/ 2170
338. (1892) Boileau « Chapitre VII. L’influence de Boileau » pp. 182-206

Au-dessous de Boileau, comme ses lieutenants ou ses auxiliaires, on investissait d’une autorité pareille à celle qu’on lui attribuait, Le Bossu, Bouhours, Rapin, Fontenelle, Lamotte ; et le même Ignacio de Luzan qui promulgue l’Art poétique en Espagne, y importe le Préjugé à la Mode comme un produit également français, sans s’apercevoir que ce dernier article est prohibé par son code. […] Le xviiie  siècle n’aperçut pas davantage le naturalisme de Boileau : il ne conçut pas d’autre naturel que cette aisance élégante et très étudiée où consiste la perfection de la distinction mondaine. […] Si l’on a été si longtemps embarrassé de classer André Chénier, si l’on en a fait souvent un romantique en avance d’un quart de siècle sur le mouvement littéraire, c’est qu’on n’apercevait pas combien les prétendus classiques de 1780 à 1820 avaient peu le droit de se dire les héritiers ou les disciples du xviie  siècle, de celui de Boileau et de Racine.

339. (1886) De la littérature comparée

Cependant, je n’entreprendrai pas de le discuter en lui-même, en pesant les arguments apportés par les partisans des deux théories opposées : mieux qu’une telle discussion, un simple aperçu sur les récents développements de la critique nous permettra peut-être de le résoudre. […] Malgré la richesse de ses aperçus et la subtilité de ses analyses, Sainte-Beuve s’en est toujours tenu, en somme, à l’étude des documents historiques, des individus ou des groupes d’individus. […] Je n’insisterai pas davantage sur des aperçus que nous ne pouvons songer à réaliser pour le moment : si je vous les ai signalés, c’est seulement pour vous indiquer avec plus de précision la voie dans laquelle nous entrons et les fins auxquelles nous tendrons.

340. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — II. » pp. 494-514

Sous la Restauration, dans les premières années, on croit apercevoir distinctement la place de Mallet du Pan entre MM. de Serre, Camille Jordan et Royer-Collard. […] Derrière la bourgeoisie satisfaite, il aurait continué d’apercevoir les graves et perpétuels symptômes généraux d’invasion qu’il avait dénoncés le premier dans ces termes en 1791 ; après avoir parlé de la grande et première invasion des barbares contre l’Empire romain : « Dans le tableau de cette mémorable subversion, disait-il, on découvre l’image de celle dont l’Europe est menacée. […] Pauvres gens qui n’aperçoivent pas que ce sont les passions beaucoup plus que les connaissances qui bouleversent l’univers, et que si l’esprit a été nuisible, il faut encore plus d’esprit que n’en ont les méchants pour les contenir et pour les vaincre !

341. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le surintendant Fouquet. (Article Fouquet, dans l’Histoire de Colbert, par M. P. Clément.) 1846. » pp. 294-312

Tout le monde alors dans les finances faisait des affaires ; le tort de Fouquet fut d’en faire plus qu’un autre, avec profusion, avec scandale, et de ne pas s’apercevoir que le moment était venu où il fallait changer de méthode et compter avec le maître. […] — et le portrait de Mlle de La Vallière que Louis XIV aperçut en passant sur quelque panneau mythologique. […] Louis XIV l’avait retenu exprès sous divers prétextes jusqu’à ce qu’il eût aperçu par la fenêtre de son cabinet d’Artagnan à son poste, dans la cour du château.

342. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — II. » pp. 460-478

Pendant qu’on changeait de chevaux à Osnabrück, un voyageur qui venait de France, et qui se trouvait par hasard au même relais, se présenta à eux, et, dès qu’il l’aperçut, se jeta dans les bras de Portalis. […] Malheureusement, après une grande révolution, les hommes timides se taisent ; ils semblent craindre de laisser apercevoir leur existence. […] Confondant l’ordre moral avec l’ordre civil, raisonnant et concluant, sans s’en apercevoir, de l’un à l’autre, il brouillait tout et s’attirait de la part de son sage réfutateur des remarques parfaites de justesse et de finesse, qu’il n’a jamais lues, et qui ne l’auraient probablement point corrigé, tout homme d’esprit qu’il était.

/ 2170