/ 2301
458. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxiiie entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff »

Les sentiments qui nous attachent au foyer domestique et qui en éloignent le plus sûrement les inquiétudes et les désirs, sources ordinaires des révolutions, règnent encore généralement sous l’humble toit du paysan russe, le sentiment religieux surtout : pour en demeurer convaincu, il faut suivre attentivement les discours de Kaciane : on entendra sortir de la bouche d’un pauvre serf des paroles qui accusent une inspiration puissante et dont la forme a quelque chose de biblique. […] Tourgueneff ; mais il aurait une idée encore fort incomplète du peuple russe ; car, dans presque toutes ces études, l’auteur ne s’est attaché à présenter son sujet que par les côtés qui lui sont les plus propres à éveiller notre sympathie. […] Mais ce qui vous surprendra sans doute, c’est qu’elle fit des progrès étonnants ; ma femme la prit tout bonnement en adoration et daigna enfin l’attacher de préférence à toute autre, remarquez-le bien, … à sa propre personne. […] … elle s’était attachée à Arina, … et Arina, qui la servait, n’a pas eu assez de conscience pour… Ah ! […] Enchanteurs qui attachent et ne trompent jamais !

459. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre septième »

Ici encore il n’y a pas un jugement nouveau à porter, avec tous les risques attachés aux opinions nouvelles ; c’est le jugement de deux siècles dont il faut donner les motifs. […] En même temps la régularité du don fit regarder, comme un droit attaché au mérite, ce qui n’avait été jusqu’alors que le prix capricieux de quelques flatteries bien tournées, et l’Etat parut avoir donné ce que le roi s’interdisait de reprendre. […] Les désordres de la Fronde ne firent qu’attacher plus fortement la nation à cet idéal. […] Enfin, il les attacha tout à fait à son service, avec une pension pour la troupe et une pension pour Molière. […] De loin il étonne, de près il attache ; industrieux par sa bonté à faire trouver mille secrets agréments dans un seul bienfait ; d’un esprit vaste, pénétrant, réglé, il conçoit tout, il dit ce qu’il faut ; il connaît et les affaires et les hommes ; il les choisit, il les forme, il les applique dans le temps, il sait les renfermer dans leurs fonctions.

460. (1778) De la littérature et des littérateurs suivi d’un Nouvel examen sur la tragédie françoise pp. -158

Les chef-d’œuvres ne renaîtront que lorsque les yeux de la nation entiere pourront s’attacher sur un genre neuf & inconnu. […] Ce n’est plus le style des Gens de Lettres, c’est mieux, c’est le leur ; il attache, il fait rêver ; on se demande comment on est ému par un homme qui n’a point de réputation, qui n’est d’aucune Académie, qui ne se sert ni des mots ni des tours de phrase usités. […] Un idiôme conventionnel a remplacé la Nature : mais les beaux vers, les traits heureux, sont les paillettes d’or attachées à une étoffe qui n’a point de consistance : la broderie est superbe, le sont n’en vaut rien. […] Dans les ouvrages d’imitation on peut néanmoins s’attacher trop à la vérité, c’est-à-dire que l’Ecrivain, en voulant copier la nature, peut se fatiguer trop à exprimer chaque trait particulier de l’objet. […] C’est ce qui arrive ; le Public casse le plus souvent les jugemens des Gens de Lettres, les laisse déclamer, & s’attache à ce qui lui fait plaisir.

461. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Blanchecotte, Augustine-Malvina (1830-1897) »

C’est la même imagination confiante, le même élan continu vers la sympathie du lecteur… Mme Blanchecotte est encore, parmi nos modernes, un de ceux qui ont le plus gardé des traditions de poésie subjective ; mais les Militantes marquent un grand progrès, et, de cette personnalité un peu mélancolique, trop attachée, selon nous, à la lettre de sa souffrance, l’auteur commence à se dégager vers les régions supérieures où l’âme de chacun se fond et se disperse dans la vie de tous.

462. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Manuel, Eugène (1823-1901) »

Manuel : l’un vient du fond d’une vie sincère, souvent troublée, mais plus forte que ses troubles, et d’une âme virilement attachée au devoir, défendue, par lui, contre les lâches défaillances ; l’autre vient, non plus de ces profondeurs émues de l’existence humaine, mais des hauteurs de la pensée pure, de ces sommets sacrés où l’esprit se sent plus voisin de l’infini.

/ 2301