Voilà, Monsieur, les conseils que j’oserais donner à nos jeunes gens. […] Mais sur ces idées mêmes, j’ai tant à dire et, comme vous l’avez pensé, le sujet intéresse si fort quiconque n’est pas indifférent à la littérature, que je ne crois point excéder mes droits en vous demandant congé, Monsieur, de faire à votre réponse publique puisque aussi bien elle se refuse à conclure et reste hérissée de points d’interrogation une réponse publique aussi D’ailleurs je me défends d’avance de toute ridicule prétention à rien vous enseigner ; vous parlez au nom de l’expérience et avec l’autorité que des livres excellents vous donnent : je ne vous opposerai guère que des intuitions, et no puis compter que sur l’incertain avenir pour légitimer par des œuvres les théories. […] Et puis, à un point de vue secondaire, et selon la scolie de Virgile, si « On se lasse do tout, excepté do comprendre », pourquoi ne donnerions-nous pas un peu de temps à disputer, comme vous dites, sur la nature du beau ? Surtout, si de telles discussions s’orientent vers des applications prochaines et se concluent par ce sursum corda qui donne aux poêles la bonne frénésie de la création, elles me semblent assez nobles et vraiment poignantes. […] Au commencement du siècle, le Romantisme, qui fut un peu factice et postiche, vécut d’une « religion littéraire » dont nos plus modernes catholiques duChat Noir nous donnaient la parodie.
Les tentatives grecques de réforme, l’orphisme, les mystères, ne suffirent pas pour donner aux âmes un aliment solide. […] La conviction de tous est que la Thora bien observée ne peut manquer de donner la parfaite félicité. […] Le Livre de Daniel donna en quelque sorte aux espérances messianiques leur dernière expression. […] Peut-être le Sosiosch de la Perse, le grand prophète à venir, chargé de préparer le règne d’Ormuzd, donna-t-il quelques traits à ce nouvel idéal 95. […] Observer et maintenir la loi, parce que la loi est juste, et que, bien observée, elle donne le bonheur, voilà tout le judaïsme.
Il voulait qu’en entrant dans une maison, ils lui donnassent le selâm ou souhait de bonheur. […] Il est possible que beaucoup de ces paroles aient été prêtées au maître, afin de donner une base à l’autorité collective par laquelle on chercha plus tard à remplacer la sienne. […] Une fois surtout, il se laissa aller, dans la synagogue de Capharnahum, à un mouvement hardi, qui lui coûta plusieurs de ses disciples. « Oui, oui, je vous le dis, ce n’est pas Moïse, c’est mon Père qui vous a donné le pain du ciel 856. » Et il ajoutait : « C’est moi qui suis le pain de vie ; celui qui vient à moi n’aura jamais faim, et celui qui croit en moi n’aura jamais soif 857. » Ces paroles excitèrent un vif murmure : « Qu’entend-il, se disait-on, par ces mots : Je suis le pain de vie ? […] Je suis le pain vivant ; si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement ; et le pain que je donnerai, c’est ma chair, pour la vie du monde 858. » Le scandale fut au comble : « Comment peut-il donner sa chair à manger ?
La Bien-Aimée lui donna une heure de joie ; la Foi lui donna des heures de joie. […] Quand, au milieu des admirations, l’adroit spécialiste s’arrêta avec aux lèvres un sourire aimable et triomphant, Alexandre dit tout haut à quelqu’un de sa suite : « Il convient de récompenser cet homme selon ses mérites : vous lui donnerez un boisseau de lentille. » Qui refusera à l’auteur des Trophées le boisseau de lentilles ? […] Coppée ressemble quelquefois aux femmes de Chéret et vous donne une sorte de joie presque physique. […] En plein air, ils se donnent des baisers qui ne sont pas si ridicules.
Les plus communs comportent quatre, cinq, six, sept, huit, dix syllabes : (4) La belle Hélène (6) Dans la mer est tombée… (5) Il n’a pas vaillant La fleur d’une épine… (5) Tu n’es plus fillette A l’âge de quinze ans… (6) Tambour, joli tambour, Donne-moi ta fleur de rose… (7) Il la mène sous une ente. […] Pas désagréable, non plus, l’emploi de certains mots désuets ou forgés : Le premier mois de l’année, Que me donnerez-vous, ma mie ? […] Pour donner à ma mie, Car je crois qu’elle est morte, Ô beau rossignolet, Pour donner à ma mie, Car je crois qu’elle est morte. […] Que l’émotion esthétique que donne une telle complainte soit d’une nature un peu spéciale, je le veux bien ; mais il ne faut pas la dire vulgaire, car, après tout, il s’agit ici du drame humain élémentaire et nu.