La fin de la dédicace est employée à montrer la France aussi florissante par les arts de la paix que s’il n’y avait point de guerre, les bâtiments et les Louvres qui s’élèvent, l’émulation dans les lettres, et l’Académie française qui en est l’interprète, prenant note de tant de beaux titres pour les transmettre aux siècles à venir : Et je m’estimerais heureux si je pouvais joindre mes travaux à tant de beaux ouvrages qu’elle prépare pour votre gloire, et vous témoigner par quelque effort comme je suis, de Votre Éminence, le très humble, très obéissant et très fidèle serviteur, Du Mézeray.
Le prince de Ligne était de cette race ; au moment de la prise de Belgrade, il écrivait à M. de Ségur, combinant avec art toutes ses sensations : « Je voyais avec un grand plaisir militaire et une grande peine philosophique s’élever dans l’air douze mille bombes que j’ai fait lancer sur ces pauvres infidèles… » Et après l’entrée dans la place : « On sentait à la fois le mort, le brûlé et l’essence de rose ; car il est extraordinaire d’unir à ce point les goûts voluptueux à la barbarie. » Il se plaît lui-même à se jouer à ces antithèses.
Quelque louables que soient de telles maximes, elles laissent presque entière la question de politique proprement dite ; une politique vraiment nouvelle, si nécessaire après Louis XIV, aurait eu besoin, pour réussir dans l’application, de tous les correctifs et de toutes les précautions qui plus tard manquèrent : car enfin Louis XVI n’a échoué que pour avoir trop fidèlement pratiqué, mais sans art, cette maxime du vertueux Dauphin son père et du duc de Bourgogne son aïeul.
Ce document, voici en quoi il consiste : Chateaubriand avait publié à Londres son Essai sur les révolutions en deux volumes qui n’en faisaient qu’un, un énorme in-8º de près de 700 pages ; il y avait versé toute son érudition historique juvénile, tous ses rapprochements d’imagination, toutes ses audaces de pensée, ses misanthropies ardentes et ses douleurs rêveuses ; livre rare et fécond, plein de germes, d’incohérences et de beautés, où est déjà recèle tout le Chateaubriand futur, avant l’art, mais non avant le talent.
Les arts sont émus par la gloire, et surtout ceux de la guerre.