On a pu en juger par plusieurs des exemples cités jusqu’ici, lorsqu’il veut être imagé il tend à devenir poète plein-airiste. […] Ses premiers vers sont pleins de reflets dorés, d’images qui brillent et chatoient ; mais cet éclat — qui fut d’ailleurs en quelque sorte « traditionnel » et nullement doué d’un coloris spécial, — s’est apaisé à mesure que le poète devenait moins exclusivement objectif. […] Il fallait même qu’il en fut ainsi ; devenue plus subjective après la bataille contre le Parnasse, elle devait retrouver le geste avec le rythme.
L’homme était devenu mal abordable et sans intérêt. […] Comme nous disons : « 1857, l’année de Bovary, des Fleurs du Mal, des Poésies barbares, de Fanny », on dira seulement, mais c’est quelque chose : « 1893, l’année des Trophées », et dans un tiers de siècle, j’espère, les nouveaux me permettront de mentir un peu sur ce 1893 et sur cette apparition des Trophées, avec la grâce délicate que les jeunes gens ont tant raison de garder au bon chroniqueur devenu mûr et qui se souvient tout haut. […] C’est déjà devenu un truisme que de reconnaître combien peu sa sérénité était froide ; on est las de le comparer à un marbre, et on a raison. « Tel fut cet impassible !
Le tumulte grandissait et devenait une véritable sédition. […] Les cris du dehors devenaient de plus en plus menaçants. […] Mais s’il avait eu cette loi-là, comment fût-il devenu chrétien ?
Et cependant un traité scientifique, une lettre, un manuel de cuisine deviennent littéraires en une certaine mesure, dès qu’y apparaît un souci d’ordre, de clarté, d’élégance, de bien dire. […] On sait assez que le théâtre devint pour Voltaire une [tribune publique du haut de laquelle il attaquait ses adversaires et prêchait des idées neuves. […] Zola est devenu plus tard à demi optimiste et idéaliste.
Nous savons bien qu’une langue ne sera jamais fixée ; mais pourtant nous paraît-il (avantageux qu’elle garantisse une. certaine stabilité sans être comme l’allemand sans cesse à l’état malléable, fluide pour ainsi dire, et, suivant une des expressions de la philosophie germanique, « dans un éternel devenir ». […] De notre temps si la Prose s’altère sur quelques points, c’est pour s’enrichir par tant de conquêtes : rappelons-nous la comédie élargissant son domaine, le roman agrandi suscitant ses véritables chefs-d’œuvre, l’histoire faisant de son champ jadis étroit tout un monde d’explorations et de découvertes, la critique vraiment fondée et promue à la dignité d’un genre original où cinq à six hommes supérieurs ont véritablement créé, l’érudition réconciliée avec le beau style et devenue l’une des provinces de la haute littérature, la politique rendant parfois de mauvais services à la pureté de la langue, mais produisant aussi dans la presse et à la tribune d’admirables écrits de polémique et de non moins admirables discours, la philosophie et la religion enfin pour de nouveaux besoins et avec de nouveaux interprètes se créant aussi une langue nouvelle. […] Au moyen âge, notre Poésie sous deux formes s’imposa comme un modèle aux autres peuples : sous la forme lyrique dans le dialecte provençal, la langue d’oc ; sous la forme épique, dans le dialecte qui est devenu le français, la langue d’oïl.