Que l’âme apprenne à trouver sa force en elle-même ; qu’elle puise la morale à ce foyer naturel où germent toutes sortes de vertus, Est Deus in nobis ; agitante calescimus illo ; c’est là aussi une source divine ! […] Sainte-Beuve n’analyse pas toujours ; ses plus longues extases ont une fin ; ses immersions catholiques dans « les saintes et ardentes fontaines de l’amour divin », ses promenades inquiètes et mélancoliques sur « le beau lac » qui personnifie si étrangement madame la marquise de Couaën, ses allégories, ses métaphores à perte de vue ne remplissent pas tout son livre.
Grandin, qui l’écoutait avec attention, connaissant de longue date les surprises éclatantes de sa fantaisie, lui demanda : — Alors, tu crois que la pensée humaine est un produit spontané de l’aveugle parturition divine ? […] L’histoire du bonheur commence par les divins enfantillages. […] Écoutez ses pas sonores Dans le silence divin ! […] Son âme assombrie s’habituait à l’idée de la mort, et il faisait entendre dans ses poésies des cris de pénitence et des appels à la miséricorde divine.
Il a cette lassitude anticipée de l’âme pour qui toute réalité ne peut être qu’incomplète ou grossière, comparée à son désir, et avec quelle humilité, quelle poésie aussi et quelle divine musique il exprime cette impuissance et cette nostalgie ! […] Sainte Beuve, avec son tact infaillible, a dégagé ce point dans ses trois articles de 1863, dont Gautier lui écrivait qu’il restait « atterré de cette divine pénétration ». […] C’en est un autre que la pièce de Sophocle où Antigone en appelle des lois iniques aux lois divines, qui précèdent les autres et les redressent par avance. […] C’est un poème social, s’il en fut, que la Divine Comédie, une création toute civique. […] Il ne sut retrouver que par la raison, le pardon des injures et les divines indulgences du sermon sur la montagne. « Celui qui vit sous la raison, autant qu’il le peut, contre la haine d’un autre pour lui, la colère, le mépris etc…, s’efforce d’opposer l’amour et la générosité. » (Eth.
Les idées et les images — reflets des idées — se pressent, s’accumulent, flambent, chauffent la puissante machine de son cerveau, la maintiennent, constamment, à la plus haute pression, et elles le mènent, l’emportent, par fortes secousses, avec d’étranges trépidations, sur les sommets où rayonne la lumière divine de l’enthousiasme. […] Léon Daudet, aussi bien les larmes que le rire, les idées comme les sensations, les réalités qui désespèrent, et le rêve qui, après l’exaltation de la minute divine, ne vous laisse que cette affreuse angoisse de n’avoir jamais été atteint. […] Il fallait, à la coulée divine de la famille Froment, à l’admirable progression de ses enfants et de sa fortune laborieuse, l’ombre des familles qui s’éteignent, qui s’abandonnent à la mort, et à la déchéance, il fallait ces Seguin légers, inconscients, peu à peu vicieux et dégénérés, ces Beauchêne débauchés ou atrocement orgueilleux, dénaturés pour l’amour du nom, cette Séraphine éhontée, calme dans ses dérèglements, corruptrice et triomphante, jusqu’au moment où, de n’être plus femme, elle ne sera plus vivante, et ce déplorable Morange, deux fois veuf de sa femme et de sa fille, pour n’avoir amassé, travaillé, que pour la fille unique, qu’il voulait riche, belle et heureuse ; il fallait, surtout, cette fatalité de tous les fils uniques mourant et ne laissant, après leur disparition tragique, que le désespoir, la ruine, et la honte des stérilités volontaires. […] Ô cher petit hôpital Saint-Jean, où, tant de fois, dans tes salles et sous tes cloîtres, je suis venu chercher l’extase aux divines toiles de Memling ?
Il semble cependant que ce ne soit pas tout à fait là l’esprit de la légende, et que l’ami de la Sibylle doive, par la damnation, expier sa désespérance, — le seul péché impardonnable, car Judas lui-même, s’il s’était sincèrement repenti, attrait obtenu sa grâce, — comme le pape expiera son manque de foi en la clémence divine. […] Elle développa longuement l’histoire antérieure ou subséquente de plusieurs des personnages qui apparaissent dans ce drame, de Judas par exemple, de Pilate, des deux larrons, de Joseph d’Arimathie ; elle créa les merveilleux épisodes de Bérénice (Véronique), qui recueillit sur un linge l’empreinte de la face divine ; de Longin, l’aveugle-né, qui, ayant percé de sa lance le flanc du Sauveur, recouvra la vue en se frottant les yeux avec le sang qui en coula, etc. […] L’oiseau simplement malicieux du conte indien devient ici un être surnaturel, sorte de génie ailé, dont le chant, pendant qu’il célèbre à la fois l’amour divin et l’amour terrestre, répand sur le verger qui l’entoure, sur les eaux, sur les pelouses, sur les arbres, sur les fleurs, un doux enchantement qui les fait avec une joie toujours nouvelle couler, verdoyer, croître et embaumer. […] Mais il y a là sans doute aussi une influence toute littéraire, dont l’origine ne paraît pas se trouver dans l’antiquité et est plutôt orientale : on sait quelle sagesse nombre de compositions allégoriques, érotiques ou mystiques de l’Inde et surtout de la Perse attribuent aux oiseaux, et quel rôle ils jouent dans de longs poèmes dialogues où ils interprètent et approfondissent les préceptes d’un amour par lequel il faut souvent entendre l’amour divin, mais qui s’exprime sous la forme de l’amour humain.