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329. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Jean-Baptiste Rousseau »

Un poëte lyrique, c’est une âme à nu qui passe et chante au milieu du monde ; et selon les temps, et les souffles divers, et les divers tons où elle est montée, cette âme peut rendre bien des espèces de sons. […] Il sera lyrique aussi, bien qu’avec moins de grandeur et de gloire, celui qui, vivant dans les loisirs de l’abondance et à la cour des tyrans, chantera les délices gracieuses de la vie et les pensées tristes qui viendront parfois l’effleurer dans les plaisirs. […] Alcée se met donc à chanter en ces termes : Des sociétés temporelles Le premier lien est la voix, Qu’en divers sons l’homme, à son choix, Modifie et fléchit pour elles ; Signes communs et naturels, Où les âmes incorporelles Se tracent aux sens corporels.

330. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame la duchesse d’Angoulême. » pp. 85-102

Nous méprisions toutes les vexations, mais ce dernier degré de grossièreté faisait toujours rougir ma tante et moi. » Le plus cruel moment pour elle fut celui où, après la mort de son père, après la disparition de sa mère, de sa tante, ignorant le sort définitif de ces deux têtes si chères, dans les semaines qui précédaient le 9 Thermidor, elle entendait de loin son frère, déjà en proie aux corrupteurs, et à qui le cordonnier Simon faisait chanter des chansons atroces : Pour moi, dit-elle, je ne demandais que le simple nécessaire ; souvent on me le refusait avec dureté. […] On lui fit des romances sentimentales qu’on lui chantait de loin, et dont le refrain l’avertissait que des amis veillaient désormais sur son sort. […] Lepitre, qui se chantait sous les murs du Temple, jusqu’au roman d’Irma ou les Malheurs d’une jeune orpheline, histoire indienne, avec des romances, publiée par Mme Guénard en l’an VIII, jusqu’à l’Antigone de Ballanche qui couronne plus noblement cette littérature allégorique et mythologique en 1814.

331. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Notre critique et la leur »

… S’élèvent-ils, dans leur jugement des choses littéraires, au-dessus des impressions plus ou moins piquantes de quelque individualité qui chante son air comme sur un théâtre, et qui s’en va, en faisant gros dos, quand l’air est chanté ?

332. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Th. Gautier. Émaux et Camées »

En vertu de ses consanguinités d’imagination, le poète d’Émaux et Camées chante l’Amour, ce sujet de poésie éternelle, sur lequel il n’y a pas de cant à faire, et jusqu’ici non plus il ne l’avait jamais chanté d’un accent si vrai et, disons-le, si pur.

333. (1884) Propos d’un entrepreneur de démolitions pp. -294

Je demande un poète vivant qui nous chante le Jour des Morts à Paris. […] Victor Hugo a chanté la Colère du bronze. […] Les autres mangent, boivent, chantent et paient. […] Il se mit au piano et chanta pendant près d’une heure. Il chanta des vers de Baudelaire et quelques-uns de ses propres vers.

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