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156. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « V »

Vous savez comment j’ai toujours honoré Beethoven, un être presque surhumain ; un de mes plus chers désirs artistiques était de posséder une œuvre qui rapportât fidèlement l’histoire de sa vie et où il fût rendu justice à toutes ses sublimes et éclatantes qualités. […] Ils le firent au-delà de toute prévision, car j’y trouvais l’image de mes propres idées, de mes propres désirs. […] Mon conseiller de cabinet porta l’invitation à Lucerne ; et mon désir ardent s’accomplit bientôt — le poète compositeur vint à Munich. […] « Mon seul désir, en toute cette affaire, est d’obtenir la satisfaction à laquelle j’ai droit : celle d’entendre proclamer que je suis seul à supporter le poids de la responsabilité que j’ai assumée en montant Lohengrin, dans le but unique de servir la cause de l’art dans mon pays.

157. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La duchesse du Maine. » pp. 206-228

Le jour où Louis XIV, cédant au désir de son fils, lui avait permis de se marier, il n’avait pu s’empêcher de dire, dans le bon sens de son préjugé royal : « Ces gens-là ne devraient jamais se marier. » Il prévoyait la confusion et les conflits que cette race équivoque de bâtards légitimés pouvait apporter dans l’ordre monarchique, qui était alors la constitution même de l’État. […] Elle jouait à travers cela la comédie et la bergerie à chaque heure du jour et de la nuit, donnait des idées à tourner en madrigaux à ses deux faiseurs, l’éternel Malezieu et l’abbé Genest, invitait, conviait une foule d’élus autour d’elle, occupait chacun, mettait chacun sur les dents, ne souffrait nul retard au moindre de ses désirs, et s’agitait avec une démonerie infatigable, de peur d’avoir à réfléchir et à s’ennuyer un seul instant. […] Elle n’éprouva jamais une résistance à ses désirs jusqu’à l’époque de la Régence. […] Vous verrez cette enfant gâtée de soixante ans et plus, à qui l’expérience n’a rien appris, car l’expérience suppose une réflexion et un retour sur soi-même ; vous la verrez jusqu’à la fin appeler la foule et la presse autour d’elle ; et à ceux qui s’en étonnent elle répondra : « J’ai le malheur de ne pouvoir me passer des choses dont je n’ai que faire. » Il faut que chaque chambre de ce palais d’Armide soit remplie, n’importe comment et par qui ; on y craint, avant tout, le vide : Le désir d’être entourée augmente de jour en jour, écrivait Mme de Staal (de Launay) à Mme Du Deffand, et je prévois que, si vous tenez un appartement sans l’occuper, on aura grand regret à ce que vous ferez perdre, quoi que ce puisse être.

158. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — II. (Fin.) » pp. 411-433

Le Génie analyse l’amour de soi dans toutes ses transformations, découvre que les maux des sociétés viennent des désirs effrénés, de la Cupidité, fille et compagne de l’Ignorance, etc. […] Il est désormais plus humble, plus circonspect ; il se méfie de ce désir de savoir et de ce besoin de croire, lesquels, combinés dans la jeunesse avec le besoin d’aimer, peuvent se prendre à des idoles et à de faux prophètes : et Rousseau, selon lui, a été un faux prophète. […] Volney lui-même fut ressaisi du désir des voyages, et dans le courant de l’an III, prévoyant pour la France des secousses nouvelles, il s’embarqua au Havre pour aller visiter les États-Unis d’Amérique, c’est-à-dire ce qu’il y avait de plus opposé en tout aux peuples et aux pays d’Orient. […] Dureau de La Malle, et il y avait fait mettre cette inscription philosophique, qui semblait protester à demi contre ces honneurs que pourtant il ne répudiait pas : en 1802 le voyageur volney devenu sénateur, peu confiant dans la fortune, a bâti cette petite maison plus grande que ses désirs.

159. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Première partie. Écoles et manifestes » pp. 13-41

« Ce désir d’être plus suggestive que péremptoire est, je crois bien, l’invention capitale de la poésie d’aujourd’hui. […] Ce très haut et très difficile désir artistique est tout à leur honneur. […] À la religion de la pitié il substitua celle de l’énergie, du désir de dominer « La vertu qui donne ». […] Leur désir a été d’exprimer immédiatement l’inexprimable, si j’ose dire, de fondre leur âme avec la conscience universelle afin de noter, par une sorte d’auscultation intellectuelle, jusqu’aux pulsations de la matière, jusqu’à la respiration du monde. » Tancrède de Visan, Paysages Introspectifs, in-8º, 1904.

160. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Plan, d’une université, pour, le gouvernement de Russie » pp. 433-452

La science éveille le désir de la considération. […] De ce désir naissent des idées d’honneur et de gloire, et ces deux sentiments qui élèvent l’âme et qui l’agrandissent, répandent en même temps une teinte de délicatesse sur les mœurs, les procédés et les discours. […] Qu’ils voient donc tout l’espace qu’ils ont à parcourir, mais qu’en même temps ils soient bien persuadés et du désir et des moyens qu’on a de les secourir. […] L’admiration, générale qu’il obtint sans la mériter soutint le désir de savoir ; le goût des futilités scolastiques passa, celui de la vraie science parut, et tous les grands hommes des siècles suivants sortirent d’autour de ces chaires qu’avaient autrefois occupées Thomas d’Aquin, Albert le Grand, Abeilard, Jean Scot, et qu’occupent aujourd’hui des maîtres à peu près leurs contemporains d’études.

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