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598. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Goethe »

C’était la beauté de la souffrance, cette ombre qui accomplit la physionomie des hommes en y versant sa fière tristesse ! […] les Femmes de Goethe ne sont pas un commentaire sur les femmes de Goethe, une classe faite, sur les beautés d’un auteur, par un de ces pédants élevés pour faire la classe dans les écoles et qui la font encore dans leurs écrits, Paul de Saint-Victor est d’une autre race que ces sortes d’esprits et de talents, et ses Femmes de Goethe sont une création. […] est le Shakespeare du xixe  siècle et le premier de nos grands hommes… Je doute fort pourtant que Saint-Victor, malgré la fécondité de son admiration et l’éblouissante beauté de son talent, eût fait jamais ou songé même à faire les Femmes de Shakespeare.

599. (1889) Les artistes littéraires : études sur le XIXe siècle

Nous ne pouvons, cela va sans dire, les recueillir et les reprendre ici phrase par phrase ; nous avons d’ailleurs indiqué plus haut la source primitive de ces pensées en parlant de la prééminence absolue donnée à l’idée de beauté, et surtout de beauté plastique. […] D’autres artistes se sont faits les chanteurs de la nature ou de l’humanité, de la Beauté plastique ou de la Beauté morale, de l’amour terrestre ou de l’amour divin. […] Lui, qui avait prêché le détachement complet des choses du monde, et qui faisait profession de ne croire à rien, il s’attache à une œuvre de pensée et il croit à la beauté plastique. […] Il n’est pas démontré d’abord que la beauté absolue, idéale, vers qui doit tendre l’artiste, ne soit pas impassible. […] Ce qui est certain, c’est que, dans ce corps de femme aux lignes admirablement pures et aux contours harmonieux, dans ce visage d’une sérénité plus qu’humaine, il a laissé à travers les âges une des expressions les plus hautes de la Beauté idéale.

600. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XIX. De la littérature pendant le siècle de Louis XIV » pp. 379-388

Ils ne renferment pas (Bossuet excepté) toutes les beautés que peut produire l’éloquence ; mais ils sont exempts de tous les défauts qui altèrent l’effet des plus grandes beautés.

601. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Et Lamartine ? »

Et c’est alors un délice, c’est un rafraîchissement inexprimable que ces vers jaillis d’une âme comme d’une source profonde, et dont on ne sait « comment ils sont faits. » Sans compter que, parmi ces vers de génie — à travers les nonchalances, les maladresses et les naïvetés de facture qui rappellent les très anciens poètes, et parfois aussi à travers les formules conservées du dix-huitième siècle  des vers éclatent et des strophes (les poètes le savent bien), d’une beauté aussi solide, d’une plénitude aussi sonore, d’une couleur aussi éclatante et d’une langue aussi inventée que les plus beaux passages de Victor Hugo ou de Leconte de Lisle. […]   Mais ce grand poète concevait quelque chose de plus grand que d’écrire des vers, et c’est pour cela peut-être que les siens sont beaux d’une beauté unique.

602. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Bilan des dernières divulgations littéraires. » pp. 191-199

Bref, les lettres de Marceline et la découverte de son « malheur » créèrent, en quelque façon, la beauté de ses vers. Car on sait que la beauté de certains vers dépend beaucoup de la disposition d’âme de ceux qui les lisent.

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