/ 1248
325. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

Il y a de l’air ; il y a des échappées par où l’on entrevoit le drame au lointain. […] Loin de prétendre à le supprimer, l’analyse porte le drame en elle et l’enfante. […] Quant à l’action, au drame, à l’élément humain, M.  […] Faire écrouler le drame dans ce dénouement risible ! […] De quel côté se trouve la nature, la vérité ; de quel côté, le drame ?

326. (1897) Manifeste naturiste (Le Figaro) pp. 4-5

Nous laissons donc, sans plus de commentaires, la parole au jeune chef des « naturistes » : La jeunesse contemporaine, à laquelle répugnent si évidemment les institutions de la République, ne se trouve pas mieux satisfaite par tant de chimériques romances, d’allégories et de drames languissants dont Richard Wagner, Tolstoï et Ibsen nous ont peu à peu inspiré le goût, et qui menaçaient de détruire, chez nous, les dernières apparences de l’esprit national. […] Il est également possible d’atteindre, grâce aux odes et aux drames, à une sorte de puissance morale qui confine à la dictature, comme Hugo, Wagner et Émile Zola en donnent l’exemple en ce siècle.

327. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série «  Leconte de Lisle  »

Ne suppose-t-elle pas des souffrances, des désillusions, des rébellions, tout un drame antérieur qui parfois gronde encore sous les rimes sereines ? […] Elle lui apparut comme l’universelle tragédie du mal, comme le drame de la force sombre et douloureuse. […] Il nous montre, en deux drames dont la forme imite d’assez près les tragédies d’Eschyle, l’aventure fatale d’Hélène amante de Pâris, et d’Oreste vengeur de son père et meurtrier de sa mère. […] Il déroule cette histoire en une série de petites épopées lyriques, avec des surprises, des coups de théâtre, des explosions d’amour ou d’indignation, des vers immenses faits pour être clamés sur quelque promontoire, par un grand vent, dans les crépuscules  Où Victor Hugo cherche des drames et montre le progrès de l’idée de justice, M.  […] Etre convaincu que toute émotion est vaine ou malfaisante, sinon celle qui procède de l’idée de la beauté extérieure ; regarder et traduire de préférence les formes de la Nature inconsciente ou l’aspect matériel des mœurs et des civilisations ; faire parler les passions des hommes d’autrefois en leur prêtant le langage qu’elles ont dû avoir et sans jamais y mettre, comme fait le poète tragique, une part de son cœur, si bien que leurs discours gardent quelque chose de lointain et que le fond nous en reste étranger ; considérer le monde comme un déroulement de tableaux vivants ; se désintéresser de ce qui peut être dessous et en même temps, ironie singulière, s’attacher (toujours par le dehors) aux drames provoqués par les diverses explications de ce « dessous » mystérieux ; n’extraire de la « nuance » des phénomènes que la beauté qui résulte du jeu des forces et de la combinaison des lignes et des couleurs ; planer au-dessus de tout cela comme un dieu à qui cela est égal et qui connaît le néant du monde : savez-vous bien que cela n’est point dépourvu d’intérêt, que l’effort en est sublime, que cet orgueil est bien d’un homme, qu’on le comprend et qu’on s’y associe ?

328. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série «  M. Taine.  »

Tandis qu’il essayait de réaliser son rêve gigantesque de domination universelle, apparemment il songeait au passé et à l’avenir, il se comparait, il se « situait » dans l’histoire, il se considérait comme l’un des grands ouvriers du drame humain, et sa destinée était pour lui-même un mystère dont il frissonnait… Rien d’humain ne battait sous son épaisse armure. […] Bien que l’action se passe dans des régions ultra-terrestres, c’est bien un drame de la terre ; et, quoiqu’il ait pour titre : le Bonheur, c’est un drame d’une mélancolie profonde. […] pour nous présenter en fin de compte, sous le nom de bonheur idéal, les joies mêlées, les joies terrestres que nous connaissions déjà) ; il se torture si fort l’entendement pour aboutir à ce chétif résultat, que, vraiment, le drame est beaucoup moins dans l’âme de Faustus et de Stella, les pauvres bienheureux, que dans celle du poète tristement acharné à la construction de ce pâle Eden et de ce douteux Paradis, Rien n’est plus touchant, par son insuffisance et sa stérilité même, que ce rêve laborieux du bonheur. […] L’histoire de la philosophie antique est menée comme un drame ; et quelle plus juste et plus expressive image que celle-ci (après la chanson des Epicuriens) : … Soudain, quand la joyeuse et misérable troupe Ne se soutenait plus pour se passer la coupe, Une perle y tomba, plus rouge que le vin… Ils levèrent les yeux : cette sanglante larme D’un flanc ouvert coulait, et, par un tendre charme, Allait rouvrir le cœur au sentiment divin.

329. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Première série

Et puis, si c’est un drame, il ressemble trop à de l’histoire dialoguée, et, si c’est de l’histoire, elle ressemble trop à un drame. […] Leur vie est surtout extérieure ; mais justement le drame que M.  […] Et ce n’est pas non plus un drame de sentiments qu’il a voulu écrire, mais un drame de sensations, un drame tout matériel. […] Mais ces morts et ces tortures, c’est le drame même : M.  […] Les trois pièces capitales sont trois drames d’amour en pleine nature et que la mort dénoue.

/ 1248