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12. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre II. Mademoiselle Mars a été toute la comédie de son temps » pp. 93-102

Mademoiselle Mars a été toute la comédie de son temps Le Feuilleton de 1830 et années suivantes parlait souvent de la comédienne unique et charmante, mademoiselle Mars ; c’est qu’à entendre parler de cette femme adorée, le public, inconstant d’habitude, ne se lassait pas ! […] Elle, cependant — tant elle a poussé loin l’admirable et inépuisable coquetterie de son talent — elle redouble de grâce, d’esprit, de vivacité, de jeunesse ; elle accable ses amis et ses ennemis de toutes ses qualités charmantes ; elle ranime d’un souffle puissant les vieux chefs-d’œuvre qui vont disparaître avec elle ! […] On vient, tout exprès chez cette beauté à la Mode, pour la voir, tout exprès pour l’entendre ; elle, de son côté, elle ne songe qu’à montrer beaucoup d’esprit et un charmant visage ; quant au cœur, peu lui importe ! […] « Quant à mademoiselle Mars, est-il besoin de vous dire… oui, certes, il est besoin de répéter que, d’un bout à l’autre de son rôle, mademoiselle Mars était charmante, alerte, animée, agaçante, éloquente ; c’était merveille de l’entendre, et merveille de la voir attentive à toutes choses, vive à la repartie, hardie à l’attaque, railleuse toujours, passionnée quelquefois, forte contre tous, faible seulement contre Alceste : jamais la comédie n’a été jouée avec cette inimitable et incroyable perfection. […] Du Misanthrope, elle a passé, sans trop d’efforts, à la comédie de madame de Bawr, La Suite d’un bal, aimable petit acte qui eût pu être signé Marivaux, et que mademoiselle Mars emportait avec elle, comme un tout petit diamant de son écrin ; là encore elle a été charmante.

13. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « M. Denne-Baron. » pp. 380-388

J’ai sous les yeux un charmant petit volume de lui, à la date de 1813, Élégies de Properce, traduites en vers français, et autres poésies inédites, d’une typographie délicieuse, avec vignettes et gravures. […] Il est un demi-dieu, charmant, léger, volage ; Il devance l’Aurore, et d’ombrage en ombrage         Il fuit devant le char du jour ; Sur son dos éclatant où frémissent deux ailes, S’il portait un carquois et des flèches cruelles,         Vos yeux le prendraient pour l’Amour. […] Ainsi plus charmante est la fleur après qu’elle a déployé ses pétales odorants, et le soleil au milieu du jour luit plus beau qu’au matin, et flamboie. […] Les boutons sont charmants, mais j’aime mieux les fleurs ; Le soleil à midi plus qu’au matin rayonne.

14. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre troisième. »

Vers charmant. […] Ce dernier hémistiche est d’une grâce charmante. […] Cette fable est charmante d’un bout à l’autre pour le naturel, la gaîté, surtout pour la vérité des tableaux.

15. (1890) Derniers essais de littérature et d’esthétique

Michel est fier, austère et noble ; Raoul est faible, charmant et mauvais. […] Cobden-Sanderson dans sa charmante conférence sur la Reliure, quand l’homme pensa à l’Univers » . […] Pour moi, elle est simplement une très charmante artiste en poésie. […] Quaritch, nous avons son livre pour nous consoler, et c’est certainement là un livre charmant, exquis. […] Mais les vers que nous avons mis en gras sont charmants.

16. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1878 » pp. 4-51

Au milieu d’un fouillis immense, il y a quelques très jolies et charmantes choses, achetées à vil prix par Burty, qui a suivi la vente, depuis les salles d’en haut jusqu’à Mazas : la salle d’en bas, où on vend la literie et les batteries de cuisine. […] Il s’était fait fabriquer une semaine de pipes d’écume de mer, d’une minceur charmante, baptisées de noms délicieux, et qui se succédaient l’une après l’autre. […] Daudet a été charmant. […] Aujourd’hui, elle porte une robe rose, et sa longue et gracieuse personne fait un effet charmant dans la verdure foncée des chênes de la forêt en son marcher lent, en ses accroupissements légers, pour cueillir une fleur… Et la femme est, pour ainsi dire, toute vêtue de chasteté. […] Ce Meada, costumé à l’européenne, a une douceur charmante dans la politesse, et son teint jaune prend, par moment, un rose qui ressemble à ce joli fard carminé, dont les Japonaises des albums se rougissent les paupières.

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