Fielding n’avait jamais été très délicat ni très difficile sur le choix de ses sociétés ; et probablement celles que sa place le condamnait à fréquenter, habituellement ne durent pas lui inspirer des goûts très relevés. […] Le Milésien, le Jeune Irlandais, ont été plus heureux, et sont échus à l’esprit fin et délicat d’une femme du noble faubourg. […] Le presbytère de Valneige demandait d’autres couleurs, des nuances plus délicates, distribuées avec plus d’avarice ; M. de Lamartine n’a pas failli à cette partie de sa tâche. […] Je répondrai : Pourquoi le public anglais, qui vante si volontiers l’érudition délicate et le profond discernement de ses universités, a-t-il attendu, pour admirer Milton, l’avis d’Addison ? […] Les progrès de la passion chez Valentine, de cet amour qui domine les deux autres, sont racontés avec un grand charme de naïveté, et remplis d’observations fines, délicates : c’est une étude que les plus habiles moralistes ne dédaigneraient pas d’avouer.
Plus délicate encore, plus fausse assurément, en face de la Femme-auteur, l’attitude de l’homme, s’il est son mari ou son amant. […] J’ajouterai que, lorsqu’une coterie littéraire a pour point central et foyer de rayonnement un jeune astre féminin qui monte à l’horizon, il devient plus délicat encore d’y prendre place. […] En présence de tels héros, si délicats et si sensibles, tout soupçon de violence ou de froissement brutal se trouve écarté de la notion d’amour, par où justement, dans les habituelles rencontres, elle nous paraît avilie, et pour tout dire empreinte d’une grossièreté tant soit peu répulsive. […] Ses parfums, elle les a versés aux pieds délicats de ses amantes. […] De toute son énergie nous la voyons qui rejette la servitude, car la grossièreté du Désir répugne à ses sens délicats, et le geste d’amour esquissé par une main virile implique des froissements qu’elle refuse d’accepter.
Il y a de ces raisons secrètes et délicates, le plus souvent insaisissables, dans ce qu’on est accoutumé d’appeler des hasards heureux. […] « Pour moi, disait Vaugelas, je révère la vénérable Antiquité et les sentiments des doctes ; mais, d’autre part, je ne puis que je ne me rende à cette raison invincible, qui veut que chaque langue soit maîtresse chez soi, surtout dans un empire florissant et une monarchie prédominante et auguste comme est celle de France. » Vaugelas, bien d’accord en cela avec lui-même, pensait que « la plus grande de toutes les erreurs, en matière d’écrire, était de croire, comme faisaient plusieurs, qu’il ne faut pas écrire comme l’on parle. » Il est vrai que cette maxime d’écrire comme l’on parle doit être entendue sainement, selon lui, et moyennant quelque explication délicate.
Je concevrais qu’un art délicat, sans le dire, eût altéré, omis, et quelque peu arrangé cette fin des choses. […] Nommer Rousseau, Pascal, Voltaire, Bernardin de Saint-Pierre ou Fénelon, c’est assez rappeler ces analogies délicates à qui doit les sentir mieux que nous.
Outre le plaisir qu’elle fait à tous les esprits délicats, il l’aimait à cause du dix-septième siècle dont on a dit qu’il était le dernier représentant et dont ces lettres sont remplies ; il l’aimait pour son aimable langue qu’il pratiquait, et pour son esprit dont il avait le tour, étant lui-même, aux yeux des gens auxquels il s’ouvrait, rare sans être extraordinaire, et donnant du prix à ce qu’on pensait en commun avec lui. […] Sans parler du nombre des honnêtes gens, même au contrôle de Saint-Simon, honnêtes gens vraiment vérifiés, combien d’intelligences supérieures, d’esprits fermes ou délicats !