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1195. (1928) Les droits de l’écrivain dans la société contemporaine

Telle rature nous en dit long. » J’ajoute que sans croire à une harmonie universelle préétablie, il me paraît difficile d’imaginer que les intérêts véritables des marchands d’autographes et ceux des écrivains puissent être en profonde opposition. […] Cependant elles comportent un enseignement : on se rend compte combien une lettre est véritablement une partie vivante de la personnalité et combien il est difficile de la transformer en un petit morceau de papier indifférent, d’un caractère objectif. […] S’il avait vécu et s’il était devenu, par suite de circonstances possibles, l’exécuteur testamentaire ou naturel de ces grands écrivains, on imagine combien son attitude aurait été difficile. […] Ainsi augmenter leurs droits d’auteur, — de la manière suivante, par exemple : les livres des écrivains « arrivés » ou à grand succès commercial se vendraient plus cher que ceux des débutants ou des écrivains difficiles ; ils feraient bénéficier ainsi ces derniers d’une vente plus grande, et indirectement, de revenus supplémentaires.

1196. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

Messieurs, certes, nos pères n’étaient pas difficiles, qui là-dessus s’éclataient de rire ! […] Mais la question, vous le voyez, pour être plus difficile à résoudre, n’en demeure pas moins légitime. […] — et j’aime à croire qu’il disait vrai ; — seulement, le difficile, et le rare, et l’art par conséquent, c’est de lui donner, à ce « cri du cœur », une inoubliable voix, et de l’éterniser. […] LISETTE La chose à deviner n’est pas bien difficile. […] Il ne m’était pas difficile d’ouvrir la terre dans le lieu où je me trouvais : c’était une campagne couverte de sable.

1197. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

il paraît que la salle n’est remplie tous les jours, pour « ces soupers de l’esprit où Shakespeare donne à manger sa chair et à boire son sang », que de gens qui ont des échéances difficiles, d’ouvriers qui ne sont pas sûrs de dîner le lendemain, et de poitrinaires condamnés. […] Quand donc il a réuni plusieurs de ces types, de même ou de différentes classes, lui est-il difficile d’établir leurs rapports ? […] il paraît que la salle n’est remplie tous les jours, pour « ces soupers de l’esprit où Shakespeare, donne à manger sa chair et à boire son sang », que de gens qui ont des échéances difficiles, d’ouvriers qui ne sont pas sûrs de dîner le lendemain, et de poitrinaires condamnés. […] n’est-il pas déjà assez difficile de peindre ce que l’on voit ?”  […] « Il serait difficile de citer une classe de paysages où le ciel ne soit pas la clef, la note tonique, l’échelle, la principale expression du sentiment général de l’œuvre.

1198. (1927) Quelques progrès dans l’étude du cœur humain (Freud et Proust)

Et chaque fois la lâcheté qui nous détourne de toute tâche difficile, de toute œuvre importante, m’a conseillé de laisser cela, de boire mon thé en pensant simplement à mes ennuis d’aujourd’hui, à mes désirs de demain qui se laissent remâcher sans peine. […] Il est difficile d’imaginer des termes plus forts pour exprimer l’idée que si les différents systèmes d’idées et d’affections qui sont en nous, si nos différents complexes sentimentaux peuvent se remplacer sous la lumière, sous le projecteur de la conscience, ils ne peuvent ni se pénétrer, ni se modifier à distance les uns des autres. […] La souffrance ici est bien moins superficielle, est bien plus difficile à supporter, elle a pour siège une couche plus profonde du cœur. […] Monseigneur, Mesdames, Messieurs, Je ne saurais assez m’excuser de l’audace — on dit souvent qu’il n’y a que les timides pour se montrer audacieux — qui me fait m’attaquer aujourd’hui devant vous au sujet le plus difficile, le plus délicat, le plus périlleux qui puisse être traité en conférence. […] Le grand malade, le grand désarmé qu’était Proust, du fond de son lit, grâce à ce doux et inflexible entêtement que je vous décrivais, a fini par remporter la plus difficile des victoires : il s’est imposé tout entier à la mort, et elle reflue intimidée devant sa forme morale intégralement conservée.

1199. (1858) Du vrai, du beau et du bien (7e éd.) pp. -492

Il ne nous a pas été difficile de faire voir qu’il y a des principes universels et nécessaires à la tête de toutes les sciences. […] Ils l’ont considéré dans l’âme et dans la nature ; mais ils n’ont pas même abordé la difficile question de la reproduction du beau par le génie de l’homme. […] Et puis, à moins d’être entièrement fou, et la passion ne nous rend pas toujours ce service, il est très difficile de voir la réalité autrement qu’elle n’est, c’est-à-dire très imparfaite. […] Un objet sublime est celui qui par des formes, non pas disproportionnées en elles-mêmes, mais moins arrêtées et plus difficiles à saisir, éveille en nous le sentiment de l’infini. […] Ainsi que nous l’avons dit, notre vrai intérêt est souvent du discernement le plus difficile.

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