peut l’en empêcher. […] » — En présence de son œuvre, on ne peut s’empêcher, je ne dirai pas de pousser le même cri d’enthousiasme, mais bien de s’écrier : « Voilà qui est méridional ! 

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