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628. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Sieyès. Étude sur Sieyès, par M. Edmond de Beauverger. 1851. » pp. 189-216

Non seulement on n’a jamais recueilli en corps ses œuvres politiques, ses rares discours ; mais ses lettres, ses papiers, ses études particulières et silencieuses qu’il accumulait depuis tant d’années, et qu’il continua plus longtemps qu’on ne le suppose, rien de tout cela n’est sorti, et pourtant tout cela existe : nous le savions ; mais quand on nous a dit que ce précieux dépôt de famille était confié à M.  […] Parlant de l’Ancien Régime et de l’ancien monde, il écrivait, vers 1774 : « Le genre humain est un corps gangrené d’une part, et dont les mouvements sont convulsifs de l’autre. Les hommes qui pensent sont la partie vive et libre qui redonnera la vie à tout le corps. […] Historiquement, comme Descartes, il est injuste ; il ne daigne pas se rendre compte du passé ; il considère tout d’abord les privilèges comme d’informes excroissances du corps social, et que la barbarie seule a pu considérer comme des beautés.

629. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1870 » pp. 321-367

Plus souvent encore, c’étaient des terreurs, des fuites de corps, des blottissements sous les draps, où il se cachait comme d’une apparition obstinément installée dans le fond de ses rideaux, et contre laquelle s’animait l’incohérence de sa parole : apparition qu’il désignait d’un doigt effrayé, et à laquelle il cria une fois très distinctement : « Va-t’en ! […] * * * L’épouvantable immobilité sous les draps, que celle de ce corps, qui n’a plus le soulèvement léger de la respiration, qui n’a plus, dans le lit, la vie du sommeil. […] » On a jeté les roses dans le creux autour de son corps, on en a mis une blanche sur le drap, un peu soulevé par sa bouche. Alors la forme de son corps a disparu sous un amoncellement de poussière brune… Puis on a vissé le couvercle.

630. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre deuxième. Le génie, comme puissance de sociabilité et création d’un nouveau milieu social »

Dans la composition des caractères, par exemple, l’art combine, comme les chimistes dans la synthèse des corps, des éléments empruntés à la réalité. […] Ces types-là sont une création de l’imagination humaine, au même titre que tel corps qui n’existait pas dans la nature et qui a été fabriqué de toutes pièces par la chimie humaine avec des éléments existants dont elle a seulement varié la combinaison. […] Les grandes personnalités et leur milieu sont dans une action réciproque, qui fait que le problème de leurs rapports est souvent aussi insoluble scientifiquement que le « problème des trois corps » et de leur attraction mutuelle. […] Les génies d’art ne meuvent pas les corps, mais les âmes : ils modifient les mœurs et les idées.

631. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 449-450

Les Dissertations qu’il a répandues dans le corps de l’Ouvrage du P.

632. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre IV. Unité et mouvement »

Ces parties qui s’accordent dans l’unité du tout ne sont point les matériaux inertes d’une construction immuable et fixe, ce sont les organes d’un corps mobile et vivant, assemblés pour l’action et pour une évolution sans arrêt qui les développe et les transforme. […] Quand il y a dans le discours un véritable mouvement, nulle part on n’aperçoit de solution de continuité : le développement s’achemine tout d’une suite à son but, comme, dans l’être vivant, chaque état du corps, chaque moment de la vie plongent dans l’état et dans le moment qui précèdent, et ne sauraient s’en distinguer : l’enfant devient homme insensiblement, et change en restant le même.

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