Chapitre III. […] À l’instant même je me mis à l’œuvre, et sur la page blanche j’écrivis le titre de mon nouveau chapitre. C’est une fort bonne précaution que j’indique à tous les écrivains de feuilleton à venir ; pendant que vous écrivez lentement ces formules banales, vous avez le temps d’arranger dans votre tête la forme de votre chapitre ; vous voyez tout d’un coup le commencement, le milieu et la fin de cette œuvre qui, pour bien faire, doit être également traitée dans toutes ses parties. […] Ce même chapitre que j’écris souvent avec passion, avec amour, avec le bonheur de l’artiste qui sent son instrument s’échauffer sous ses doigts, je vais l’écrire aujourd’hui d’une plume languissante et affaissée ; vous cependant, quand vous devriez m’encourager, vous me prenez en traître, et vous m’écrasez sous vos injures ; vous me reproche ; mon admiration pour Molière, qui est mon soutien, mon appui mon Dieu !
Chapitre IV. […] Les faits notés plus haut [chap. […] Dans le chapitre précédent, nous avons employé le mot imagination dans un sens différent. […] Remarquons en passant que, tout au contraire, la reconnaissance, c’est-à-dire la connaissance de la mémoire par le sujet pensant, est en raison directe de l’étendue du souvenir ; il n’y a pas de reconnaissance pour cette poussière de souvenirs que l’imagination organise à sa fantaisie [voir, sur ce point, chap.
En somme, ce qu’on peut dire des deux volumes de voyages de Fromentin, c’est qu’ils sont d’une exacte vision ; modernes par le procédé de style ; qu’ils renferment quelques belles pages, mais aussi beaucoup de passages et de chapitres même où la distinction de la forme cache mal l’absence de mouvement, de vie et de large humanité. […] Vous ne rencontrerez, dans ce livre, aucune de ces longues descriptions, de plusieurs pages, et quelquefois d’un chapitre entier, dont l’école romantique avait donné le fâcheux exemple. […] La discrétion de Fromentin est voisine de celle de quelques hommes, si réservés sur certains chapitres, qu’on ne sait pas si ces chapitres-là existent dans leur vie.
Chapitre IV. […] De là, et surtout avec les progrès de l’érudition, ces histoires littéraires qui ne sont que de vastes répertoires disposés en un ordre arbitraire, avec ici ou là quelques chapitres où les rapports intimes de la littérature et de la vie apparaissent comme par hasard ou comme une exception. […] L’influence de l’éducation et du milieu, la prudence imposée par les nécessités diverses de la vie, l’inertie inhérente à la nature humaine, les limites des intelligences, le poids de la tradition, tout cela suffit à expliquer pourquoi la majorité se soumet, d’une façon ou de l’autre, à la puissance d’un principe pourtant incomplet, forcément unilatéral ; ce principe impose l’accord essentiel ; les accents personnels en sont des variations ; variations du plus grand intérêt ; il y a là de quoi reprendre, d’un point de vue nouveau, presque tous les chapitres de l’histoire littéraire. […] Voir un exemple ici, à la fin du chapitre II, page 143.
Chapitre IV. […] Il est nécessaire dans un discours et une dissertation, dans un paragraphe de discours et de dissertation, tout autant que dans un roman ou une comédie, dans un chapitre de roman ou une scène de comédie.