On n’a plus, j’imagine, la peau si irritable qu’autrefois : on supporte même la critique littéraire exercée publiquement par des confrères ; j’en suis la preuve vivante, et (sauf un seul cas, que je regrette) je puis certifier, à l’honneur de ceux qu’il m’est arrivé de toucher et même de combattre, que les bons rapports académiques n’en sont pas altérés. […] L’Académie, en la personne de plusieurs de ses membres considérables, a, en effet, une grande peur : c’est encore moins la politique qui détermine dans certains cas, que la crainte de la Bohême littéraire. […] Je suppose que le suffrage de tous les gens de lettres assemblés (j’ai la faiblesse de croire assez au suffrage de tous en pareil cas) eût à prononcer pour lui désigner un successeur, — je mets hors de cause, bien entendu, les auteurs dramatiques, membres déjà de l’Académie, qui choisirait-on ?
N’oublions pas que les hommes, y compris les femmes, ne sont pas tout d’une pièce, qu’il y a des temps d’émotion générale où une démarche, un mouvement qui ne sera pas entièrement d’accord avec l’ensemble de la ligne suivie, peut paraître la chose la plus naturelle ; et, dans ce cas-ci, le mouvement qui aurait porté Mme de Staël à écrire la lettre en question, serait infiniment honorable, et, par conséquent, digne d’elle. […] Craufurd, et à moins que cet honorable ministre américain n’ait rêvé les yeux ouverts, qu’il recevait de Mme de Staël des lettres, que ces lettres avaient leur intention, étaient faites pour être montrées au ministre anglais ; et dans ce cas, je ne conçois pas ce qu’auraient pu être de pareilles communications, si elles n’avaient été dans le sens de la lettre même que nous venons de voir. […] J’ai en ce moment présente à l’esprit une épreuve à laquelle je les ai vues bien souvent soumises et dans fort peu de cas résister.
J’avoue pourtant mon infirmité et mon impuissance toute française à concilier, dans plus d’un cas, des difficultés de ce genre. […] Il y a des cas où celui-ci l’emporte victorieusement, lorsque, par exemple, dans son Étude sur les Révolutions d’Italie de M. […] Il est cependant des cas où il y a excès évident, et, si je l’ose dire en parlant d’un tel esprit, où il y a superstition légère.
Les procès-verbaux sont ci-joints en original, lesquels sont signés des officiers des lieux, afin que l’on ne puisse point dire que ces pièces aient été faites après coup. » Avait-on retrouvé heureusement ces pièces réclamées par Louvois, ou bien, en cas de défaut et de manque, y avait-on suppléé, comme il l’avait désiré ? […] Le roi en personne était prêt, en cas de résistance, à se mettre à la tête de cette soudaine armée. […] Celui-ci leur signifia tout net l’injonction de se soumettre purement et simplement à l’autorité du roi, avec promesse de tous ménagements et de toutes faveurs en cas de bonne volonté ; sinon, on recourrait à la force.
Après une suite de recommandations insistant sur une parfaite et plate obéissance : C’est à vous de chérir ceux que nous chérissons, C’est à vous de haïr ceux que nous haïssons, l’écrit satirique se terminait par une insultante menace, en cas de mécontentement : Le renvoi de l’Infante est la preuve certaine Qu’à rompre votre hymen on aura peu de peine ; Et nous aurons alors de meilleures raisons Pour vous faire revoir vos choux et vos dindons. […] Au reste, il est plus heureux pour vous que le cœur du roi ne soit pas fort porté à la tendresse, parce qu’en cas de passion la froideur naturelle est moins cruelle que l’infidélité. » La glace était posée désormais, et c’est le vieux précepteur qui l’avait mise ; elle ne fit que s’entr’ouvrir et ne disparut jamais entièrement depuis. […] Nous avons presque à nous excuser de savoir si bien et si à point nommé ces choses de l’alcôve ; mais il nous est impossible de n’avoir pas lu les Mémoires de d’Argenson, de Richelieu, de Maurepas, le Journal du duc de Luynes ; nous en savons trop ; aussi, sans y mettre plus de façons qu’il n’est convenable en un cas si éclatant, nous dirons le fait comme il a été, et entre dix versions toutes plus ou moins concordantes, nous donnerons celle de l’un des hommes les moins médisants et les mieux informés, de ce même M.