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718. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Mistral. Mirèio »

cela dit au préalable et accepté, l’auteur de Mirèio, de ce poëme que je viens d’appeler plus haut une épopée, est-il un poète épique surgissant tout à coup parmi nous, et la Critique la plus généreusement intrépide prendrait-elle sur soi de le revêtir de cette épithète lumineuse ? […] » quand tout à coup il nous a lui-même appris qu’il fait partie d’une littérature !

719. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. de Banville. Les Odes funambulesques. »

Il n’est pas devenu funambule du premier coup. […] Quand l’Inspiration, dont le caractère semble être d’agrandir notre âme aux dépens de notre corps, ne nous a pas, comme dans le livre dont il s’agit ici, allégé le poids de nos organes, et qu’on a été soumis au martelage tellement appuyé de ce double coup, la sensibilité en est comme stupéfiée, on est accablé de cette matérielle perfection, et on éprouve le désir de retourner à quelque négligé divin, à quelque mal rimé, puissant ou exquis, comme Alfred de Musset ou Maurice de Guérin, par exemple.

720. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Vierset, Auguste (1864-19..) »

Des dizains descriptifs nous montrent le désert, les nomades au seuil ronge et noir de leurs tentes, des femmes en prière sous les dattiers en fleurs ; des sonnets racontent des écrans japonais ; on a l’impression d’un album où des notes rapides ont été, après coup, rehaussées d’un minutieux travail d’aquarelliste.

721. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

M. de Vigny en effet, en les réimprimant dans l’édition de 1829 et ensuite dans ses œuvres complètes, a jugé bon de les vieillir après coup de quelques années. […] Le danger est trop grand, en voulant favoriser le talent, de fomenter et d’exciter du même coup la médiocrité ou la sottise. […] Lui, il était resté sous le coup d’un triomphe unique ; il y avait mis son signet et avait fermé le livre, ne le rouvrant plus jamais qu’à la même place et se donnant mille prétextes pour ne pas continuer et récidiver. […] Le discours de M. de Vigny, avec les circonstances du débit, fut la principale causé du succès de l’orateur rival, devenu tout d’un coup adversaire. […] Les filles du Destin se croient dépossédées du coup et vaincues ; elles remontent au ciel pour y prendre le nouveau mot d’ordre et demander la loi de l’avenir ; mais elles redescendent bientôt sous un nouveau titre : la Grâce les renvoie et les autorise de nouveau.

722. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier. — Correspondance de Chateaubriand (3e partie) » pp. 161-240

VII Ce départ de M. de Chateaubriand pour Rome semble tout à coup réchauffer sa correspondance avec madame Récamier de tous les souvenirs des premières tendresses. […] Tout à coup le bruit des roues d’une calèche qui venait rapidement derrière moi fit faire un écart à mon cheval. […] » Le remords de ses éloignements momentanés de Juliette le ressaisit tout à coup. […] C’était un étrange mélange d’indécence et de grandeur : des coups de marteau qui clouaient le cercueil d’un pape, quelques chants interrompus, le mélange de la lumière des flambeaux et de celle de la lune, le cercueil enfin enlevé par une poulie et suspendu dans les ombres, pour le déposer au-dessus d’une porte dans le sarcophage de Pie VII, dont les cendres faisaient place à celle de Léon XII. […] Quand on fait à midi ce qui ne doit être fait qu’à minuit, on échoue : l’heure est tout dans le choix des moments où les peuples refusent ou acceptent les coups d’État de la lassitude.

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