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221. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre I. Malherbe »

Mais ici se découvre un autre principe, que .Malherbe extrait de ce qu’il estime être la fonction littéraire de la langue : il veut qu’on satisfasse à la raison, ainsi qu’à l’usage ; et l’usage même tire son autorité de la raison. […] Or, au temps même où il travaillait ses strophes éloquentes, un des plus négligents faiseurs de vers qu’il y ait eu, un des plus grossiers adeptes de la théorie du naturel facile, un barbouilleur qu’on ose à peine nommer un écrivain, et qui, dans les rares moments où les doctrines littéraires le préoccupaient, ne jurait que par Ronsard ; Alexandre Hardy, fournissait à l’esprit classique cette forme nécessaire que Malherbe ne savait pas découvrir, et fondait la tragédie.

222. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Chamfort »

« Il avait découvert — dit Mirabeau avec cette cruelle ironie qu’ont parfois entre eux tous ces voluptueux sans pitié — une maladie pour laquelle les médecins lui devaient des remerciements, car on la croyait tout à fait perdue. » Mais il avait sur le cœur une bien autre lèpre, et ce fût celle-là qui le poussa à cet horrible suicide de dix-huit coups de rasoir, dont sa main enragée se hacha le cou… Quant à sa gloire, elle est légère. […] Pires que les fils de Noé, qui ne découvrirent que la honte paternelle, ils ont parlé de ce qu’ils auraient dû voiler de silence par respect de fils, — si des bâtards peuvent être des fils !

223. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XIII. Pascal »

Augustin Thierry de sa cécité, — mais avec cette profondeur agitée, et s’il n’a pas toujours découvert ce qu’il nous y montre, il a parfois ajouté à ce qui déjà y avait été découvert.

224. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Introduction »

La fin une fois posée a priori, il serait possible de découvrir a posteriori les moyens les mieux adaptés à cette fin. […] Aurions-nous réussi, en comparant analytiquement les circonstances de leur apparition, à découvrir les phénomènes avec lesquels leur rapport est constant, et d’autre part à prouver, en dérivant ce rapport de vérités plus générales, qu’il est autre chose qu’une coïncidence, alors la loi de la production de l’égalitarisme nous serait connue ; il serait pour nous, dès lors, l’objet d’une véritable « science ».

225. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « Introduction »

Une science exacte et positive ne peut point se borner à des affirmations vagues ; elle doit prouver et vérifier ses assertions, c’est-à-dire peser les plus minutieux détails ; un chimiste ne craindra pas de consacrer plusieurs années à l’étude d’un seul corps simple et de ses composés, un zoologiste à celle de quelque humble infusoire que le microscope seul découvre. […] La loi de l’attraction universelle et celle de la corrélation des forces nous laissent entrevoir ce que les sciences peuvent découvrir par l’accumulation des faits, le calcul et la rigueur des méthodes. […] Je n’ignore pas que dans ces dernières années on a répété après Maine de Biran et Jouffroy « que l’âme se connaît, se saisit immédiatement. » Mais outre que ces psychologues ont dépensé vingt ou trente ans d’étude avant de découvrir cette connaissance immédiate (ce qui peut paraître assez surprenant), leur découverte ne semble pas nous avancer beaucoup ; car quand on a longtemps et scrupuleusement cherché ce que c’est que cette essence intime ainsi révélée, on n’arrive à trouver que les expressions vagues « d’activité absolue », « d’esprit pur en dehors du temps et de l’espace » : d’où l’on peut conclure que le plus net de notre connaissance consiste encore dans les phénomènes. […] Les naturalistes ont découvert certaines corrélations organiques sur lesquelles ils se fondent pour restituer un animal à l’aide de quelques fragments. […] Ne pourrait-on arriver de même à découvrir des corrélations psychologiques ?

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