Toutefois une remarque importante s’impose en ce qui louche les rapports de ces différentes formes d’art avec la sociologie et la morale. — C’est que l’art classique n’a pas la même signification sociale et morale que l’art romantique ou que l’art décadent. […] Car se sentir différent, se décerner ce brevet de différence, « n’est-ce pas s’égaler à toute la société ? […] « L’art, d’après Guyau, est social à trois points de vue différents : par son origine ; par son but ; enfin par son essence même ou sa loi interne. » (Guyau, L’Art au point de vue sociologique (F.
Nous prenons les choses comme elles sont, nous sommes de bonne composition avec ce qui est excellent, tendre ou magnifique, nous consentons aux chefs-d’œuvre, nous ne nous servons pas de celui-ci pour chercher noise à celui-là ; nous n’exigeons pas que Phidias sculpte les cathédrales, ni que Pinaigrier vitre les temples ; le temple est l’harmonie, la cathédrale est le mystère ; ce sont deux modes différents du sublime ; nous ne souhaitons pas au Munster la perfection du Parthénon, ni au Parthénon la grandeur du Munster. […] Double page extraordinaire, recto et verso de la même idée, et qui semble écrite exprès pour prouver à quel point deux génies différents faisant la même chose font deux choses différentes.
Enfin, Eschyle a conçu visiblement que la tragédie devait se nourrir de passions, ainsi que le poème épique, quoique d’une façon différente, c’est-à-dire, avec un air plus vif et plus animé, à proportion de la différence qui doit se trouver entre la durée de l’un et celle de l’autre, entre un livre et un spectacle. […] Après cet effort, il lui était bien moins difficile de transporter de l’épopée à la tragédie, ce qui s’appelle intrigue ou nœud ; car il est plus aisé de faire oublier le poète et le narrateur, quand on vient à brouiller différents intérêts et à nouer le jeu de divers personnages, que quand on veut mettre les spectateurs au fait d’une action, sans qu’ils s’aperçoivent qu’on ait eu dessein de le faire. […] Piqué par le concours de différents projets et de diverses passions dont on a mêlé le jeu, il attend la main qui doit délier le nœud gordien.
L’aristocratie de Gênes, quoique fondée sur des principes un peu différents, n’est guère plus favorable aux orateurs. […] Mais dans un pays où des partis se choquent, où les opinions ont la même liberté que les caractères, où chacun a ses sens, ses yeux, son âme, où la renommée a mille voix différentes, on doit admirer peu, estimer quelquefois, louer rarement. […] Sa tache généreuse commence ou l’intérêt finit, etc. » Dans un endroit où il parle de la protection que Talbot donnait aux arts : « Bien différent, dit-il, de ces hommes vains qui, usurpant le nom de protecteur qu’ils avilissent, osent sacrifier un homme de mérite à leur orgueil, et répandre la rougeur de la honte sur un front honnête, quand il accordait une grâce, c’était une dette qu’il semblait payer au mérite, à la nation et à l’être qui est la source éternelle de tout bien.
Mais, si leur but est le même, les moyens qu’ils emploient pour y parvenir sont différents : Bacon suit la direction empiriste ; Descartes, la direction rationaliste. […] A la Renaissance, se développe une conception toute différente. […] Selon lui, nous avons le pouvoir d’appeler devant notre esprit et d’y retenir par l’attention des pensées différentes. […] Cette loi introduit en physique un élément différent des éléments mécaniques. […] La chimie repose sur ce postulat, qu’il existe et se conserve des éléments de différentes espèces.