Mais, la science analytique s’imposant comme un besoin, les timides cherchent à concilier ce besoin avec des restes d’institutions contradictoires à l’analyse et croient y réussir en maintenant les deux choses en face l’une de l’autre. […] Mais heureusement l’humanité aime mieux se contredire que de laisser sans aliment un des besoins essentiels de son être. […] Comme pourtant le besoin d’une religion est de l’humanité, ils trouvent commode de prendre tout fait le système qu’ils rencontrent sous la main, sans examiner s’il est acceptable 156.
Il fallait un exorcisme à cette scène démoniaque ; l’air avait besoin d’être purifié. […] Mais, si Lydie est une honnête femme, qu’a-t-il donc besoin de l’enlever ? […] Elle a besoin de luxe, comme on a besoin d’air.
C’est tout le contraire de ce parler sec, bref et nerveux qu’affectionne Montaigne, et qui, au besoin, a le coup de jarret du Basque. […] Or, cette perruque ici paraîtrait d’autant plus nécessaire, que le médecin est plus jeune et aurait plus besoin de ce qui impose auprès des malades. […] Corvisart a grand besoin de la place, mais il refuse et aime mieux garder ses cheveux. […] Si l’on ne composait ces notices que pour les lire devant des confrères et des connaisseurs, gens du métier, on pourrait s’en tenir aux traits simples et rester dans un parfait accord avec le sujet ; mais les séances publiques amènent le désir et le besoin des applaudissements, et les applaudissements s’obtiennent rarement par des traits fins et justes, par des nuances bien saisies, ou même par des vues simplement élevées.
Quand la réalité le gêne, il la plie légèrement au besoin de la phrase et de l’harmonie. […] En lisant ces pages de M. de Lamartine et en trouvant à chaque instant des expressions heureuses, larges, élevées et même fines (car il y a du fin et du spirituel proprement dit chez lui bien plus qu’on ne le croirait, il y a même de la malice en quelques endroits), on éprouve un vif regret : c’est que la rhétorique, l’habitude et le besoin d’étendre, de forcer et de délayer, le conduisent à compromettre ces pensées et ces touches excellentes : « Depuis deux ans, dit-il de Napoléon, son retour à Paris, autrefois triomphal, était soudain, nocturne, triste. […] J’aurais pourtant besoin que quelqu’un d’un talent moindre m’assurât que la ressemblance est réelle. Depuis que j’ai vu M. de Lamartine trouver de la beauté à toutes les femmes et du talent à tous les hommes de sa connaissance et en comparer quelques-uns à Horace ou à Phédon, j’ai besoin avec lui de garanties.
Paris, de tout temps, qu’on vive sous l’Ancien Régime, ou sous une époque impériale, ou sous un gouvernement constitutionnel, Paris a besoin d’un nouvel entretien tous les quinze jours ou tous les mois : que ce soit un discours d’orateur, une question Pritchard, l’arrivée d’une troupe de danseuses espagnoles ou hongroises, cela revient presque au même pour la dose de l’intérêt. […] Étienne, qui venait de perdre en ce moment sa mère, et qui avait décidément besoin d’une plume pour le défendre, trouva celle d’Hoffman qui, dans une lettre datée de Passy et insérée dans les journaux, le 30 janvier 1812, annonça un peu solennellement « qu’il était temps de terminer le procès qui s’était élevé entre la comédie des Deux Gendres et celle de Conaxa », ajoutant qu’il avait en main toutes les pièces décisives pour trancher le différend. […] La plupart des brochures, est-il besoin de le dire ? […] J’y vois observation, finesse, une certaine naïveté qui s’y combine et qui aurait besoin d’être expliquée, et aussi l’absence d’étendue.