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730. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 janvier 1887. »

Je veux courir le monde, Y chercher pour mon cœur un cœur qui me réponde, Je ne veux plus devant ta beauté m’humilier. »   Vénus a bien compris : elle a baissé la tête ; Aux douleurs des adieux, pensive, elle s’apprête : Une dernière fois elle lève les yeux. […]   Tandis que son cœur bat d’une douleur insigne, Sous l’armure éclatante, d’argent fabuleux, Voici que doucement s’est éloigné le Cygne   Dont la candeur semait des lys sur les flots bleu Et la nacelle, au loin de la foule éperdue, S’engloutit, bientôt, comme une neige fondue. […] … »   Et la Nuit les serrait dans ses flots harmoniques ; Les sources chantaient sous des dômes d’arbres verts Mystérieusement ; d’idéales musiques   Leur inondaient le cœur, tombant des deux ouverts … Et les Amants disaient ; « Que résonnent tes glas, Nuit rédemptrice, ô Mort ! […] Ô gouffre agité, Nul ne peut t’approcher, que son cœur ne s’émeuve. […] Dans son cœur, il sentit gémir l’humanité, Traînant ses lourds espoirs en ses métempsychoses   Les pensers de la joie et les secrets moroses, Il les connut, sondant le héros indompté Et la femme, puissante en sa fragilité, Et l’immémoriale antiquité des choses.

731. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre douzième. »

Car ce cœur vif et tendre infiniment Pour ses amis, et non point autrement. […] Car, à l’égard du cœur, il en faut mieux juger. […] au cœur, si l’on m’en croit. C’est donc La Fontaine qui aura ce prix : car on ne peut mieux prendre le ton du cœur qu’il ne le prend dans ce dernier morceau. […] Tout le discours du solitaire est parfait, et ceux qui aiment les vers le savent par cœur.

732. (1914) Note conjointe sur M. Descartes et la philosophie cartésienne pp. 59-331

Le cœur même devient revêtement. […] Elle est le cœur de la liberté. […] Elle trouva l’infidélité installée au cœur même de France, au cœur de chrétienté. […] Mais se battre au cœur de sa maison, se dévorer dans son propre cœur, quel doublement. […] La tête n’est point si étrangère au cœur et ce sont encore les intellectuels qui manquant de cœur avaient inventé que la tête fût étrangère au cœur.

733. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

Notre cœur. — 1890. […] L’enfant, dans un élan du cœur, embrasse son père : c’est l’acquittement de la nature. […] mon cœur se serre et la main me tremble. […] Mon ami, ceci a rempli mon cœur. […] Enfin je réveillai Charles, qui dormait d’un cœur !

734. (1874) Premiers lundis. Tome I « Charles »

Toujours l’auteur se prépare à la composition par la solitude ; il s’y exalte longuement de ses souvenirs, de ses espérances, et de tout ce qui a prise sur son âme ; il se crée un monde selon son cœur, et le peuple d’êtres chéris ; le nombre en est petit ; il leur prête toutes les perfections qu’il admire, tous les défauts qu’il aime ; il les fait charmants pour lui : mais trop souvent, si son imagination insatiable ne s’arrête à temps, s’élevant à force de passion à des calculs subtils, et raisonnant sans nn sur les plus minces sentiments, il n’enfantera aux yeux des autres que des êtres fantastiques dans lesquels on ne reconnaîtra rien de réel que cet état de folle rêverie où il s’est jeté pour les produire. […] Mais une fois touché, son cœur va vite, et ses lettres (car le roman est par lettres) sont une expression souvent terrible de sa fougueuse passion. […] Mais ce qu’il a surtout excellé à reproduire en mille endroits, c’est l’impression des objets de la nature sur un cœur passionné.

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