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404. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

Vacquerie et Hugo qui la chantent. […] Goudall trouve que les prédécesseurs ont trop chanté et pas assez pensé, M.  […] Vacquerie et Hugo qui la chantent. […] Ils ont rendu haïssable ce mot chanter. […] Que d’hommes savent chanter comme font les poètes !

405. (1896) Les origines du romantisme : étude critique sur la période révolutionnaire pp. 577-607

Offenbach, en faisant chanter à Mlle Schneider le Sabre de mon père, creva les belles phrases du romantisme et rétablit la réalité au théâtre. […] Il était inactif, l’ennui le rongeait ; il avait la fièvre, et était ivre de mouvement ; il abhorrait la solitude, ainsi que Mme de Staël, que Rivarol, que Fontanes, que tous ses contemporains, ce qui n’empêche pas René de chanter menteusement l’amour de la solitude sur tous les tons, tout en s’empressant d’en sortir pour se précipiter dans le torrent des humains. […] Les sensibles Malvina qui lisaient Mme Cottin et Chateaubriand chantaient une romance de l’an III : Charlotte sur le tombeau de Werther : l’héroïne de Goetheb, repentante, faisait son mea culpa en de bien piètres vers : …………………………… J’abjure enfin la contrainte D’un triste et cruel devoir ! […] Le romantisme naissant s’enrôla sous la bannière catholique : Atala, qui n’était que la préface du Génie du Christianisme, chantait la victoire de la religion sur la nature. […] Le cerveau de l’artiste de génie n’est pas, selon l’expression de Hugo, « le trépied de Dieu », mais le creuset magique où s’entassent pêle-mêle les faits, les sensations et les opinions du présent et les souvenirs du passé : là, ces éléments hétérogènes se rencontrent, se confondent, se fusionnent et se combinent pour en sortir œuvre parlée, écrite, peinte, sculptée ou chantée ; et l’œuvre née de cette fermentation cérébrale est plus riche en vertus que les éléments qui concourent à sa formation : c’est ainsi qu’un alliage possède d’autres propriétés que les métaux qui entrent dans sa composition.

406. (1856) Cours familier de littérature. I « Ier entretien » pp. 5-78

IX « Le coq chante sur le fumier du chemin, au milieu de ses poules qui grattent de leurs pattes la paille, pour y trouver le grain que le fléau a oublié dans l’épi quand on l’a battu dans la grange. […] « Le soir, on les entend redescendre en chantant de tous les sentiers des collines, et les petits bergers, qui redescendent avec leur troupeau de la montagne, ramènent à la jeune femme, pour le repas du soir, sa chèvre favorite, les cornes enroulées de guirlandes de buis. » …………………………………………………………………………………………………… …………………………………………………………………………………………………… La composition déjà trop longuement citée se terminait par un hymne au printemps qui gonfle les bourgeons de la vigne, qui promet la grappe, qui distille lentement dans les veines du pampre le vin que l’automne répandra en pourpre sous l’arbre du pressoir, cette liqueur qui réjouit le cœur de l’homme jeune et qui fait chanter le vieillard lui-même, en ranimant dans sa mémoire ses printemps passés. […] L’existence était un poème pour moi ; l’univers en notes diverses ne chantait ou ne gémissait qu’un hymne, je ne vivais qu’un livre à la main. […] Elle finit aussi avec elle : dès qu’un peuple ne sait plus ni chanter, ni écrire, ni parler, il n’existe plus. […] Ai-je envie d’y chanter encore d’une voix éteinte des strophes qui finiraient en sanglots ?

407. (1856) Cours familier de littérature. II « XIe entretien. Job lu dans le désert » pp. 329-408

L’homme, enfin, le boucher ou le bourreau universel, faisant de ses cités un vaste abattoir, où le sang coule avec la vie dans des égouts trop étroits, pour aller rougir ses fleuves ; l’homme, cet impitoyable consommateur de vies, saignant la colombe qui se penche apprivoisée sur son épaule, l’agneau caressant que ses enfants ont élevé pour jouer avec eux sur l’herbe, la poule qui chante sur son seuil, l’hirondelle qui aime cet hôte ingrat et qui lui confie ses petits, le bœuf qui a aidé le laboureur pendant dix ans à creuser son sillon ! […] Parlez-nous de lois d’amour, et chantez-nous les bergeries de la nature et les maternités de la Providence ! […] Il embarque avec lui son génie descriptif, il fait le tour du monde, il double le cap des Tempêtes, il chante au pied du mât que la foudre brise ; il sauve à la nage, de la fureur des flots, sa vie périssable et sa vie immortelle avec son poème. […] Je n’ai pas écouté chanter en moi mon âme Dans la grotte sonore où le barde des rois Sentait, au sein des nuits, l’hymne à la main de flamme         Arracher la harpe à ses doigts. […] Accoudé sur ce sable, immuable oreiller, J’écoute, en retenant l’haleine intérieure, La brise du dehors, qui passe, chante et pleure ; Langue sans mots de l’air, dont seul je sais le sens, Dont aucun verbe humain n’explique les accents, Mais que tant d’autres nuits sous l’étoile passées M’ont appris, dès l’enfance, à traduire en pensées.

408. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Peyrefort, Émile »

Ce n’est pas dans ces pièces-là qu’il faut chercher querelle au poète pour abuser des mots de lumière et des épithètes qui chantent.

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