L’opération est décrite avec le pieux respect qu’inspirait déjà, du temps d’Homère, ces fils d’Esculape, au cœur de femme et à la main divine, qui soulagent les douleurs des hommes. […] Cependant tu fus homme : on le sent à tes pleurs ; Un dieu n’eût pas si bien fait gémir nos douleurs ! […] Le reptile n’a point cessé de combattre, mais, se repliant en arrière, il mord et déchire le flanc de son ennemi, qui l’étouffe dans ses serres ; l’oiseau, vaincu par la douleur, le rejette loin de lui sur la terre. […] Thétis, sa mère, et les Néréides, divinités subalternes de l’Océan, accourent pour calmer sa douleur et pour encourager sa vengeance. […] tu laisses à tes parents un deuil inconsolé, cher Hector ; mais c’est à moi surtout que sont réservées les amères douleurs.
A défaut de dérangements physiques, ce sont les douleurs morales qui arrivent comme une condition de la haute pensée, du sentiment profond et du génie. […] Mais déjà des affections privées, des espérances bientôt entrecoupées de douleurs, se joignaient à cette souffrance de gêne politique, pour détourner la pensée de M. […] Les plaintes du poëte sont celles de toute âme humaine contristée, depuis Job : « Nous serions bien moins étonnés de souffrir, si nous savions combien la douleur est plus adaptée à notre nature que le plaisir. […] La douleur seule compte dans la vie, et il n’y a de réel que les larmes. » Et ailleurs : « Montrez-moi celui qui a pu arriver à trente ans sans être détrompé. […] Sur les pas des chœurs de Sophocle, et inspiré par la muse de la douleur, le poëte s’attachait à peindre l’histoire même de l’homme, de cet être qui, aux termes de l’énigme, n’a qu’une voix et n’est debout qu’un instant, l’histoire de ses misères, de ses faiblesses, de ses félicités trompeuses, suivies d’amers retours.
Au reste, dès qu’on veut peindre cette passion identique et une en tous les âges, il n’y a pas de choix : il faut passer par les mêmes traits, revenir sur les mêmes symptômes ; et c’est toujours le cas de s’écrier avec la Religieuse portugaise, dans ce conseil éperdu qu’elle donnait à son trop raisonnable amant : « Mais avant de vous engager dans une grande passion, pensez bien à l’excès de mes douleurs, à l’incertitude de mes projets, à la diversité de mes mouvements, à l’extravagance de mes lettres, à mes confiances, à mes désespoirs, à mes souhaits, à ma jalousie ! […] « Comme lorsqu’une jeune mariée pleure dans la chambre nuptiale le florissant époux auquel l’ont unie ses frères et ses parents, et elle évite de se mêler en rien à la foule de ses suivantes, par pudeur et par prudence ; mais elle reste assise au fond de sa chambre, silencieuse ; car un destin cruel vient de le lui ravir avant qu’ils aient pu jouir l’un de l’autre dans leur mutuelle tendresse ; et elle, bien que brûlée de douleur au dedans, en contemplant ce lit veuf, elle étouffe les pleurs en silence, de peur que les femmes ne lui brisent le cœur par quelque raillerie. […] Celle-ci accourt, l’interroge, la presse : « Quelle est la cause de cette douleur ? […] puisses-tu n’en venir jamais à cette affreuse douleur pour tes enfants ! […] Des larmes de pitié coulaient de ses yeux ; et au dedans la douleur minante ne cessait de la ronger à travers tout le corps, le long des moindres fibres et jusque tout au bas de la nuque, là où plonge le plus sensiblement le mal lorsque les Amours logent sans relâche leurs amertumes dans un esprit.
Il venait sans le roi ; quand cela fut su, tous ses fidèles furent remplis de douleur. […] Elle sentit en ce moment le premier coup de la douleur. […] » Si grande était la douleur de son âme, que le sang lui sortait de la bouche. […] Une profonde douleur était fixée au fond de leur cœur. […] Trois années se passent dans cette douleur, puis elle se venge
Bientôt la nécessité de lutter contre le besoin réussit à le distraire de sa douleur. […] Ils n’ont guère trouvé d’ennemi qu’en eux-mêmes : leur plus grande douleur a été l’humiliation de leur vanité. […] Quand ces douleurs et ces larmes sont venues, l’amour s’éteint et se réduit en cendres. […] Témoin de ces trois douleurs qu’il a faites, il s’afflige et s’apitoie sur lui-même, il maudit sa misère et son infirmité. […] Cependant le poète réussit à nous attacher au sort de Valentine par le développement successif de ses douleurs.