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251. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Chirurgie. » pp. 215-222

Ainsi, dans bien des cas, tandis que l’anesthésie et l’antisepsie tolèrent la lenteur et la maladresse du chirurgien, la « spécialisation » lui permet, en outre, l’ignorance. […] Il est temps que l’on sache que le premier venu ne peut s’improviser chirurgien. » * * * C’est un spectacle très prenant que celui d’une grande opération chirurgicale, surtout dans les cas où, le diagnostic n’ayant pu être entièrement établi, un peu d’aléa et d’aventure achève de la dramatiser.

252. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Malherbe, avec différens auteurs. » pp. 148-156

Tel en fait d’excellens, qui sçait à peine les lire : Malherbe étoit dans ce cas. […] Le jeune homme avoit la plus grande opinion de la poësie, & Malherbe n’en faisoit aucun cas.

253. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Les frères Le Nain, peintres sous Louis XIII, par M. Champfleury »

je laisse maintenant ces trouvailles à d’autres ; mais ce qui ne sera jamais démenti, c’est qu’ils étaient pleins de compassion pour les pauvres, qu’ils aimaient mieux les peindre que les puissants, qu’ils avaient pour les champs et les campagnards les aspirations de La Bruyère, qu’ils croyaient en leur art, qu’ils l’ont pratiqué avec conviction, qu’ils n’ont pas craint la bassesse du sujet, qu’ils ont trouvé l’homme en guenilles plus intéressant que les gens de cour avec leurs broderies, qu’ils ont obéi au sentiment intérieur qui les poussait, qu’ils ont fui l’enseignement académique pour mieux faire passer sur la toile leurs sensations : enfin, parce qu’ils ont été simples et naturels, après deux siècles ils sont restés et seront toujours trois grands peintres, les frères Le Nain. » J’honore le critique qui trouve de tels accents, et quand il aurait excédé un peu, comme c’est ici le cas, dans ses conjectures ou dans son admiration pour les trois frères indistinctement, il n’aurait fait que réparer envers ces bons et dignes peintres un long arriéré d’oubli et d’injustice, leur rendre avec usure ce que près de deux siècles leur avaient ôté ; il n’aurait pas fait d’eux un portrait faux, car il reconnaît et relève en toute rencontre leurs inégalités et leurs défectuosités originaires, il n’aurait donné en définitive qu’un portrait un peu idéal, ou du moins un portrait un peu plus grand que nature, un peu plus accusé et accentué de physionomie, mais toujours dans les lignes de la ressemblance et de l’individualité. […] Cependant il est trop de cas de manie évidente. […] Ce cas de manie par contagion ou par inoculation est très-bien rendu. […] Quand Gardilanne est parvenu à découvrir et à posséder le fameux violon de faïence qu’il avait flairé chez un marchand de vieilleries et qu’il emporte à la barbe de Dalègre, la douleur de celui-ci, son envie surexcitée, son impossibilité de vivre heureux sans le violon unique, achèvent cette description d’un cas de pathologie morale.

254. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni (suite et fin.) »

« En tout autre cas, dans toute autre circonstance, votre recommandation serait, croyez-le bien, d’un grand poids pour moi, parce qu’ainsi que je vous le dis, je fais grand cas de votre talent, que la masse accueille sans l’apprécier. […] Tel est, se dit-on involontairement, tel, en bien des cas, le vainqueur ! […] Dans tous les cas, l’individu existe pour lui dans sa pensée : il voit le modèle.

255. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite et fin.) »

C’était le cas surtout pour les critiques d’art qui écrivaient sous la Restauration. […] Il ne ferait pas de cas d’un peintre qui se contenterait de prendre, fût-ce le plus dextrement du monde, la ressemblance exacte des choses, et de la jeter sur la toile, telle quelle, avec une couleur congrue et suffisante : il veut que l’artiste ait en lui un monde en petit ou en grand, une sorte de glace magique où tout se réfléchisse, se transforme et ressorte ensuite, quand on l’y considère, avec une harmonie nouvelle qui constitue proprement la création et l’originalité. […] Leys est dans ce cas : chez lui il n’y a pas imitation, mais similitude de tempérament et de race ; c’est un peintre du xvie  siècle venu deux cents ans plus tard, voilà tout… M.  […] Il peut arriver en certains cas que l’habitude de peindre donne le change non-seulement à la critique, mais encore au sujet.

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