Il suffirait, pour ne point se méprendre sur la mienne, d’avoir lu ce que je n’ai cessé d’écrire depuis quelques années ; mais c’est une peine que je ne prétends infliger à personne.
Ce sont enfin, sur la vanité des projets et des espérances, sur l’amour à vingt ans, sur l’amour à trente ans, sur ce qu’il y a de triste dans le bonheur, sur cette infinité de choses douloureuses dont se composent nos années, ce sont de ces élégies comme le cœur du poëte en laisse sans cesse écouler par toutes les fêlures que lui font les secousses de la vie.
On y voyoit Socrate enflé de vaine gloire, chantant ses propres louanges ; répétant sans cesse qu’il étoit initié dans tous les secrets de la nature ; qu’il étoit envoyé des cieux pour éclairer la terre ; que la jeunesse vînt à lui pour s’instruire ; qu’il avoit une méthode à laquelle étoient attachées la gloire & la félicité des générations à venir.
Et puis, pour en revenir à la peinture d’où nous sommes partis, souvenons-nous sans cesse de la règle d’Horace : Pictoribus atque poetis Quidlibet audendi semper fuit aequa potestas ; Sed non ut placidis coeant immitia, non ut Serpentes avibus geminentur.
Là, le ministère sans cesse occupé à prévenir la perfidie des saisons ; là, le particulier à pourvoir de bleds son grenier.