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210. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. »

On a bientôt dit, avec l’abbé de Choisy : Esprit audacieux, insatiable de crédit  ; — ou avec Duclos : Puissant génie, âme féroce  : « C’était sans doute, ajoutait ce dernier, un ministre supérieur pour conduire une guerre ; mais, si on le considère comme citoyen, c’était un monstre. » Cette expression de monstre d’égoïsme , appliquée à Louvois, a fait fortune et a trouvé des échos. […] Que d’affaires, que de desseins, que de projets, que de secrets, que d’intérêts à démêler, que de guerres commencées, que d’intrigues, que de beaux coups d’échecs à faire et à conduire ! […] Je vous supplie donc de vous laisser persuader, et de vous souvenir que, la citadelle de Lille ayant l’honneur d’être votre fille aînée dans la fortification, il est juste que vous lui fassiez quelque prérogative. — Rien, disait-il encore en ouvrier amoureux de son ouvrage, rien n’est mieux conduit ni plus beau que toute cette maçonnerie ; l’on n’y voit pas le moindre défaut. » La maçonnerie était belle, mais on menait les maçons un peu rudement : « Pour empêcher la désertion des maçons, qui me faisait enrager, j’ai pris, sous votre bon plaisir, deux gardes de M. le maréchal (d’Humières), des plus honnêtes gens, qui auront leurs chevaux toujours sellés dans la citadelle, avec chacun un ordre en poche et un nerf de bœuf à la main ; les soirs, on verra ceux qui manqueront ; après quoi, dès le matin, ils les iront chercher au fond de leur village, et les amèneront par les oreilles sur l’ouvrage. » Est-il besoin d’avertir qu’il y a quelque plaisanterie dans cette rudesse un peu grossière ?

211. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. (suite) »

Lui-même, il venait de donner six sous au Diable et se laissait conduire. […] Si vous tenez à Dieu, c’est par Ève. » Elle est bien fille d’Ève, en effet ; elle le prouve en venant chez lui, en s’y laissant conduire. […] » Mais se serait-on attendu, je vous prie, que le peintre dont le crayon railleur a tant dévoilé de misères et de duplicités féminines dans un ordre vulgaire, nous conduirait à étudier sous sa plume discrète une telle femme, une telle distinction maladive de la sensibilité ?

212. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Exploration du Sahara. Les Touareg du Nord, par M. Henri Duveyrier. »

Au moment d’y entrer, le cheik Othman, son protecteur et son grand ami, qui s’était chargé de le conduire chez les Touareg, lui fit quatre recommandations : « 1° S’armer de beaucoup de patience et de résignation ; — 2° Ne pas intervenir dans les discussions des guides ou khebir, relativement à la marche de la route ; — 3° Faire provision de beaucoup d’eau ; — 4° Être libéral envers les guides, envers ses serviteurs et ses compagnons de voyage. »   Ces guides du Sahara sont des personnages respectés. […] Qui l’y conduira ? […] Othman fait d’abord trois voyages en Algérie, et, entre chacun de ces trois voyages, il conduit des explorateurs français dans son pays ; enfin, pour couronner ses efforts, tendant à des ouvertures de relations, il vient en 1862 à Paris, ville où jamais un Targui n’avait mis les pieds… Homme d’une haute intelligence et d’un grand sens pratique, Othman a surtout remarqué en France ce qui contraste avec le désert : le nombre considérable des habitants, l’abondance des eaux, la richesse et la variété de la végétation, la rapidité et la sécurité des communications, enfin la généreuse hospitalité qu’il y a reçue.

213. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVe entretien. Littérature grecque. L’Iliade et l’Odyssée d’Homère » pp. 31-64

Crithéis, qui avait entendu parler de la bonté de ce maître d’école pour les enfants, parce qu’elle songeait d’avance sans doute à lui confier le sien quand il serait en âge, conduisit son fils par la main au seuil de Phémius. […] Il trouva Crithéis aussi modeste, aussi laborieuse et aussi habile qu’elle était belle ; il s’attacha à l’enfant, dont l’intelligence précoce faisait présager je ne sais quelle gloire à la maison où les dieux l’avaient conduit ; il proposa à Crithéis de l’épouser, et de donner ainsi un père à son fils. […] C’est là, dit-on, que l’aveugle se faisait conduire par ses filles et qu’il enseignait et chantait ses poèmes.

214. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre III. Comédie et drame »

La définition de la comédie conduisit naturellement Marivaux à circonscrire son observation au premier de ces moments. […] L’étude de l’homme universel est faite, et bien faite, par les tragédies et les comédies du siècle précèdent : il reste à appliquer les résultats de cette étude, à suivre les variations des types moraux dans les conditions où nous les rencontrons engagés : ce qui conduit encore à serrer de plus près la réalité extérieure. Et, par là, Diderot nous éloigne de Destouches ; mais il nous conduit surtout à Balzac et à Augier.

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