Ne serait-ce pas là la plus belle explication de ce mot : Vous serez des dieux ? […] « C’est lui qui parmi tous les dieux secondaires (incarnations de ses attributs) a toujours été le vrai Dieu, le Dieu suprême : à quel autre offrirons-nous l’holocauste ? […] Les dieux, attendris de ce sacrifice de générosité, laissent entrer l’animal avec l’homme, et le ciel se referme sur tous les deux. […] Le dieu lui répond par l’énumération des millions de formes sous lesquelles il se manifeste à la nature dans ses créations et dans sa providence. […] En quelque lieu que soit Krisna, le dieu de la foi ; en quelque lieu que soit Arjoùn, le puissant lanceur de flèches, là se trouvent certainement la vérité, la fortune, la victoire et la vertu !
On racontait encore que, dans la vallée entre le Cithéron et l’Hélicon, le dieu Pan s’était montré chantant lui-même un hymne de Pindare ; et on trouvait une réponse du poëte à cet insigne honneur, dans un hymne dont il ne reste que ce vers : « Ô Pan, protecteur de l’Arcadie et gardien des asiles sacrés. » De là même, d’anciens vers rappelant plusieurs souvenirs merveilleux de la jeunesse du poëte : « Autant le clairon retentit plus haut que des flûtes d’ossements légers, autant, Pindare, ta lèvre domine par l’accent toutes les autres. […] J’en atteste le dieu du Ménale, chantant un hymne, ton ouvrage, et oubliant sa flûte pastorale30. » Entre ces fables populaires, la longue vie du poëte paraît s’être écoulée dans le culte des dieux et les succès de son art, renommé par toute la Grèce.
Les héros parurent des images des dieux ; et, comme on leur vit le pouvoir de récompenser et de punir, les louanges qu’on adressait aux statues des dieux se tournèrent enfin vers les héros. […] c’est en ce qui concerne l’intervention des dieux, ou moyens surnaturels dans la tragédie, le spectacle, la mélopée, et les chœurs chantants. […] Écoutez-le : « Tout était dieu, excepté Dieu même. […] Inspiré par sa muse, il chantait les attributs, les aventures, et les malheurs des dieux. […] On doit le louer surtout d’avoir conservé, malgré nos usages, le dénouement à machines, la volonté opiniâtre du héros trahi et longtemps infortuné ne devant céder qu’à celle d’un dieu, et même d’un dieu qui fut son plus cher ami.
« La première qualité d’un prince, dit Julien, est le respect pour les dieux, et l’attention à maintenir leur culte dans son empire. Après les dieux, il honore les parents dont il tient la vie ; et quand ils ne sont plus, sa reconnaissance et son respect honorent encore leurs cendres. […] Tous, à l’abri de l’ennemi domestique et étranger, vivront dans une paix profonde, adorant leur souverain, qui est pour eux l’auteur de tant de biens, remerciant les dieux, et invoquant sur lui les faveurs célestes. Les dieux écoutent les vœux des nations, parce qu’ils ne sont dictés ni par le mensonge, ni par la flatterie, mais par la vérité.
Les temples sont vastes et ornés, mais les images des dieux ne sont le plus souvent que l’assemblage incohérent de formes disparates. […] Les figures symboliques des dieux revêtent une majesté calme qui semble avoir été inspirée aux artistes par le spectacle de la nature. […] Ce n’est pas un monument pour les dieux, pour les hommes, pour les siècles. […] Cette montagne ressemble à un magnifique piédestal, taillé par les dieux mêmes pour y asseoir leurs autels. […] Périclès avait voulu en faire autant un assemblage de tous les chefs-d’œuvre du génie et de la main de l’homme, qu’un hommage aux dieux ; ou plutôt c’était le génie grec tout entier, s’offrant sous cet emblème, comme un hommage lui-même à la Divinité.