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521. (1890) L’avenir de la science « XIX » p. 421

Nos jolies imitations du style classique, nos pastiches de couleur exotique sont bien du Lucien. […] L’étude est comme une corne d’abondance versant d’en haut sur cet arbre des choses de mille couleurs et de mille formes. […] Je suis persuadé que les femmes porteraient là leur individualité et réfracteraient l’objet en couleurs nouvelles.

522. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Histoire » pp. 179-240

Peindre la France, les mœurs, les âmes, la physionomie nationale, la couleur des choses, la vie et l’humanité de 1789 à 1800, — telle a été notre ambition. […] Ce sont toutes ces choses et d’autres encore qui manquaient à ce livre, lors de sa première apparition, que j’ai tâché d’introduire dans cette nouvelle édition, m’appliquant à apporter dans la résurrection de mes personnages, la réalité cruelle que mon frère et moi avons essayé d’introduire dans le roman, m’appliquant à les dépouiller de cette couleur épique que l’Histoire a été jusqu’ici toujours disposée à leur attribuer, même aux époques les plus décadentes. […] Négligé par l’histoire, le xviiie  siècle est devenu la proie du roman et du théâtre, qui l’ont peint avec des couleurs de vaudeville, et ont fini par en faire comme le siècle légendaire de l’opéra-comique.

523. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Première partie. Écoles et manifestes » pp. 13-41

La nuance a détrôné la couleur, l’écriture a détrôné le style, les thèses et les systèmes ont chassé la vie. […] La méthode classique subordonnait les détails à l’ensemble ; les romantiques, les parnassiens, les symbolistes, les naturalistes, — comme tous les artistes, — s’hypnotisèrent dans la contemplation du détail original. « L’harmonie des couleurs est d’un effet plus puissant que leur opposition brusque, mais c’est un effet plus difficile à obtenir. […] Fontanes, en son temps, paraissait un classique pur à ses amis ; voyez quelle pâle couleur cela fait à vingt-cinq ans de distance.

524. (1868) Curiosités esthétiques « VII. Quelques caricaturistes français » pp. 389-419

Ses lithographies et ses dessins sur bois éveillent des idées de couleur. […] Il fait deviner la couleur comme la pensée ; or c’est le signe d’un art supérieur, et que tous les artistes intelligents ont clairement vu dans ses ouvrages. […] A travers toutes ses tergiversations, on suit partout un filon souterrain aux couleurs et au caractère assez notables.

525. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’art et la sexualité »

Tout être vivant qui, plongé dans un milieu d’action et de passion, de haines et de sympathies, de lutte et de liberté, de mille et mille liens entremêlés, d’hommes et de femmes, dans un ensemble de toutes les vies, de toutes les natures, de toutes les jouissances, ne s’élance pas d’un libre instinct dans ce riche univers, pour y satisfaire sa soif infinie du plaisir et lui demander sa part de tout ce qu’il recèle de saveur et de sens, ne sera jamais qu’un rameau desséché sur l’arbre de la grande vie : sans parfum, sans éclat, sans fruit et sans couleur, sans force créatrice. […] Je crois au contraire que toutes les œuvres où éclatent la couleur, la nouveauté, la richesse et la variété, — toutes qualités du génie — ont eu pour auteurs des êtres vivant et sentant, en intime et sensuel contact avec le monde, dépourvus de la crainte de s’y mêler largement et d’y renouveler sans cesse leur vitalité par des sensations intégralement et réellement vécues. […] Puisque vous n’atteignez dans vos œuvres aucun sens général et positif de la vie, que ses richesses et ses couleurs, ses millions de formes et ses ardeurs, ses printemps et ses hivers, vous sont inconnus et même odieux, je ne vois pas que le travail accompli par le plus simple ouvrier de fabrique soit inférieur à vos précieux produits.

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