Avec quelles couleurs, dans une lettre du 10 septembre 1728, à M. […] Ce n’est pas rendre justice à cet émule des Xavier, des Spinola & de tant d’autres apôtres sublimes de tous les pays & de tous les ordres que de le déchirer & de le peindre de ces couleurs(*) : « Les rois trouvoient en lui un homme complaisant ; les payens, un ministre qui s’accommodoit de leurs superstitions ; les mandarins, un fin politique, instruit de tout le manège de la cour ; & le démon, un ministre affidé qui affermissoit son règne parmi les infidèles, loin de le détruire, & qui même l’étendoit parmi les chrétiens ». […] Dans le préambule de la même ordonnance, que la faculté de Paris n’a eu garde d’enregistrer, il est dit que les médecins porteront une couleur cérulée, qui est une couleur funeste, parce qu’ils en font plus mourir qu’ils n’en sauvent.
. — L’honneur est moins sévère que la vertu ; la gloire est plus facile à contenter que l’honneur : c’est que, plus un homme nous éblouit par sa libéralité, moins nous songeons à demander s’il a payé ses dettes. » Elle entre à tout moment dans le vrai par le paradoxal, dans le sensé par le piquant, par la pointe pour ainsi dire ; il y a du Sénèque dans cette première allure de son esprit, du Sénèque avec bien moins d’imagination et de couleur, mais avec bien plus de sûreté au fond et de justesse : une sorte d’humeur y donne l’accent.
La souveraineté y flotte sans titre, sans base, sans forme, sans organe, comme un de ces nuages dans le vide auquel l’imagination ivre de métaphysique peut donner les formes et les couleurs qui lui conviennent !
Ses traits correspondant à cette majesté du corps, un front haut et droit, un œil vaste, encaissé profondément dans une arcade creuse et sévère ; un nez droit bien dessiné, surmontant une bouche dédaigneuse ; un tour de visage maigre et dur ; des cheveux touffus et longs, couleur de feu, comme ceux d’un Apollon des Alpes, qu’il rejetait en arrière, tantôt enfermés dans un ruban, tantôt flottant et épars sur le collet de son habit : cheveux rouges qu’on ne rencontre jamais en Italie, mais qui sont le signe des races étrangères et la marque naturelle de l’homme du Nord, l’Anglais, l’Allobroge, le Piémontais teint de Savoyard.
Sous la parure qu’elle portait d’ordinaire à la fois brillante et négligée, sous ce turban de couleur écarlate qui renfermait à demi ses épais cheveux noirs et s’alliait à l’éclat expressif de ses yeux, madame de Staël ne semblait plus la même personne : son visage était abattu et comme malade de tristesse.