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847. (1894) Propos de littérature « Introduction » pp. 9-10

Les œuvres des deux poètes que j’ai choisis me serviront plutôt à rendre plus claire l’expression de certaines idées qui me hantent et à illustrer quelques réflexions sur la philosophie dans l’art, sur la méthode, la forme et la technique de ceux que l’on a appelés les Symbolistes ; en analysant ce que contiennent la Chevauchée d’Yeldis et les Poèmes anciens et romanesques, par exemple, je voudrais arriver à établir indirectement le compte de doit et avoir d’une génération dont ces livres indiquent assez complètement, dans les limites de l’art, les tendances diverses.

848. (1925) Feux tournants. Nouveaux portraits contemporains

Une volonté de déconsidérer l’art dans ce qu’il a de factice, la négation de l’existence des choses, du public, du vocabulaire. […] Ainsi, la critique classique se limite à présenter les poncifs des chefs-d’œuvre ; aucune théorie d’art ne se constitue ; les règles sont immuables. […] Quand il fête, à Château-Thierry, La Fontaine, en compagnie de Capus, c’est l’art de bien vivre et de bien penser qu’il enseigne. […] Il étudie les rapports de l’art avec la vie de l’artiste dans des nouvelles, inspirées de l’art de Mérimée, qu’il publiera bientôt. […] « Gazette internationale des lettres et des arts modernes.

849. (1864) Cours familier de littérature. XVII « Ce entretien. Benvenuto Cellini (2e partie) » pp. 233-311

Elle aimait les arts et les artistes autant que son royal amant les favorisait. […] Ces grands hommes de l’art se promettent plus qu’ils ne peuvent faire. […] Ascagne, ne sachant qu’en faire, la cacha dans la statue, lui arrangea un lit dans la tête avec beaucoup d’art, et il venait l’en faire sortir pendant la nuit. […] Cet homme, qui s’entendait mieux en soldats qu’aux choses de l’art, alla parler au duc, qui, de son côté, s’en remit à son jugement. […] Ce temps explique Machiavel en politique, Benvenuto Cellini en art et en littérature.

850. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre I. De l’intensité des états psychologiques »

Peut-être la peine qu’on éprouve à le définir tient-elle surtout à ce que l’on considère les beautés de la nature comme antérieures à celles de l’art : les procédés de l’art ne sont plus alors que des moyens par lesquels l’artiste exprime le beau, et l’essence du beau demeure mystérieuse. Mais on pourrait se demander si la nature est belle autrement que par la rencontre heureuse de certains procédés de notre art, et si, en un certain sens, l’art ne précéderait pas la nature. […] Les arts plastiques obtiennent un effet du même genre par la fixité qu’ils imposent soudain à la vie, et qu’une contagion physique communique à l’attention du spectateur. […] La nature procède par suggestion comme l’art, mais ne dispose pas du rythme. […] Si l’art qui ne donne que des sensations est un art inférieur, c’est que l’analyse ne démêle pas souvent dans une sensation autre chose que cette sensation même.

851. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. VILLEMAIN. » pp. 358-396

Quel art chez M. […] Villemain, son art et son œuvre dans un sens aussi vrai qu’on le peut dire des poëtes. […] Si sur quelques-uns de ces points isolés, d’art principalement, M. […] Villemain dans le Globe, qui débuta après lui par des couronnes académiques, a porté dans la poésie latine qu’il professe un sel délicat et rare, une urbanité élégante et simple, une aménité de parole où l’art disparaît, pour ainsi dire, dans une décence naturelle. […] Travaillons donc, selon notre mesure, à approcher de ceux-là ; travaillons à en être, à garder l’art, le style, le bien-dire.

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