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148. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre VII. Le cerveau et la pensée : une illusion philosophique »

Pour les uns, elle tiendrait à ce que l’état cérébral se double lui-même, dans certains cas, d’une phosphorescence psychique qui en illuminé le dessin. […] Enfin, quand la représentation-souvenir surgit, les modifications concomitantes de la représentation-cerveau ne sont plus, comme dans le cas de la perception, des mouvements assez forts pour exciter la représentation-organisme à réagir immédiatement. […] Qu’il nous suffise de dire que, dans l’hypothèse idéaliste, les objets perçus coïncident avec la représentation complète et complètement agissante, les objets remémorés avec la même représentation incomplète et incomplètement agissante, et que ni dans un cas ni dans l’autre l’état cérébral n’équivaut à la représentation, puisqu’il en fait partie. — Passons maintenant au réalisme, et voyons si la thèse du parallélisme psychophysiologique y va devenir plus claire. […] Il oublie qu’il avait situé le réservoir hors de la représentation et non pas en elle, hors de l’espace et non pas dans l’espace, et qu’en tout cas son hypothèse consistait à supposer la réalité ou indivisée, ou articulée autrement que la représentation. […] Alors, comme il n’y a pas d’état de conscience qui n’ait son concomitant cérébral, comme une variation de l’état cérébral ne va pas sans une variation de l’état de conscience (quoique la réciproque ne soit pas nécessairement vraie dans tous les cas), comme enfin une lésion de l’activité cérébrale entraîne une lésion de l’activité consciente, on conclut qu’à une fraction quelconque de l’état de conscience correspond une partie déterminée de l’état cérébral, et que l’un des deux termes est par conséquent substituable à l’autre.

149. (1905) Pour qu’on lise Platon pp. 1-398

Figurons-nous-les dans un cas particulier et observons-les dans ce cas. […] En tout cas, c’est tout à fait l’avis de Platon. […] Et voilà un cas, qui se multiplie, Dieu merci, en beaucoup de cas, où le plaisir est tout autre chose que la cessation d’une souffrance. […] Nous sommes, dans ce cas, en état nonchalant, indolent, en état neutre. […] On la dégrade dans ce cas, parce qu’on la vend.

150. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [II] »

Ce fut le cas pour Jomini ; mais, en recourant aux pièces officielles, je suis frappé d’un détail : bien que ces qualifications à adjudant-commandant ou de colonel y figurent à peu près indifféremment, et quelquefois l’une et l’autre dans la même pièce, il en est une de juin 1810, que je produirai en son lieu, dans laquelle l’appellation de colonel donnée à Jomini a été effacée de la main même du maréchal Berthier, qui y a substitué le titre d’adjudant-commandant. […] Je lui prédis que ce rêve pourrait lui coûter son armée, et qu’en cas d’un succès inespéré il forcerait la France à d’éternelles guerres pour soutenir cet édifice sans base. […] C’était bien le cas de dire que les opérations manquaient par la base. […] » Dans le premier cas, Jomini était tacticien ; dans le second, il redevenait stratégiste. […] Ce n’était plus le cas, tant s’en faut !

151. (1911) La valeur de la science « Troisième partie : La valeur objective de la science — Chapitre X. La Science est-elle artificielle ? »

Je vérifierai donc soit l’existence de l’effet mécanique, soit celle de l’effet chimique, cela sera indifférent, puisque dans un cas comme dans l’autre la réponse doit être la même. […] Imaginons maintenant que, par impossible, la loi que nous croyions vraie, ne le soit pas et que l’effet chimique n’ait pas existé dans ce cas. […] Dans ce second cas, on considérera la loi de Newton comme la définition de la gravitation. […] Dans ce cas la proposition (2) n’est plus qu’une définition et échappe au contrôle de l’expérience ; mais alors ce sera sur la proposition (3) que ce contrôle pourra s’exercer. […] Mais en tout cas un minimum d’humanité est nécessaire.

152. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre IV. Conclusions » pp. 183-231

Je ne suis arrivé que peu à peu à cette explication dernière ; elle m’a souvent rassuré aux heures de doute ; si l’on me reprochait de mêler la philosophie à la littérature, je répondrais que c’est précisément mon ambition suprême ; de plus en plus, la vérité me semble être là : rattacher un phénomène en apparence isolé (dans notre cas : la vie littéraire) aux lois de la vie totale. […] Au cours des pages qui précèdent, j’ai déjà montré, dans l’ensemble et dans quelques cas particuliers, ce que ma méthode apporte à l’histoire littéraire. […] Pour cela, il faut d’abord remonter très haut, plus haut que les époques qui nous touchent de trop près ; il faut étudier aussi des pays divers, s’expliquer les ressemblances et les différences des évolutions ; mettre à part les modes, les copies, les œuvres dépourvues de sincérité tout aussi bien que les cas exceptionnels ? […] Le chimiste n’arrive pas plus que l’historien à expliquer la vie ; du moins peut-il répéter presque à volonté une expérience donnée et connaît-il avec précision les réactions de certains éléments ; tel n’est pas le cas, hélas, de l’historien, du psychologue. […] Si tel était le cas, pourquoi ne savons-nous jamais prévoir l’œuvre de demain ?

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