On ne lui nia pas sa supériorité précoce, douleur amère par laquelle toute supériorité commence ! […] Destiné à un bonheur immuable, aux pompes triomphantes et joyeuses de Versailles et de Saint-Germain, Bossuet, cet homme à la vertu robuste, qui ne devait connaître ni nos passions ni nos douleurs, ce cœur vierge qui n’avait soif et convoitise que du salut des âmes, ce front pur à force de hauteur, cet œil d’aigle qui ne voyait que Dieu dans les choses humaines, s’accomplissait alors jusque dans le fond le plus intime de son génie.
Dans l’introduction de son nouveau volume, écrite avec la distinction qui est le caractère de cette plume toujours à cent pieds de la chose ou de l’expression vulgaire, Gères ne nous raconte rien, mais nous laisse cependant entrevoir qu’il a passé par la douleur suprême que madame de Staël appelle « le mal de l’irréparable ». […] La douleur fait de ces terribles jachères dans nos âmes.
Jamais, dans son manteau, pour éviter les rhumes Un lakiste, enivré de tempête et de brumes, Près de toi n’est venu s’asseoir, Et n’a, d’une élégie au crayon bien écrite, Effeuillé sa douleur comme une marguerite, En attendant le thé du soir. […] Elle improvise des douleurs, Des malédictions et des cris de commande, Une fatalité factice qui demande Un sacrifice après des pleurs.
À une époque encore où les poètes les plus chrétiens d’inspiration introduisent dans leur Christianisme poétique je ne sais quel lâche élément épicurien, car la douleur elle-même a sa sensualité, rien de plus frappant que de voir ce que jusque-là on n’avait pas vu : le Stoïcisme en poésie nous écrivant, par la main la plus douce qui ait jamais existé, des vers de cette virilité d’idées et de cette simplicité d’expression : Hélas ! […] IV Telle donc est l’inspiration dernière d’Alfred de Vigny ; tel le sentiment amer, mais dompté, qui donne une beauté de douleur calme, de beauté de Niobé devenue marbre, aux compositions de sa vieillesse, et à son livre, que d’aucuns disent déjà un peu sec, son originalité, son pathétique et sa grandeur.
Babut, ayant perdu un fils, cherche à faire de sa douleur la consolation des autres. […] Voici l’exorde de ce discours, plein de douleur et qui garde une admirable mesure.