L’âme est semblable, si vous voulez, à ces molécules de l’air ou de l’eau qui ont chacune une configuration propre et isolée, mais qui font partie cependant de l’élément eau ou de l’élément air, qui exercent chacune leur pression relative sur l’élément tout entier, et qui subissent à leur tour la pression de chaque vague de la mer ou de chaque mouvement de l’éther. […] Toute la paix des steppes où elles vivent est dans leurs yeux ; ils sont bleus comme le ciel, limpides comme la goutte d’eau que la rosée du matin a laissée au fond de la pervenche qu’elles foulent aux pieds ; leur profondeur n’a point d’abîmes comme les yeux humains. […] On le voit bleuir au pied des tours blanches de la ville et des noirs sapins ; les anses et les ports qui le bordent se dessinent comme sur une carte de géographie ; quelques voiles de pêcheurs y semblent immobiles ; l’eau se rétrécit par l’éloignement ; puis la brume enveloppe ses rives indécises qui vont se fondre dans l’horizon du canton de Berne. […] Ces habitants du Jura ressemblent aux muézimes des cités de l’Orient, qui se tiennent sur les hauteurs de l’atmosphère, au sommet des minarets, pour chanter l’heure et pour avertir les hommes d’en bas de la fuite inaperçue du temps, qui glisse entre les doigts de l’homme comme l’eau. […] C’est là qu’enfant Léopold errait dans les herbages, au milieu des pâtres et des troupeaux. » La nature, le ciel, les eaux, les arbres, les animaux, les figures simples, graves et d’une gracieuse sévérité de traits des pasteurs et des faneuses suisses furent ses seuls maîtres et ses seuls modèles.
Le château du Cayla se composait d’une cour, autrefois pavée, et dont les eaux des écuries avaient défoncé les larges dalles. […] Les portes, ou les barrières à claire-voie, étaient sans cesse ouvertes, et permettaient nuit et jour aux passants de monter les degrés de pierre pour venir demander le morceau de pain, le coup d’eau à puiser au seau suspendu derrière la porte, et aux paysans du hameau d’Andillac de vivre pour ainsi dire en commun avec les habitants de la maison. […] « Mon âme est naturellement aimante, et la prière, qu’est-ce autre chose que l’amour, un amour qui se répand de l’âme au dehors comme l’eau sort de la fontaine ? […] « Vite, j’ai fermé le livre, et j’ai cru voir un puits sans eau. […] Est-ce que l’eau du fleuve pur, qui coule la même en se renouvelant toujours, ennuie jamais l’œil qui la voit couler en reflétant les scènes de son rivage ?
Les sensations m’accablent… Il est des moments où les traits de mes amis, de mes parents, un lieu consacré par un souvenir, un arbre, un rocher, un coin de rue sont là devant mes yeux, et les cris d’un porteur d’eau de Paris me réveillent. […] Toutes ses souffrances, comme en général celles des détraqués, sont d’origine mesquine : des jarretières, des chemises à faire laver, des porteurs d’eau qui passent. […] La vraie poésie est une eau de source, ou un torrent qui descend de la montagne ; tel est aussi le vrai génie. Le talent, c’est le tuyau de drainage qui ne laisse pas perdre une goutte et donne un petit filet d’eau bien mince qui coule en frétillant sur l’herbe. […] Dante Gabriel Bossetti, par exemple, nous peindra ainsi la reine Blanchelys : Ses yeux ressemblaient à l’intérieur de la vague ; Il ne pesait pas plus qu’un roseau, Son doux corps, délicatement mince ; Et semblable au bruissement de l’eau, Sa voix plaintive322.
Richepin n’était pas un marin d’eau douce. […] La douleur naïve du survivant, la misère des orphelins, la destinée lugubre du cadavre errant sous les eaux, tout y est. […] Là-bas, au pont de Daleft, beaucoup lancent leurs brandons épuisés dans les eaux libres de la rivière ; et l’ombre est rayée de rouges paraboles. […] etc. » que ces paraboles pleines de fraîcheur, jaillissant tout à coup comme une source d’eau très pure ! […] Sur les eaux. — V.
Il y avait des buveurs d’eau dans les prés au-dessous, qui nous regardaient comme si nous étions des chèvres. […] Parmi les paysages à l’aquarelle qu’a tracés cette plume qui ne songe qu’à courir, j’en veux citer un encore, un dernier, qui est tout matinal et transparent, et comme traversé d’une brise rieuse : Ce matin, nous avons été nous promener sur le chemin de Remiremont ; nous sommes descendues vers un moulin dont j’aimerais à être la meunière ; l’eau est si claire qu’elle a l’air d’être doublée de satin vert, tant elle réfléchit avec netteté les arbres qui entourent le moulin. […] Au bord de l’eau croissaient des champignons rouges que Mme de Coigny prenait pour des homards ; puis nous avons réfléchi que les homards ne sont rouges que lorsqu’ils sont bouillis. […] On a blâmé, je le sais (et un savant juge), cette eau du moulin si claire qu’elle a l'air d’être doublée de satin vert.