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632. (1860) Cours familier de littérature. X « LIXe entretien. La littérature diplomatique. Le prince de Talleyrand. — État actuel de l’Europe » pp. 289-399

XXI La guerre de la république avec l’Europe en ce moment était plutôt une sorte d’habitude et d’impulsion continuée qu’une guerre d’intérêt ou de passion. […] La Russie, l’Autriche et l’Angleterre continuèrent seules le duel à mort contre les armées et les escadres de la république. […] M. de Talleyrand n’est plus que le ministre officiel d’une diplomatie passionnée et menaçante qui porte encore son nom, mais qui n’est plus sienne ; il continue à tort de la servir sans pouvoir la tempérer. […] C’est ce que M. de Talleyrand, redevenu en une heure l’oracle de la France et de l’Europe, définit admirablement dans le conseil des rois : « La république est une impossibilité ; la régence, c’est Napoléon continué, avec le ressentiment de sa déchéance et l’inimitié de l’Europe ; Bernadotte (candidat alors de la Russie), c’est une intrigue : la légitimité seule est un principe. » Cette note verbale était l’expression exacte et forte de la France, de l’Europe et du temps ; elle portait en peu de mots un sens souverain et irréfutable. […] Casimir Périer, et, moi-même, je ne suis plus rien ici ; car c’est sa force pacifique au conseil du roi de France qui me donne ma force ici pour rassurer, intimider ou contenir les passions de l’Europe. » Et, en reprenant sa plume pour continuer, de sa fine écriture, sa dépêche à M. 

633. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIIe entretien. Vie du Tasse (3e partie) » pp. 129-224

« Le sérénissime prince, dit-il, me laisse bien circuler dans toute la ville de Mantoue, suivi par un seul page ; mais je ne me sens pas sûr d’être libre ; d’ailleurs je suis aussi mélancolique ici qu’à Ferrare, j’ai besoin d’être guéri ailleurs. » Plus loin : « Je ne puis continuer, écrit-il, à vivre dans une ville où toute la noblesse ne me cède pas le premier rang ; c’est là mon humeur et mon principe !  […] Il s’arrêta d’abord à Bologne, chez son ami Constantin ; la ville savante se pressa tout entière à la porte de son hôte ; de là il alla à Loretto ; arrivé sans argent à la porte de la ville, il écrivit à don Ferrante Gonzagua, qui se trouvait par dévotion à Loretto, de lui prêter dix écus pour continuer son voyage. […] « À la vue soudaine d’armes inconnues, ils se troublent et s’effrayent ; mais Herminie les salue, les rassure, découvre ses beaux yeux et sa blonde chevelure : Heureux bergers, leur dit-elle, continuez vos jeux et vos ouvrages ; ces armes ne sont point destinées à troubler vos travaux ni vos chants. […] Sa détresse continua d’être déplorable ; une fièvre lente le consumait. […] Il est juste alors, continua-t-il, qu’il connaisse sa propre valeur, qu’il ne se ravale pas lui-même.

634. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVe entretien. Alfred de Vigny (2e partie) » pp. 321-411

Comme ils continuaient à se parler bas, le jeune homme lui baisant le front de temps en temps, elle pleurant, cela m’impatienta. […] Nous continuâmes ainsi à marcher dans un grand silence. […] « Il ne répondit pas, et se mit à décrire toutes les sortes de canots que peut porter un brick, et leur position dans le bâtiment ; et puis, sans ordre dans ses idées, il continua son récit avec cet air affecté d’insouciance que de longs services donnent infailliblement, parce qu’il faut montrer à ses inférieurs le mépris du danger, le mépris des hommes, le mépris de la vie, le mépris de la mort et le mépris de soi-même ; et tout cela cache, sous une dure enveloppe, presque toujours une sensibilité profonde. — La dureté de l’homme de guerre est comme un masque de fer sur un noble visage, comme un cachot de pierre qui renferme un prisonnier royal. […] « — Voulons-nous continuer notre marche, commandant ? […] X Le livre continue ainsi de catastrophe en catastrophe.

635. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCIXe entretien. Benvenuto Cellini (1re partie) » pp. 153-232

J’en jouai si parfaitement que mon père, arrivant à l’improviste, me bénit mille fois, m’assurant que j’avais fait de grands progrès pendant mon absence, et me conjurant de continuer, de ne pas négliger un si beau talent. […] Quand nous y fûmes, mon compagnon de voyage me dit qu’il s’était fait mal au pied, et me pria de lui prêter un peu d’argent pour retourner à Florence : il ne m’en reste pas assez, lui dis-je, pour continuer ma route, et je t’engage à me suivre. […] Benvenuto commença par travailler pour un évêque espagnol, mais son ambition, qui grandissait avec son talent, continuait toujours au-delà de sa fortune. […] J’eus plusieurs bombardiers sous mes ordres : il m’assigna une paye et des vivres, et me recommanda de continuer comme j’avais commencé. […] « Mes amis continuaient leurs visites et leurs offres de services.

636. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 avril 1885. »

ChroniqueLes Wagnéristesao Les Maîtres Chanteurs continuent, à Bruxelles, d’être joués devant un public nombreux. […] Joncières… ils s’en défendent, et c’est d’un beau patriotisme… mais les auditeurs sentent bien qu’ils ont pris au musicien de Bayreuth ce qu’il avait de possible et de bon. » Ils ne sont point des wagnéristes : ils continuent, les accommodant au goût moderne, le mélodrame de Meyerbeer, ou l’opérette d’Adam, enseignés au Conservatoire. […] Dire d’une musique qu’elle est sans mélodie, cela veut dire seulement, pris dans l’acception la plus élevée : le musicien n’est pas parvenu au parfait dégagement d’une forme saisissante, qui gouverne avec sûreté le sentiment. » La véritable mélodie est dans Beethoven et la musique allemande, continue, variée et constante, expressive sans exagération. […] De là, par notre alimentation animale continue et nos guerres, la décadence où nous sommes parvenus et l’impuissance de l’art à remplir pour nous sa tâche religieuse. […] — L’auteur, très connu en Allemagne par ses écrits politiques, légèrement socialistes, démontre que, nonobstant la recrudescence de l’esprit national qui caractérise notre époque actuelle, l’influence que chaque pays reçoit de tous les autres, n’en continue pas moins.

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