Ne sera-t-il donc pas permis de dire que des vers, prétendus philosophiques, sont froids & rampans ; de relever des défauts de poésie, de versification, de style & de goût ; de se plaindre d’une langueur & d’une monotonie assommantes dans un Ouvrage (le Poëme des Saisons) dont l’agrément, la chaleur & la variété devoient faire tout le prix, sans avoir à craindre une détention ignominieuse, quand on n’offense, ni la Religion, ni le Gouvernement, ni les mœurs ?
On voudroit qu’ils apprissent à se respecter eux-mêmes, à craindre les écarts & le sort de leurs semblables ; à mieux user des dons qu’ils ont reçus de la nature ; à ne se point rendre le jouet du public.
Il a craint sans doute qu’on ne le soupçonnât d’avoir voulu lutter contre Horace, qui, dans une de ses Épîtres, a mis en vers cet Apologue d’une manière beaucoup plus piquante et plus agréable.
Au-dessous de Jupiter sévère, je vois un scélérat qu’on se prépare à lier ; il est désespéré, il regarde la terre, il se frappe le front du poing. à côté de ce brigand, car il en a bien l’air, un jeune homme qui lui a saisi le bras, qui tient une chaîne de sa main gauche, et qui serre si fort cette chaîne qu’on dirait qu’il craint plus qu’elle ne lui échappe que son coupable.
Les passions qui leur donnent les joïes les plus vives leur causent aussi des peines durables et douloureuses ; mais les hommes craignent encore plus l’ennui qui suit l’inaction, et ils trouvent dans le mouvement des affaires et dans l’yvresse des passions une émotion qui les tient occupez.