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945. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre troisième. La connaissance de l’esprit — Chapitre premier. La connaissance de l’esprit » pp. 199-245

. — Comparé à ses événements qui passent tandis qu’il persiste, il est une substance ; il est désigné par un substantif ou un pronom, et il revient sans cesse au premier plan dans le discours oral ou mental. — Dès lors, quand nous réfléchissons sur lui, nous nous laissons duper par le langage ; nous oublions que sa permanence est apparente ; que, s’il semble fixe, c’est qu’il est incessamment répété ; qu’en soi il n’est qu’un extrait des événements internes ; qu’il tire d’eux tout son être ; que cet être emprunté, détaché par fiction, isolé par l’oubli de ses attaches, n’est rien en soi et à part. […] Supposez enfin que ces discours soient bien liés, indiquent une intention, poussent le malade dans un sens ou dans un autre, vers la dévotion ou vers le vice. […] Supposez un esprit prévenu et assiégé de craintes ; admettez que la voix prononce, non pas une phrase unique et monotone, mais une suite de discours menaçants et appropriés ; c’est le cas de Luther à la Wartbourg, lorsqu’il discutait avec le diable.

946. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque (2e partie) » pp. 81-155

Des pluies continuelles, les discours de mes amis qui ne voulaient pas me laisser partir, ce que j’apprenais des mauvais chemins par des gens qui revenaient de Bologne, tout cela m’a retenu si longtemps à Florence que j’ai enfin appris que, pour mon malheur, vous aviez été rappelé à Pavie. […] Il savait que je suis pauvre : je ne l’ai jamais caché ; quand il m’a vu prêt à partir de Venise (il était fort tard), il m’a tiré à l’écart dans un coin de sa maison, et, voyant qu’il ne pouvait pas par ses discours me faire accepter les marques de sa libéralité, il a allongé ses mains de géant pour porter dans mes bras ce qu’il voulait me donner. […] Bien que toutes les œuvres de ce beau génie soient presque parfaites et dignes de l’antiquité, comme de la postérité, sans les sonnets, qui est-ce qui se souviendrait des poèmes, des négociations, des discours, des poèmes épiques latins du poète de Vaucluse ?

947. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre (2e partie) » pp. 5-80

Croyez-vous que l’examen d’une question intéressante n’occupât pas le temps d’un repas d’une manière plus utile et plus agréable même que les discours légers ou répréhensibles qui animent les nôtres ? […] Julien, dans l’un de ses discours (je ne sais plus lequel), appelle le soleil le dieu aux sept rayons. […] Les femmes n’ont fait aucun chef-d’œuvre dans aucun genre ; elles n’ont fait ni l’Iliade, ni l’Énéide, ni la Jérusalem délivrée, ni Phèdre, ni Athalie, ni Rodogune, ni le Misanthrope, ni Tartufe, ni le Joueur, ni le Panthéon, ni l’église de Saint-Pierre, ni la Vénus de Médicis, ni l’Apollon du Belvédère, ni le Persée, ni le livre des Principes, ni le Discours sur l’Histoire universelle, ni Télémaque.

948. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIe entretien. L’Imitation de Jésus-Christ » pp. 97-176

Ce qui plaît aux autres réussira, et ce qui vous plaît n’aura point de succès ; on écoutera les discours des autres, et les vôtres seront comptés pour rien ; les autres demanderont, et ils recevront ; vous demanderez, et vous n’obtiendrez pas. […] Lisez encore : XVIII Celui qui estime les choses suivant ce qu’elles sont, et non d’après les discours et l’opinion des hommes, est vraiment sage, et c’est Dieu qui l’instruit plus que les hommes. […] Si la vérité vous délivre, vous serez vraiment libre, et peu vous importeront les vains discours des hommes.

949. (1857) Cours familier de littérature. III « XIIIe entretien. Racine. — Athalie » pp. 5-80

Ce n’est plus là ni l’éloquence sacrée, ni l’éloquence parlementaire, c’est l’éloquence héroïque, l’éloquence d’action qui présente sa poitrine nue à ses auditeurs et qui offre son sang en gage de ses discours ; Le livre qui, par l’ingénieux procédé de l’écriture ou de l’impression, reproduit, pour tous et pour tous les temps, la pensée conçue et exprimée par un seul, et qui communique, sans autre intermédiaire qu’une feuille de papier, l’idée, le raisonnement, la passion, l’image, l’harmonie même empreinte sur la page ; Enfin le théâtre, scène artificielle sur laquelle le poète fait monter, aux yeux du peuple, ses personnages, pour les faire agir et parler dans des actions historiques ou imaginaires, imitation des actions tragiques ou comiques de la vie des hommes. […] XIV Racine ne se montra pas, dans ses essais de discours, plus égal à la haute éloquence qu’à la grande histoire. Le discours qu’il prononça à l’époque de sa réception à l’Académie française ne fut qu’une harangue vulgaire et mal balbutiée.

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