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571. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XX. M. de Montalembert »

Tel est le double défaut capital de l’histoire de M. de Montalembert. […] Il a senti le défaut qui ne venait pas de lui : la monotonie.

572. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Gustave Rousselot  »

Je sais trop de quoi il est fait pour annoncer qu’il vient de naître un homme de génie de plus à la littérature française, et pourtant il est vrai de dire que le Poème humain de Gustave Rousselot, malgré les énormes défauts que j’y signalerai tout à l’heure, a plusieurs des qualités fortes qui constituent le génie poétique, et je suis d’autant moins suspect lorsque j’affirme qu’il les a, que le poème en question, avec son titre que je n’aime pas, est écrit tout entier dans une inspiration que je déteste. […] Elle le laissera vivre, cet agneau… Mais, dans l’intérêt de sa poésie future, elle lui signalera les défauts de sa poésie actuelle, qui sont grands, — aussi grands que ses qualités.

573. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Armand Pommier » pp. 267-279

Or, les défauts de son livre, que je lui demanderai la permission de signaler, viennent justement de sa prétention et de sa préoccupation d’être un romancier physiologique. […] Pommier, qui ne fait pas du tout du fantastique pour du fantastique, a prétendu nous intéresser, et, comme je l’ai dit, il nous y intéresse tout le temps qu’il ne peint que par dehors l’épouvantable créature, et que nous croyons qu’il y aura un défaut de cuirasse humaine dans cette organisation de l’enfer.

574. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon » pp. 423-461

Or, il n’y a rien qui fasse moins défaut et qui vous laisse moins, il n’y a rien de moins paresseux et qui se décourage moins vite que Saint-Simon. […] Au défaut de bonnes fortunes dont son âge et sa figure l’excluoient, il y suppléoit par de l’argent, et l’intimité de son fils et de lui, de M. le prince de Conti et d’Albergotti, portoit presque toute sur des mœurs communes et des parties secrètes qu’ils faisoient ensemble avec des filles. […] Voltaire sur sa fin avait, dit-on, formé le projet « de réfuter tout ce que le duc de Saint-Simon, dans ses Mémoires encore secrets, avait accordé à la prévention et à la haine. » Voltaire, en cela, voyait où était le défaut de ces redoutables Mémoires, et aussi, en les voulant infirmer à l’avance, il semblait pressentir où était le danger pour lui, pour son Siècle de Louis XIV, de la part de ce grand rival, et que, lorsque de tels tableaux paraîtraient ; ils éteindraient les esquisses les plus brillantes qui n’auraient été que provisoires. […] Dès la seconde page, Saint-Simon nous montre sa mère qui lui donne dès l’enfance de sages conseils et qui lui représente la nécessité, à lui fils tardif d’un vieux favori oublié, d’être par lui-même un homme de mérite, puisqu’il entre dans un monde où il n’aura point d’amis pour le produire et l’appuyer : « Elle ajoutoit, dit-il, le défaut de tous proches, oncles, tantes, cousins germains, qui me laissoit comme dans l’abandon à moi-même, et augmentoit le besoin de savoir en faire un bon usage sans secours et sans appui ; ses deux frères obscurs, et l’aîné ruiné e‌t plaideur de sa famille, et le seul frère de mon père sans enfants et son aîné de huit ans. » Or, ne trouvant pas la phrase assez claire dans son tour un peu latin, l’édition de 1829 a dit : « Elle ajoutoit le défaut de tous proches, oncles, tantes, cousins germains, qui me laissoit comme dans l’abandon à moi-même, et augmentoit le besoin de savoir en faire un bon usage, me trouvant sans secours et sans appui ; ses deux frères étant obscurs, et l’aîné ruiné et plaideur de sa famille, et le seul frère de mon père étant sans enfants et son aîné de huit ans. » Me trouvant et deux fois étant sont ajoutés.

575. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre cinquième. De l’influence de certaines institutions sur le perfectionnement de l’esprit français et sur la langue. »

Au lieu d’un vain échange d’éloges prodigués à de méchants vers, il y eut, entre les hôtes de la petite chambre, un échange efficace de conseils et de remarques sur les défauts de chacun. […] La résistance modeste de la petite société à devenir une académie ; le soin de se réduire à la fonction de nettoyer la langue des défauts qui la gâtaient ; l’adoption du titre d’Académie française comme le plus propre à cette fonction ; une modération qu’inquiète, sans la corrompre, l’impatience du cardinal fondateur ; tout cela prouve qu’il y avait, au fond de cette institution, une vérité supérieure et générale qui dominait les volontés particulières. […] L’injustice décourage ; mais une justice froide, qui ne s’étourdit pas des beautés et ne s’irrite point des défauts, est un puissant aiguillon pour les hommes supérieurs, secrètement d’accord avec ceux qui les jugent. […] Mais l’Académie n’avait point à faire valoir les séductions de la pièce ; son rôle était de défendre contre les défauts du Cid le goût public, qui se formait pour les beautés de Cinna et de Polyeucte. D’ailleurs, par la résistance qu’elle fit au cardinal, avant de rendre ce jugement, par la lenteur qu’elle mit à en donner connaissance au public, elle témoigna clairement que si elle relevait des défauts, c’était dans un objet admiré.

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