Merci… — ajouta affectueusement l’auteur des Reisebilder. […] L’homme qui la lui donna était Louis Wihl, l’auteur des Hirondelles 34 et du Pays bleu 35, le poète dont nous allons parler ; Louis Wihl, l’homme le mieux fait pour assister Heine à son heure dernière, car il était son parent par l’esprit, le talent, la faculté poétique, et il était son supérieur par la foi en Dieu, les grandes croyances gardées, la droiture morale de la vie, et, tronc solide, il était bien en droit d’offrir à la liane qui allait s’abattre un dernier appui. […] Tout fils qu’il est, comme nous, de cette pénétrante et éparpillante civilisation qui tend de plus en plus à se substituer à toutes les patries, et qui éteindra un de ces jours jusqu’aux sons du cor de l’enfant des Alpes, l’auteur des Hirondelles a entendu, dans sa pensée, ce Ranz, qui n’était pas ailleurs, des montagnes de la Judée muette, et il en a mis l’écho dans des vers capables de donner le mal du pays aux âmes lâches qui ne l’éprouvent plus. […] Le livre de Louis Wihl n’était pas des vers pour des vers, des arabesques faites habilement autour d’un sujet délibérément choisi, des colorations objectives : c’était un livre vrai, d’une évocation formidable, où l’Hébreu est un véritable Hébreu, et qui devait surtout remuer profondément les âmes de la même foi que l’auteur.
Quelle circonstance fit de ce médecin l’auteur de Gargantua ? […] Le troisième livre parut en 1546, avec privilège du roi, conférant à l’auteur le droit de réimprimer les deux premiers, « corrompus et pervertis en plusieurs endroits, y est-il dit, au grand desplaisir et detriment du suppliant. » Ainsi Rabelais trouvait moyen de se faire connaître impunément pour l’auteur des deux premiers livres de Gargantua, par le même acte qui désavouait d’avance, comme ajouté et interpolé, tout ce qui pouvait ultérieurement paraître malsonnant aux censeurs de la Sorbonne. […] Le curé de Meudon tendait aussi la main, par-dessus quarante années de guerre civile, aux auteurs de la Ménippée, lesquels trouvaient, entre l’Église des papimanés et celle des papefigues, l’Église anglicane. […] Il est sans doute intéressant de chercher quel a été le but d’un auteur, et par quelle diversité de chemins il y est arrivé ; mais si l’on s’opiniâtrait à demander à Rabelais le sens général de son livre, on risquerait de ne pas apercevoir le sens des détails, dont chacun a été tour à tour l’unique objet et le seul plan de l’auteur. […] Pourquoi Montaigne le range-t-il parmi les auteurs simplement plaisants ?
Ou dirait un auteur préparant des échantillons de son style pour tous les collectionneurs d’autographes. […] Il n’y a pas de lien entre le correspondant et l’auteur. […] L’auteur, qui s’y attend, écrit sa lettre comme on écrit une harangue. […] Que de fois n’ai-je pas entendu des puristes, ou qui croyaient l’être, triompher des fautes de grammaire dans un auteur ! […] C’est ce qui appartient en propre à la nation pour laquelle on écrit ; l’auteur doit les rendre à la langue telles qu’il les a reçues.
Pour mieux comprendre la pensée de l’auteur, voyons en détail comment il juge Condillac et Kant, l’un ne reconnaissant que la pure sensation, l’autre posant les formes de la pensée comme nécessaires et à priori. […] Quoi qu’on puisse penser de ces interprétations, elles montrent du moins que l’auteur prend plus au sérieux, qu’on n’aurait cru peut-être, ces premiers essais de la pensée philosophique. […] On s’étonnera peut-être d’apprendre que saint Thomas d’Aquin, Duns Scott, Telesio, Vanini ne sont point nommés ; mais si l’on se rappelle que le but de l’auteur est surtout critique et dogmatique, on en sera moins surpris. […] L’auteur pense, qu’en dépit des apparences, c’est au positivisme qu’est l’avenir ; et il en note curieusement tous les symptômes. […] Dans ses Problems of life, etc., l’auteur insiste beaucoup sur la nécessité de ne pas confondre la psychogénie avec la psychologie.
Tous les jeunes auteurs d’alors commencent à peu près de même : c’était la voie tracée. […] Le fond en était pris à une ancienne pièce d’un auteur obscur, Belin. […] Elle chargea Rulhière, comme ami de l’auteur, de le complimenter de sa part, ce que fit Rulhière par cinq vers très doucereux. […] Mais écrit de sang-froid et crûment, c’est trop facile, et l’auteur mérite qu’après avoir lu son compliment, on lui réponde : « Parlez pour vous ! […] Cet éditeur, sous le pseudonyme Stahl, vantant son auteur et me rencontrant sur son chemin, m’a fait la guerre ; rien de plus simple : cela l’accommodait.