De la subordination de l’Église à l’État, a priori, il n’en avait jamais voulu à aucun degré ; moins encore il pouvait s’y résigner après 1830. […] Cette transformation, non du fond, mais du rôle du catholicisme semblait tellement commandée par les événements et la marche des choses, que ç’a été cent fois, depuis lors, la tentation des catholiques les plus sincères et les plus distingués, avec, seulement, des différences de degré qui ne sont guère que des différences do tempérament. […] Toute épreuve est une lumière nouvelle et un degré gravi. […] Il fut aidé, d’ailleurs, dans sa tâche, par une qualité qu’il possédait à un degré surnaturel. […] Mauvaise tournure d’esprit cependant, qui a été à différents degrés la nôtre pendant cinquante ans environ, et dont nous avons beaucoup de peine à nous affranchir.
Évidemment ; mais c’est là le plus bas degré de la composition. […] Au plus bas degré se trouve évidemment l’art allégorique. […] Entre les deux l’équilibre parfait d’un Goethe, et, à un moindre degré, la pénétration de l’œuvre et de la vie chez un Chateaubriand, un Sainte-Beuve, et même un Flaubert. […] À un degré inférieur, les romans de George Sand figurent pareillement des constructions d’êtres, et Les Misérables aussi. […] De ce point de vue il forme entre André Walter, Paludes, Les Nourritures, le deuxième de quatre degrés qui se suivent très régulièrement.
Je vous assure, mon ami cher et vénéré, que je suis plus malheureux que je ne l’ai jamais été. » Nous saisissons l’aveu : La Fayette, avant tout, possède à un haut degré l’amour de l’estime, le besoin de l’approbation, le respect de soi-même ; ce qui est bien à lui, c’est, dans cette affaire du Canada et dans plusieurs autres, d’avoir sacrifié son désir de noble gloire personnelle à un sentiment d’intérêt public. […] Les plus vils usurpateurs, et jusqu’à Robespierre, en ont eu momentanément le renom ; mais, en se livrant à l’ambition « d’aller, comme il disait lui-même à Lally, toujours en avant, et le plus loin possible », ce qui rappelle le mot de Cromwell, Bonaparte a réuni au plus haut degré quatre facultés essentielles : calculer, préparer, hasarder et attendre. […] Après avoir partagé, au 18 brumaire, ma joie et mon espoir, vous ne tardâtes pas à reconnaître la funeste direction du nouveau gouvernement, et le droit que j’avais de ne pas m’y associer ; Bonaparte perdit par degrés l’estime et la bienveillance d’un des plus dignes appréciateurs du patriotisme et de la vraie gloire ; et cependant, avant d’ôter à la Hollande jusqu’au nom de république, la fortune semble avoir attendu, par respect, qu’elle eût perdu le plus grand et le meilleur de ses citoyens. […] On voit, dans ces récits de conversations, à quel degré La Fayette a le propos historique, le mot juste de la circonstance et comme la réplique à la scène.
L’air et les aliments font le corps à la longue ; le climat, son degré et ses contrastes produisent les sensations habituelles, et à la fin la sensibilité définitive : c’est là tout l’homme, esprit et corps, en sorte que tout l’homme prend et garde l’empreinte du sol et du ciel ; on s’en aperçoit en regardant les autres animaux, qui changent en même temps que lui, et par les mêmes causes ; un cheval de Hollande est aussi peu semblable à un cheval de Provence qu’un homme d’Amsterdam à un homme de Marseille. […] La nature, à tous les degrés, a pour soin unique d’obtenir un résultat supérieur par le sacrifice d’individualités inférieures. […] Or, sans nerfs ni cerveau, ou pour mieux dire sans matière organisée, on n’a jamais constaté jusqu’ici de conscience ni de sentiment à un degré quelconque. […] Dans sa grande franchise et netteté universitaire il passe d’un énorme degré les anticipations précautionneuses de Renan ; Renan ne donnerait pas prise à de tels reproches ; il ne donnerait pas matière à de telles critiques ; il ne donnerait pas cours à de tels ridicules : Renan n’était point travaillé de ces hypertrophies : lui-même il endossait trop bien le personnage de ses adversaires, de ses contradicteurs, de ses critiques éventuels ; toute sa forme de pensée, toute sa méthode, tous ses goûts, tout son passé, toute sa vie de travail, de mesure, de goût, de sagesse le gardaient contre de telles exagérations ; il n‘a jamais aimé les outrances, et, juste distributeur, autant et plus averti sur lui-même que sur les autres encore, il ne les aimait pas plus chez lui-même et pour lui-même qu’il ne les aimait chez les autres ; il aimait moins les outrances de Renan que les outrances des autres, peut-être parce qu’il aimait Renan plus qu’il n’aimait les autres ; comme Hellène il se méfiait des hommes, et des dieux immortels ; comme chrétien, il se méfiait du bon Dieu ; comme citoyen, il se méfiait des puissances ; et comme historien, des événements ; comme historien des dieux, et de Dieu, mieux que personne il savait comment en jouer, et quelles sont les limites du jeu ; il était un Hellène, un huitième sage ; il connaissait d’instinct que l’homme a des limites ; et qu’il ne faut point se brouiller avec de trop grands bons Dieux ; il s’était donc familièrement contenté de donner à l’humanité, à l’historien, les pouvoirs du Dieu tout connaissant ; il n’eût point mis à son temple d’homme un surfaîte orgueilleux et qui bravât la foudre.
Est-ce que nous ne sommes pas dans une constante ignorance du degré, et même de l’existence de nos sentiments ? […] Naturellement le sens dans lequel s’exerce cette déformation et son degré varient extraordinairement suivant les natures. […] L’on voit, dans la Prisonnière, jusqu’à quel degré elle a pu le poursuivre ; l’on voit qu’elle s’approchait par moments, en lui, de la folie, qu’elle fut même certainement, pour lui, un facteur d’isolement et de mort. […] C’est l’écrivain le plus minutieux, le plus attentif aux degrés de la vérité qui ait jamais paru. […] Je voudrais vous faire sentir maintenant par des lectures jusqu’à quel degré cette masse formidable de sensibilité que nous avons soupesée au début et dont nous avons admiré la densité, est imprégnée en même temps de vérité et rayonne pour l’esprit.