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141. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (1re partie). Littérature scientifique » pp. 221-288

C’est dans cet esprit que le volcan de Ténériffe fut pour Humboldt la clef des grands mystères de la vie générale ; il découvrit les différents moyens que la nature emploie pour créer et pour détruire, il apprit ainsi à faire d’un fait isolé la mesure des faits généraux. […] Mais la première douleur qu’éprouva le navigateur, ce fut lorsqu’il découvrit un jour, au loin, le corps et les débris d’un malheureux navire que les plantes marines enlaçaient de toutes parts. […] IX M. de Humboldt n’était pas un savant, dans le sens légitime du mot, car il n’avait ni découvert, ni inventé quoi que ce fût au monde ; il n’était pas un écrivain de premier ordre, car il n’avait rien écrit d’original. […] Nous avons plusieurs fois essayé de lire ce voyage tant vanté, sans pouvoir y découvrir autre chose que des prétentions pénibles : l’effort d’un savant réel pour atteindre le génie, et la volonté constante, infatigable, acharnée, de mériter, à force de flatteries, des flatteurs. […] Il n’avait qu’un vrai mérite, il étudiait consciencieusement ce que les autres avaient découvert ; il savait, dans le sens borné du mot science, et il préparait dans l’ombre le procès-verbal à peu près complet de tout ce que le monde savait ou croyait savoir de son temps pour écrire un jour son Cosmos.

142. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (4e partie) » pp. 429-500

Où on n’apercevait la veille qu’une masse informe de verdure, on découvre le lendemain un arbre en fleur, une cime, un dôme paré de vives couleurs et créé, pour ainsi dire, par la baguette d’un magicien. […] La cloche sonne, le prêtre s’agenouille, le matelot se découvre, toutes les figures se rassérènent, toutes les conversations se taisent : c’est à l’invisible Infini qu’on va parler. […] Langues, idées, théologies, saintetés, invocations, martyres, héroïsme, dévouement, prodiges, chants sacrés dont les débris témoignent d’une majesté divine visible aux poètes inspirés, morale surhumaine, mystérieuse, que l’homme n’aurait pu découvrir, invocation perpétuelle au Créateur, l’anéantissement de la matière devant l’intelligence sacrée : tels sont les vestiges que ces révélations indiennes conservent des premiers temps de l’entretien des dieux et des hommes. […] Qu’il pense et qu’il écrive encore : ses conjectures sont l’aurore des vérités qu’il découvrira. […] Il est permis de le chercher, il est interdit de le découvrir.

143. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « De l’influence récente des littératures du nord »

Dans l’Ennemi du peuple, un médecin de petite ville découvre que la source d’eau minérale dont l’exploitation fait toute la richesse du pays est empoisonnée. […] L’évolution intellectuelle de notre philosophe est achevée ; il est parvenu à l’avatar suprême, l’indifférence mystique. » Rien ne m’étonne plus que l’étonnement de ceux qui ont cru découvrir, dans ces pages, la charité, la pitié, le respect de la bonté et de la beauté morales offusquées par d’humbles et sordides apparences. […] En repensant nos pensées, ils nous les découvrent. […] Ils le sont encore par cette large sympathie humaine que nous croyons aujourd’hui découvrir chez les étrangers et qui, pourtant, a toujours été une de nos marques les plus éminentes. […] Ainsi au xviiie siècle nous avons découvert les romans de Richardson, qui avait imité Marivaux.

144. (1830) Cours de philosophie positive : première et deuxième leçons « Première leçon »

(2) En étudiant ainsi le développement total de l’intelligence humaine dans ses diverses sphères d’activité, depuis son premier essor le plus simple jusqu’à nos jours, je crois avoir découvert une grande loi fondamentale, à laquelle il est assujetti par une nécessité invariable, et qui me semble pouvoir être solidement établie, soit sur les preuves rationnelles fournies par la connaissance de notre organisation, soit sur les vérifications historiques résultant d’un examen attentif du passé. […] (5) Enfin, dans l’état positif, l’esprit humain reconnaissant l’impossibilité d’obtenir des notions absolues, renonce à chercher l’origine et la destination de l’univers, et à connaître les causes intimes des phénomènes, pour s’attacher uniquement à découvrir, par l’usage bien combiné du raisonnement et de l’observation, leurs lois effectives, c’est-à-dire leurs relations invariables de succession et de similitude. […] Mais, quoi qu’il en soit, représentons-nous, autant que possible, cette disposition si universelle et si prononcée, et demandons-nous quel accueil aurait reçu à une telle époque, en la supposant formée, la philosophie positive, dont la plus haute ambition est de découvrir les lois des phénomènes, dont le premier caractère propre est précisément de regarder comme nécessairement interdits à la raison humaine tous ces sublimes mystères que la philosophie théologique explique, au contraire, avec une si admirable facilité jusque dans leurs moindres détails. […] Notre activité intellectuelle est suffisamment excitée par le pur espoir de découvrir les lois des phénomènes, par le simple désir de confirmer ou d’infirmer une théorie. […] Qu’une classe nouvelle de savants préparés par une éducation convenable, sans se livrer à la culture spéciale d’aucune branche particulière de la philosophie naturelle, s’occupe uniquement, en considérant les diverses sciences positives dans leur état actuel, à déterminer exactement l’esprit de chacune d’elles, à découvrir leurs relations et leur enchaînement, à résumer, s’il est possible, tous leurs principes propres en un moindre nombre de principes communs, en se conformant sans cesse aux maximes fondamentales de la méthode positive.

145. (1868) Alexandre Pouchkine pp. 1-34

Pouchkine, au contraire, avait découvert une mine inconnue, car alors le beau monde de Saint-Pétersbourg n’entendait rien aux antiquités slaves ; mais, tout le premier, il en méconnut l’importance et il n’y apporta que la curiosité un peu méprisante d’un voyageur européen qui aborde dans une île de sauvages. […] Je crois qu’il ne serait pas impossible de lui ravir la gloire de l’invention, et de remonter à l’antiquité pour découvrir des modèles, si, dans une œuvre de ce genre, le mérite de l’exécution n’était pas le plus important, disons mieux, le seul à considérer. […] Il devient le poète du grand et du beau, dès qu’il l’a découvert. […] Mais pourquoi Onéguine ne découvre-t-il pas d’abord le diamant sous la gangue qui le cache ?

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