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1420. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

Doré, mais aussi parce que je sais que chacun s’y arrêtera volontiers avec moi. […] Le premier de tous fut le juge d’instruction Daubenton, le même qui, trompé par les apparences, avait fait d’abord arrêter Lesurques. […] Pour me servir des termes mêmes de l’arrêté de M. le ministre de l’instruction publique, M.  […] Ce sont des étapes qu’il faudra toutes remplir fatalement, car on ne s’arrête pas dans cette voie. […] le navire ne s’arrête pas.

1421. (1898) La poésie lyrique en France au XIXe siècle

Il part dès l’aube, siffle son chien, s’en va droit devant lui, s’arrête, aux heures chaudes du jour, sous les arbres au large feuillage et tire de sa poche, tantôt un album sur lequel il crayonne quelques vers, tantôt les livres qui sont ses livres favoris. […] Pour comprendre que Victor Hugo ait pu devenir le furieux insulteur qu’il est dans Les Châtiments, il faut se le représenter à la manière de ces gens du peuple qui, quand ils sont possédés par la colère, ne savent plus comment s’arrêter, ne peuvent plus se maîtriser et qui subissent la colère comme on subit un accès de folie. […] Un homme, c’est carré, ou c’est tout rond, ou quelquefois c’est anguleux : mais c’est toujours quelque chose de net, d’arrêté. […] — Arrêtons-nous, dit-il, car cet asile est sûr. […] Je m’arrête donc ici.

1422. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Werther. Correspondance de Goethe et de Kestner, traduite par M. L. Poley » pp. 289-315

Je me suis arrêté sur le pont55 : la ville sombre des deux côtés, l’horizon brillant silencieusement, le reflet dans le fleuve, ont produit sur mon âme une impression délicieuse que j’ai retenue avec amour. […] [NdA] On se rappelle le bel endroit de René : « Quand le soir était venu, reprenant le chemin de ma retraite, je m’arrêtais sur les ponts pour voir se coucher le soleil… » Dans le tableau naturel que nous trace Goethe, on remarquera, comme différence fondamentale avec Chateaubriand, le sentiment cordial et domestique, la joie d’enfants à cette veillée de Noël.

1423. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite et fin). »

Le philosophe, le moraliste, le sage, le chrétien y peuvent profiter : le poète qui, par ses conceptions puissantes, fait rivalité au monde et dont le secret est de le réfléchir dans un miroir magique immense, se sent déconcerté, découragé ; il s’arrête de désespoir à mi-chemin, s’il y a trouvé son calvaire. […] Jouy, il s’est arrêté tout étonné.

1424. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre II. Lois de la renaissance et de l’effacement des images » pp. 129-161

Il y a des jours où, sans le vouloir, nous repassons en esprit un morceau de notre vie, telle journée de voyage, telle soirée d’opéra, telle conversation intéressante ; nous nous sentons ramenés d’une manière fixe à l’ancien état ; les idées qui essayent de se jeter à la traverse sont mal venues ; elles sont chassées, ou s’arrêtent sur le seuil ; si au premier moment quelque lacune se rencontre dans notre souvenir, elle finit le plus souvent par se combler d’elle-même ; un détail oublié surgit à l’improviste. — Je me rappelle en ce moment une soirée passée à Laveno, sur le lac Majeur, et, à mesure que j’insiste, je revois mon dîner d’auberge, la grosse nappe toute blanche, la jolie servante effarée ; puis, un peu après, le sentier tortueux parmi les thyms et les lavandes, le lac d’un gris bleuâtre sous une enveloppe moite de vapeur, les plaques de lumière, les traînées scintillantes, les broderies d’argent qu’un rayon égaré semait çà et là sur la nappe unie, le bruissement imperceptible des petits flots qui venaient mourir sur la grève, et les clochettes des vaches qui tintaient çà et là dans le silence. […] Elles se sont effacées, et maintenant, quand, retrouvant par hasard quelque fragment de cette scène éloignée, je m’y arrête pour tâcher d’évoquer le reste, mon effort est vain. — Il en est ainsi de presque toutes les portions de notre expérience ; l’impression reçue a été solitaire ; sur mille, il y en a tout au plus une qui se soit répétée deux fois ; sur mille de celles-ci, il y en a une à peine qui se soit répétée vingt fois.

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